Inégalités et appauvrissement

30 novembre 2016 07:00 Mis à jour: 30 novembre 2016 10:19

En cette période électorale, il sera difficile d’échapper aux discours portant sur les inégalités de la société. Et tout aussi difficile d’échapper aux contre-vérités surfant sur la vague facile du populisme. Plusieurs organismes, de l’INSEE à l’OCDE, publient régulièrement des rapports sur les inégalités existantes entre individus et entre pays. Pour autant, d’après les données recueillies, l’enjeu demeure de tirer les vraies conclusions faisant la part entre le ressenti de l’inégalité et la réalité.

Plus d’emplois, tout autant de précarité

Le 24 novembre, l’OCDE a publié sa dernière étude sur l’évolution des inégalités de revenus. Celle-ci se concentre sur l’observation des chiffres des différents pays entre 2007 et 2014, soit la période couvrant la crise et le début de la reprise. La conclusion n’est guère enthousiaste. Sur cette période, l’OCDE note que « les inégalités de revenus sont restées à des niveaux historiques », ajoutant que « les ménages les plus aisés ont davantage profité de la reprise que les ménages à revenu moyen ou modeste ».

Le retour de la croissance a été synonyme de meilleure situation pour l’emploi dans de nombreux pays. Cependant, la fragilité de ces emplois, souvent précaires, devient elle-même une source d’inégalité : l’étude pointe que les 10% des revenus les plus riches ont quasiment retrouvé leur niveau de revenu initial alors que les 10% des revenus les moins riches restent en deçà de leur niveau d’avant 2007. « Les fruits de la reprise économique n’ont pas été partagés équitablement », note-t-elle. En ajoutant, « la mauvaise qualité des emplois et des inégalités marquées entre les actifs en termes de contrat de travail ou de sécurité de l’emploi pèsent lourdement sur les ménages à faibles revenus ».

« Les fruits de la reprise économique n’ont pas été partagés équitablement. »

Ces chiffres, observés sur l’ensemble des pays de l’OCDE, accusent d’une tendance générale mais méritent également d’être analysés au vu de la situation des différents pays. Par exemple, le sentiment de déclassement aux États-Unis, où les 25% des plus riches se partagent plus de 70% des richesses du pays, est différent qu’en France, où le maintien de la redistribution des aides publiques a permis aux ménages les moins aisés de conserver une partie de leur revenu – même si les effets de ces mesures tendent à s’estomper depuis 2010.

Augmentation du coût de la vie

Si la montée du chômage et le ralentissement de l’activité a durement frappé les revenus les plus faibles, la chute des taux d’intérêts d’une part et le durcissement de la fiscalité ont également impacté les revenus plus aisés. L’indicateur Gini, qui note les différences entre niveaux de vie sur une échelle de 0 à 1, 1 étant l’inégalité extrême, place le curseur sur 0,35. Un résultat proche au centième près du niveau relevé il y a trente-cinq ans. Les inégalités n’auraient ainsi pas augmentées sur cette période.

Du côté du patrimoine, l’Observatoire des inégalités indique la même stabilité. Si l’organisme observe que l’Insee a changé sa méthode de calcul, il conclut néanmoins « qu’entre 2010 et 2015, les patrimoines semblent être restés assez stables ». « Les écarts ont peu varié entre le dixième le plus riche et le dixième le plus pauvre, en particulier parce que les prix de l’immobilier n’augmentent plus comme cela a pu être le cas auparavant », ajoute-t-il.

Alors, que penser du sentiment de déclassement d’une grande partie de la population française ? La question du pouvoir d’achat n’est pas celle des inégalités. Par exemple, les prix des logements de Paris ont été multipliés par plus de 2,5 et près de 2 en France, alors que le revenu des ménages n’a augmenté que de 23%. Le ralentissement de la hausse des salaires face au coût de la vie serait donc pour beaucoup dans cette appréhension.

En témoigne également le rapport de l’INSEE pointant une baisse des inégalités entre 2012 et 2013. En plus de se baser sur l’indice Gini, l’organisme se base sur les rapports interdéciles, et compte ainsi une diminution du nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté : 5,09 millions en 2013 contre 5,25 millions en 2012. Pour autant, d’autres catégories de populations, telles que les professions indépendantes ou l’ensemble des quinquagénaires, se voient sur le même temps touchées par plus de pauvreté.

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