Le média hongkongais South China Morning Post a annoncé dans un article récemment publié que l’Institut Pasteur de Shanghai (IPS) a changé de nom pour devenir l’Institut d’immunologie et d’infection de Shanghai. Ce changement de nom signe officiellement la fin de la collaboration entre l’Institut Pasteur et l’Académie chinoise des sciences, annoncée par Pasteur au mois de mars. Selon de nombreux scientifiques, le management pratiqué, les contraintes budgétaires et la fuite des cerveaux de ces dernières années ont entraîné la chute de ce partenariat établi en 2004. La disparition de cette institution n’est pas sans conséquences pour les chercheurs et étudiants qui y travaillaient et constitue aussi une défaite pour la France.
Le management strict, le manque de moyens et la fuite des talents à l’origine de la fin du partenariat
Diverses hypothèses ont été avancées pour expliquer la fin de la collaboration entre Pasteur et l’Académie chinoise des sciences. Certains parlent d’un nouvel exemple d’une volonté de Pékin de supprimer tous liens scientifiques avec les pays occidentaux, et d’autres, tout simplement d’un cas isolé. Mais des scientifiques ayant collaboré avec l’organisation scientifique affirment qu’une crise profonde traversait l’institut depuis des années, notamment en matière de méthode de management du dernier directeur, de moyens financiers alloués et de fuite des cerveaux.
Le passage de Tang Hong à la tête de l’Institut Pasteur de Shanghai (2015-2022) a marqué un tournant pour l’organisation scientifique et la situation s’est progressivement dégradée. Interrogés par le South China Morning Post, trois scientifiques ont décrit le management de Tong comme étant « autoritaire » et « strict ». D’autres chercheurs ont qualifié la gestion de ce directeur comme un « gâchis irrémédiable ». Un courrier anonyme publié en ligne critiquait un style de direction « excessivement centralisé » qui a « coulé l’institution ».
Les contraintes budgétaires sont arrivées en 2017 quand le financement fixe des chercheurs a été divisé par deux et que le personnel administratif a commencé à coûter trop cher.
En plus du mauvais management et du manque de moyens financiers, se sont ajoutées les démissions en cascade et des grands chercheurs et le départ d’étudiants brillants. Entre 2017 et 2022, 10 scientifiques ont jeté l’éponge, notamment l’épidémiologiste français spécialiste de la variole du singe, Nicolas Berthet. Selon un rapport de l’IPS, l’institut comptait dans ses rangs 16 boursiers appartenant à un programme de l’Académie chinoise des sciences. Aujourd’hui, ils sont dans d’autres universités.
Un partenariat depuis presque 20 ans
La fin de l’IPS peut interroger. Elle est née d’une volonté forte de la Chine et de la France, sous Jacques Chirac alors grand ami de Pékin, de renforcer leur coopération scientifique. En janvier 2004, les deux pays s’engagent dans une déclaration commune à lutter contre les « maladies émergentes ».
L’IPS est inaugurée la même année par le président français. Neuf ans plus tard, elle sera visitée par le prédécesseur d’Emmanuel Macron, François Hollande.
Le South China Morning Post rappelle que l’institution a été dirigée entre 2004 et 2009 par le célèbre virologue français Vincent Deubel, du laboratoire P4 de Lyon et que l’organisation attire jusqu’en 2015 et l’arrivée de Tang Hong, de nombreux scientifiques.
Un avenir incertain pour les étudiants et les chercheurs de l’institut et une défaite pour la France
La disparition de l’IPS impacte étudiants et chercheurs qui lui étaient restés fidèles. Le fait que l’organisation passe sous pavillon chinois pourrait rendre caduque les diplômes obtenus. Le média hongkongais rapporte qu’un étudiant diplômé en 2022 a posté à la fin de ce mois de juillet une photo de la plaque sur laquelle est écrit le nouveau nom de l’institut : Institut d’immunologie et d’infection de Shanghai, et s’interroge sur la manière dont il devra à l’avenir présenter son parcours universitaire.
Même si la fin de cette collaboration scientifique a été décidée par l’Institut Pasteur au mois de mars, elle constitue une défaite pour la France et un événement de plus révélateur du déclassement de l’Hexagone dans les domaines scientifiques. Un déclin dévoilé au grand public lors de la crise sanitaire, lorsque la France par l’intermédiaire de Pasteur n’a pas été en mesure de produire un vaccin pour lutter contre le Covid-19.
C’est aussi le signe que la Chine n’a plus besoin de la France et de ses connaissances précieuses en matière de santé et qu’elle peut, et préfère désormais avancer seule, après avoir obtenu ce dont elle avait besoin.
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