Inondations en Ardèche : de lourds dégâts pour l’abbaye Notre-Dame des Neiges, les Sœurs demandent de l’aide

Par Sarita Modmesaïb
25 octobre 2024 18:18 Mis à jour: 25 octobre 2024 18:28

Les intempéries du 17 octobre ont causé de nombreux dégâts à l’abbaye Notre-Dame des Neiges, en Ardèche. Lourdement impactée par les inondations, la jeune communauté de religieuses lance un appel à l’aide.

Ce jeudi 17 octobre restera gravé dans nombre de foyers en France, les pluies diluviennes ayant occasionné d’immenses dégâts dans le Sud et l’Est de la France.

L’Ardèche n’a pas été épargnée et l’eau a détruit nombre d’infrastructures, s’infiltrant au cœur des bâtiments.

« On a eu entre 600 et 650 mm d’eau en quelques heures »

L’abbaye Notre-Dame des Neiges, située à 1000 mètres d’altitude dans la magnifique région du Gévaudan, connait, depuis lors, des heures difficiles.

« Il y a eu un orage extrêmement violent et surtout des pluies absolument diluviennes qui se sont abattues en quelques heures sur l’abbaye, explique Mère-Prieure Anne à Epoch Times. On a eu entre 600 et 650 mm d’eau en quelques heures. Pour vous donner une idée, on reçoit habituellement 1700 mm d’eau par an, ce qui est énorme. Mais vous voyez que là, en 36 h, on a eu un volume qui représente pratiquement plus d’un tiers de l’année. »

Face à l’eau qui s’infiltrait, elles ont dû couper l’électricité dans les combles et commencer à éponger.

Une fois l’accalmie apparue, les sœurs n’ont pas hésité à accueillir des personnes qui logeaient au camping municipal. Seulement, le bâtiment habituel qui devait les accueillir était inabordable, encerclé par 80 cm d’eau. Les campeurs ont donc été logés directement à l’hôtellerie de l’abbaye où un repas réconfortant leur a été servi.

Vers 17 heures seulement, le niveau de l’eau a baissé et les religieuses ont alors pu rentrer dans ce bâtiment, lequel comprend aussi le magasin et les ateliers de fabrication des produits d’entretien Air des Neiges.

L’eau avait tout envahi, le magasin disparaissant sous 50 cm d’eau et de boue, les sous-sols étant inondés par 80 cm d’eau, les produits flottant au gré du courant.

« Les sols ont complètement gonflé, les cloisons en placo sont en train de cloquer. Le mobilier du magasin est à changer en partie », estime Mère Anne. « Une énorme partie du stock du magasin et des autres produits de revente des autres abbayes est détruite. »

Les flacons emballés dans les cartons ont aussi été abîmés. Ce sont 20.000 bouteilles qui sont perdues. (crédit photo Notre-Dame des Neiges)

« Parer au plus urgent »

Religieuses, mais aussi campeurs et randonneurs qui logeaient à l’abbaye se sont mis au travail, tentant de récupérer et sauvegarder ce qui pouvait l’être. Le vendredi, ce sont les pompiers qui sont venus prêter main forte avec leur matériel, « pour nous aider magnifiquement à pomper toute l’eau des caves ».

« Donc on a pu parer au plus urgent, c’est-à-dire sortir les éléments de stock qui pouvaient encore être sauvés et expulser l’eau des bâtiments pour que la structure, les portes et tout le reste soit le moins longtemps possible dans l’eau. »

Sur la vidéo réalisée par Mère Anne à la suite des intempéries, on voit également les pompiers remettre en l’état les tuyaux d’adductions reliant les sources au monastère, celui-ci se retrouvant également sans eau potable.

Le domaine a été ravagé, les chemins forestiers coupés, le lit des ruisseaux effondré… Mère Anne s’inquiète pour la sécurité des randonneurs, car il y a désormais « beaucoup de travail sur les chemins forestiers qui, pour nous, sont importants, également pour la sécurité du site et l’accès des pompiers en cas d’incendie, l’accès au secours si quelqu’un fait un malaise dans la forêt. Car nous avons énormément, énormément de marcheurs, de randonneurs qui circulent chez nous, étant donné que trois chemins de grande randonnée passent sur la propriété. Il faut que ces lieux soient accessibles. Puis pour l’exploitation des forêts aussi et l’entretien des bois, pour qu’il n’y ait pas d’accident… »

 

Le lit des ruisseaux s’est agrandi et les berges se sont effondrées. (crédit photo Notre-Dame des Neiges)

« Six mois de travail des sœurs » perdus

Depuis peu, les religieuses de l’abbaye ont aussi découvert une autre catastrophe : la perte de leur production, les flacons encore conditionnés en cartons ayant aussi été abîmés par l’eau et la boue.

Mère Anne explique que la perte est d’environ « 2.000 bouteilles pour un montant de prix de production qui est autour de 100.000 euros. »

« C’est quand même six mois de travail des sœurs » qui ont été perdus en une journée.

Mère Anne estime les dégâts extérieurs et intérieurs à environ 500.000 euros. Elles ont débuté les démarches auprès des collectivités afin de placer la région en état de catastrophe naturelle. Les assurances pourront alors prendre en charge les travaux importants à réaliser sur les bâtiments et indemniser les pertes de matériels et de produits.

« Même si tous les dégâts extérieurs qui représenteront probablement entre 250.000 et 300.000 euros ne seront, de toute façon pas couverts par les assurances, car on ne peut pas être assurés pour les extérieurs… Mais au moins, tout le reste est assuré et sera couvert par les assurances. »

Mère Anne espère vraiment que cet état de catastrophe naturelle sera instauré. « Si nous ne sommes pas en catastrophe naturelle, alors là, pour le coup, c’est vraiment une catastrophe gravissime pour l’abbaye. Une catastrophe financière terrible parce que cela veut dire que les 500.000 euros sont à la charge de la communauté. »

« Nous sommes une jeune communauté », rappelle-t-elle. « Cela fait seulement deux ans que nous sommes à Notre-Dame des Neiges. Nous sommes douze, nous n’avons pas encore de réserve. Ce sera un vrai sujet de préoccupation. »

« Submergés d’intentions de prières »

Aussi la congrégation lance-t-elle un appel à l’aide. Sur la vidéo tournée après les intempéries, Mère Anne énonce : « Les trois aides que les gens peuvent nous apporter, c’est d’abord pour ceux qui n’habitent pas trop loin, la possibilité de venir nous aider sur place. Parce qu’il y a beaucoup de travail de nettoyage dans les parcelles… Il y a des gens qui se sont proposés et pour nous c’est un vrai soutien. »

Outre l’aide physique, la deuxième aide est financière, afin de collecter des dons pour obtenir les 200.000 euros à leur charge. « Il y a un lien sur notre site internet qui permet de faire des dons ou une cagnotte aussi par les réseaux sociaux. »

Mais, la spiritualité étant la priorité des sœurs, elles souhaiteraient avant tout « être submergées d’intentions de prières, parce que  notre première vocation, notre mission, n’est pas de pleurer sur notre sort, mais c’est vraiment de prier pour les autres, pour le monde, pour toutes les souffrances, toutes les difficultés des uns et des autres. C’est vraiment d’abord pour cela que nous sommes là. Et c’est une manière de nous aider réellement que de nous encourager à vivre. »

Pour faire un don, rendez-vous sur le site de la Fondation des monastères et sélectionner « Je souhaite consacrer mon don à COMMUNAUTE CISTERCIENNE NOTRE DAME DES NEIGES ».

Pour venir aider physiquement, informer les sœurs sur le site inondation@ndneiges.org

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