Le corps d’un berger français a été retrouvé dans le fleuve Roya, ont annoncé dimanche les pompiers italiens, portant à trois morts le bilan des crues brutales qui ont dévasté vendredi des régions du sud-est de la France et du nord de l’Italie.
Deux morts avaient déjà été dénombrés en Italie la veille. Plusieurs personnes sont toujours portées disparues en France.
De part et d’autre de la frontière, les secours ont intensifié leurs efforts pour aider les sinistrés et retrouver les personnes disparues deux jours après des crues « hors normes ».
« Ce que nous vivons est hors norme, on est habitués à voir des images de tels désastres sur d’autres continents, avec un certain détachement parfois, et là c’est quelque chose qui nous a touchés nous », a indiqué dimanche à l’AFP Bernard Gonzalez, préfet des Alpes-Maritimes.
« On n’a plus rien, comme la moitié du village »
A Saint-Martin-Vésubie, village de 1.400 habitants dans la montagne au nord de Nice, inaccessible en voiture, des groupes de touristes et d’habitants, hagards, sont massés sur la place centrale en attendant d’être appelés pour être évacués par hélicoptère, a constaté une journaliste de l’AFPTV qui a pu accéder aux lieux à pied. Une dame attend son baluchon sur l’épaule, sa maison a été emportée.
« Elle est dans la rivière, une maison de trois étages. Il ne me reste plus qu’un tout petit pan de mur et une porte », témoigne Sandra Dzidt, 62 ans, qui a dû partir en chemise de nuit pour échapper aux flots. « On n’a plus rien, comme la moitié du village », lâche-t-elle.
Les hélicoptères de la gendarmerie, des pompiers, et de l’armée effectuent un ballet incessant dans toute les vallées au nord de Nice pour apporter eau, nourriture et évacuer les sinistrés.
Traversant à pied sur un étroit passage au-dessus de l’éboulis qui coupe la route, des pompiers apportent sur leur dos du matériel de secours.
A Breil-sur-Roya, près de la frontière italienne, la ville très longtemps restée inaccessible offre des scènes de désolation: maisons englouties par la boue, voitures renversées dans le lit de la rivière, a constaté un journaliste de l’AFP.
« On a une population qui manque de tout, d’eau, d’électricité, d’alimentation. On a besoin de faire établir rapidement les communications téléphoniques sans quoi on ne peut pas faire connaître nos besoins », a déclaré le maire Sébastien Olharan.
Les habitants n’avaient pas vu un tel désastre
En Italie, cela faisait des décennies que les habitants n’avaient pas vu un tel désastre: de la riviera aux vallons du Piémont, le déluge a dévasté des villages entiers, emporté ponts et routes, aggravant la détresse des habitants après des mois d’un confinement ruineux pour l’activité locale.
« La situation est très grave. C’est comme en 1994 », lorsque la crue du Po et du Tarano avait fait 70 morts, a déclaré le président du Piémont, Alberto Cirio, au quotidien italien La Stampa. « Avec une différence, c’est que 630 mm d’eau sont tombés en 24 heures, du jamais vu en si peu de temps depuis 1954 », a-t-il assuré.
Les migrants dorment souvent le long des berges de la Roya
A Vintimille, à quelques encablures de la frontière française, les commerçants nettoient leurs boutiques noyées par les eaux et la boue, a constaté un correspondant de l’AFP et des associations s’inquiètent du sort de migrants, qui dorment souvent le long des berges de la Roya, alors que la crue a été violente.
Les régions italiennes du Piémont et de la Ligurie ont demandé à Rome de décréter l’état d’urgence. En France, l’Etat a lancé la procédure de « catastrophe naturelle ».
Le Premier ministre français Jean Castex n’a pas caché « sa vive inquiétude » sur le bilan définitif de ces intempéries exceptionnelles.
Outre les huit disparus certains, des personnes sont aussi recherchées dans les Alpes-Maritimes car elles n’ont pas donné de nouvelles depuis vendredi soir, même si aucun témoin ne les a vues tomber à l’eau.
21 personnes déclarées disparues retrouvées saines et sauves
Samedi soir, 21 personnes qui étaient déclarées disparues par les autorités italiennes ont pu être retrouvées saines et sauves côté français, près du col de Tende. Elles étaient toujours en cours d’évacuation vers l’Italie dimanche, selon les pompiers.
Les liaisons restent très difficiles même par téléphone dans de nombreuses vallées de l’arrière-pays niçois, ont constaté des journalistes de l’AFP.
La préfecture a annoncé l’envoi dans chacune des communes isolées d’un militaire, d’un sapeur-pompier et d’un fonctionnaire de préfecture pour venir en aide aux maires.
Dans la nuit de samedi à dimanche, 200 personnes ont été hébergées par les autorités. A Nice, la ville a ouvert des lieux d’hébergement d’urgence, envoyé des repas dans l’arrière-pays et mobilisé, bus et taxis pour aider les sinistrés.
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