Les autorités françaises espèrent obtenir « lundi matin au plus tard » les autorisations pour réacheminer en avion les passagers indiens confinés depuis jeudi soir dans l’aéroport de Vatry (Marne) après l’immobilisation de leur appareil, sur fond de soupçons de traite d’êtres humains.
Le parquet de Paris a indiqué à l’AFP que la justice avait autorisé l’avion en question à repartir de la Marne.
French authorities informed us of a plane w/ 303 people, mostly Indian origin, from Dubai to Nicaragua detained on a technical halt at a French airport. Embassy team has reached & obtained consular access. We are investigating the situation, also ensuring wellbeing of passengers.
— India in France (@IndiaembFrance) December 22, 2023
« Cette décision permet d’envisager le réacheminement des passagers placés en zone d’attente » dans l’aéroport, a ensuite annoncé la préfecture dans un communiqué, sans donner de précision sur une quelconque destination.
« Par conséquent, les autorités compétentes de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) s’efforcent d’obtenir les autorisations nécessaires au redécollage de l’avion, ce qui devrait intervenir au plus tard lundi matin, a-t-elle ajouté.
Deux passagers toujours en garde à vue
La possibilité d’un départ de ces passagers indiens, 303 au total, mais dont deux sont toujours en garde à vue, est renforcée par l’annulation par la justice pour un premier passager de la procédure les maintenant depuis trois jours dans l’aéroport, une décision qui pourrait s’appliquer aux autres.
Cette annulation, décidée par une juge des libertés et de la détention (JLD), s’explique notamment par le délai d’attente de 11 heures entre le moment où l’avion a été immobilisé et celui où un JLD a été saisi, ce qui constitue « une atteinte disproportionnée aux droits de la personne », selon l’ordonnance consultée par l’AFP.
« Il est fort probable que les autres dossiers suivent le même chemin », a affirmé le bâtonnier de Châlons-en-Champagne, François Procureur, lors d’un point-presse après cette décision.
Ces JLD avaient été mobilisés pour une opération d’envergure à la veille de Noël au sein d’un bâtiment adjacent à l’aérogare, afin de se prononcer sur le maintien en zone d’attente de ces passagers.
Les 303 passagers indiens du vol opéré par la compagnie roumaine Legend Airlines entre Dubaï (Émirats arabes unis) et Managua, capitale du Nicaragua, sont confinés depuis jeudi après-midi, après l’immobilisation de leur Airbus A340 venu à Vatry, à 150 km de Paris, pour faire le plein.
Ce qui ne devait être qu’une escale technique s’est transformé en longue immobilisation après un « signalement anonyme » selon lequel des passagers étaient « susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains » en bande organisée, a indiqué le parquet de Paris à l’AFP vendredi.
Des travailleurs indiens aux Émirats arabes unis
Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Émirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d’entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.
Parmi eux figurent onze mineurs non accompagnés, selon le parquet de Paris.
L’enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à « vérifier si des éléments viendraient corroborer » les soupçons de traite d’êtres humains, selon le parquet.
Deux gardes à vue débutées vendredi ont « été prolongées samedi soir, pour une durée maximale de 48 heures », a indiqué le parquet de Paris à l’AFP, « afin de vérifier » si le rôle de ces deux personnes « a pu être différent de celui des autres ».
Dix demandes d’asile avaient par ailleurs été déposées samedi en fin d’après-midi, selon une source proche du dossier.
La préfecture de la Marne précise que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés, ainsi qu’une « zone famille pour assurer l’intimité parent-enfant ».
Les trente membres d’équipage concernés soit par la liaison Dubaï-Vatry, soit par le trajet Vatry-Managua, ont été « autorisés à repartir librement », a assuré à l’AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l’avocate de la compagnie aérienne.
D’après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions.
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