Une affaire de viol collectif et de meurtre d’une vétérinaire qui avait révulsé l’Inde a connu vendredi un dénouement dramatique avec l’annonce de la mort des quatre suspects, tués par la police en marge de la reconstitution du crime.
Un haut responsable de la police de Hyderabad (sud) a affirmé que les quatre hommes avaient été abattus en tentant de s’enfuir lors de cette reconstitution dans la nuit de jeudi à vendredi.
S’ils ont suscité la consternation d’avocats, ces décès ont été accueillis par des célébrations de joie d’une partie de la population, la sœur de la vétérinaire assassinée faisant part quant à elle de sa satisfaction.
« Ils ont été tués dans des tirs croisés. Ils ont essayé de s’emparer de l’arme de leurs gardes mais ils ont été abattus », a déclaré à l’AFP Prakash Reddy, commissaire adjoint de la police de Hyderabad.
« Nous avons appelé une ambulance mais ils sont morts avant que l’aide médicale n’arrive. »
Arrêtés et inculpés pour le viol
Les quatre avaient été arrêtés la semaine dernière et inculpés pour le viol et le meurtre d’une vétérinaire de 27 ans dont le corps avait été brûlé.
Selon la police, la victime avait été enlevée le 27 novembre au soir au moment où elle reprenait son scooter. Les quatre hommes auraient crevé l’un des pneus de son deux-roues en son absence puis lui auraient proposé leur aide à son retour, en l’attirant sur une aire de camions.
La victime avait appelé sa sœur cadette pour lui expliquer qu’elle était en panne et qu’un groupe d’hommes lui avait proposé de réparer son scooter, se disant « effrayée », selon le témoignage de cette sœur à la police. La sœur a voulu ensuite la rappeler mais son téléphone était débranché.
Selon la police, les restes carbonisés du cadavre de la victime ont été découverts le lendemain matin sous un pont. Le corps avait été placé dans une couverture puis arrosé d’essence avant d’être incendié.
Les violences sexuelles régulièrement à la Une
Malgré l’arrestation rapide des quatre suspects, l’affaire a révulsé le pays où les violences sexuelles font régulièrement la Une depuis le viol collectif d’une étudiante à bord d’un autobus à New Delhi en 2012, qui avait suscité l’indignation internationale.
Samedi, la police avait dispersé par la force des centaines de manifestants qui tentaient d’entrer dans le commissariat où étaient détenus les quatre suspects.
Au Parlement national, la députée Jaya Bachchan, ancienne actrice, avait estimé que les coupables devaient être « lynchés en public ». Un de ses collègues avait réclamé la castration des violeurs.
Et l’annonce de la mort des quatre a été accueillie par des célébrations de joie à Hyderabad, où des centaines de personnes se sont rassemblés sur le lieu de ces décès, faisant exploser des pétards et jetant des pétales de fleurs sur les policiers.
« Cela aura valeur d’exemple » dit la sœur
« Je suis heureuse que les quatre accusés aient été tués », a déclaré vendredi à une chaîne de télévision locale la sœur de la vétérinaire tuée. « Cela aura valeur d’exemple. Je remercie la police et les médias pour leur soutien »
Mais des voix se sont fait entendre ont montées au créneau pour dénoncer la « violence arbitraire » d’une police indienne souvent accusée de meurtres extrajudiciaires quand il s’agit de couvrir des enquêtes bâclées ou de calmer l’opinion publique.
« C’est absolument inacceptable », a déclaré à l’AFP l’avocate et militante Vrinda Grover.
« La police doit rendre des comptes. Au lieu de mener une enquête et de rassembler des preuves, l’Etat commet des meurtres pour satisfaire le public et éviter de devoir rendre des comptes. »
Un meurtre de sang-froid
« Pour apaiser la colère publique contre l’échec des autorités à protéger les femmes, les autorités commettent une autre violation », a twité Meenaksi Ganguly, responsable pour l’Asie du Sud de Human Rights Watch (HRW).
« C’est un meurtre de sang-froid. Maintenant, personne ne saura qui a vraiment violé et tué cette femme », a déclaré à l’AFP Utsav Bains, avocat auprès de la Cour suprême.
Selon les derniers chiffres officiels incluant plus de 10.000 victimes mineures, plus de 33.000 viols ont été déclarés dans le pays en 2017.
Dans le même temps, du fait de l’inefficacité du système judiciaire indien, les victimes doivent souvent attendre des années avant d’obtenir justice.
La dernière exécution en Inde a eu lieu en 2015, pour un homme accusé d’avoir financé les attentats de Bombay en 1993.
Les hommes condamnés à mort pour le viol du bus de 2012 sont toujours en détention.
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