L’aventure de Delphine Serreau a démarré en 2018. Cette femme, aujourd’hui âgée de 43 ans, s’est ainsi lancée dans la production de fromages de chèvres AOP. Mais durant toutes ces années, l’agricultrice a vécu le pire. En dernier recours, elle a décidé de lancer une cagnotte intitulée « Sauvez mes chèvres » et de se rendre à l’Élysée avec l’une de ses bêtes.
Usant de malchance depuis son installation, Delphine Serreau n’aspire qu’à repartir sur de bonnes bases, avec une trésorerie suffisante pour affronter l’avenir plus sereinement et « sauver ses 80 chèvres ». La médiatisation de son histoire a eu un impact sur la cagnotte qu’elle avait mise en ligne en décembre dernier. Le montant de celle-ci a désormais dépassé les 190.000 euros. Cependant, si elle n’arrive pas à atteindre les 200.000 euros, elle devra « rendre l’argent ».
« J’ai perdu 60.000 euros rien qu’avec cette histoire »
Sur le site Leetchi de la cagnotte, Delphine Serreau explique tous les déboires qu’elle a connus depuis 2018. Outre les retards de travaux et les mauvais réglages du matériel, le départ de la personne qui travaillait avec l’agricultrice l’a contrainte à réorganiser totalement sa ferme, ce qui a grevé une part de sa trésorerie.
La perte de sa sœur a également été un véritable « coup de massue » pour elle. À cela se sont ajoutées des pannes successives qui lui ont fait perdre du lait et enfin pour finir, son fournisseur de foin – avec lequel elle travaillait depuis trois ans – lui a envoyé « du foin de très mauvaise qualité ». En conséquence, elle a ainsi perdu trois quarts de sa production laitière en deux mois, alors que ses chèvres n’étaient qu’à la moitié de leur lactation. En plus elle a dû jeter tellement de foin qu’il lui a fallu en racheter. « J’ai perdu 60.000 euros rien qu’avec cette histoire », révèle-t-elle à 20 Minutes.
« Au-delà de sauver ma ferme, ils m’ont sauvée moi »
Croulant sous les dettes, et ce, même après avoir « toqué à toutes les portes », fin 2023, l’éleveuse décide de « tenter la cagnotte ». « Les banques m’ont mis un ultimatum. J’allais être attaquée en justice, dire au revoir à mes chèvres, à ma ferme et à ma vie », indique-t-elle à nos confrères, ajoutant : « Je n’avais plus le choix. »
Pour elle, même 1 euro par personne qui lit ce message la sauverait sûrement, elle et ses chèvres, qu’elle ne veut pas voir partir à l’abattoir. « Je ne supporterais pas un drame supplémentaire », mentionne-t-elle sur le site Leetchi avant d’en appeler « à la générosité et à la solidarité de chacun ». « Je remercie d’avance toutes les personnes qui contribueront à me permettre de poursuivre cette belle aventure avec mes ‘filles’ », conclut le message de la cagnotte.
Mais voyant qu’en janvier, le montant de celle-ci n’avait pas atteint le niveau espéré, elle décide de se rendre à l’Élysée avec Princesse, l’une de ses chèvres. « Grâce à cette action, mon histoire a été très médiatisée et depuis, les dons se sont envolés ! Les gens ne réalisent pas ce qu’ils ont fait. Au-delà de sauver ma ferme, ils m’ont sauvée moi », avoue-t-elle à nos confrères.
Objectif : atteindre 200.000 euros
En effet, pas moins de 6341 personnes ont contribué à la cagnotte, qui dépassait ce jeudi matin la somme de 190.000 euros. « Même dans mes plus beaux rêves, je n’aurais pas pu imaginer une telle générosité », explique auprès de 20 Minutes Delphine Serreau, ajoutant cependant qu’au total, « il faudrait atteindre 200.000 euros ». En effet, l’agricultrice est consciente que l’année sera difficile, car certaines de ses chèvres ne « donneront pas le lait qu’elles font habituellement », faute d’avoir pu « manger correctement ».
« Et si je repars avec des dettes, ce n’est même pas la peine que je me relance », indique-t-elle, raison pour laquelle elle préfèrera rendre l’argent si le montant n’atteint pas cet objectif. Elle précise à ce propos qu’elle ne voudrait surtout pas utiliser « les sous des autres », si elle se « replante ».
Depuis cette douloureuse expérience, l’éleveuse a vraiment réalisé l’importance de se battre, mais pas seule. « Je m’occupe de ma ferme et ensuite, je vais me battre pour les collègues », assure-t-elle. « Quand on est ensemble, on peut faire bouger les choses », conclut la quadragénaire, qui souhaite vraiment que « personne » ne vive « ce qu’elle a vécu ».
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