INTERVIEW EXCLUSIVE : Robert F. Kennedy Jr. évoque les enjeux de la campagne présidentielle de 2024

Par Jeff Louderback
11 septembre 2023 10:17 Mis à jour: 11 septembre 2023 11:08

Par une matinée torride, Robert F. Kennedy Jr. est entré dans la salle de conférence d’un hôtel à Columbia pour répondre à une interview d’Epoch Times, en Caroline du Sud, un État où Joe Biden a remporté près de 49 % des voix lors de la primaire démocrate de 2020.

M. Kennedy a parlé de sa campagne présidentielle de 2024. Les experts démocrates pensent qu’il s’agit d’un candidat marginal qui lance des théories du complot. Les sondages montrent qu’il bénéficie de la meilleure cote de popularité de tous les candidats à l’élection présidentielle.

Les critiques affirment que M. Kennedy n’a aucune chance de battre le président Biden, malgré les questions relatives à l’âge et à la santé mentale de ce dernier, les faibles taux d’approbation et les sondages qui montrent que les Américains sont préoccupés par l’économie.

Au début de l’année, le Comité national démocrate a voté en faveur d’un soutien total au président.

M. Kennedy reconnaît que la défaite d’un président sortant du même parti est un défi de taille, mais il n’est pas d’accord avec les sceptiques qui affirment qu’il n’a aucune chance d’obtenir l’investiture.

Le nom du candidat à l’élection présidentielle de 2024 sera annoncé lors de la convention nationale du Parti démocrate qui se tiendra à Chicago l’été prochain. D’ici là, M. Kennedy a l’intention de continuer à défendre sa cause.

« Le DNC (Comité national démocrate) dispose d’environ 2 milliards de dollars, et ils dépensent généreusement cet argent pour essayer de me marginaliser de bien des façons, mais je pense que la plupart des démocrates se soucient d’une chose plus que de toute autre, à savoir battre Donald Trump, » a affirmé M. Kennedy à Epoch Times. « Je pense que le président Biden ne peut réussir à le faire. Moi, je le peux. »

Le président John F. Kennedy voit son neveu, Robert F. Kennedy, Jr. dans le bureau ovale le 11 mars 1961. (Abbie Rowe. Photographies de la Maison Blanche. Bibliothèque et musée présidentiels John F. Kennedy, Boston)

M. Kennedy est le neveu du président John F. Kennedy, qui a été assassiné en 1963, et le fils de Robert F. Kennedy, qui a été abattu après un discours de campagne alors qu’il était candidat à la présidence en 1968.

Lors de ses réunions publiques et de ses rencontres, M. Kennedy raconte des anecdotes sur le temps passé avec son oncle et son père et les associe à sa campagne présidentielle.

Il souhaite perpétuer l’héritage de son père, qui a su rassembler les Américains de toutes les classes économiques et de toutes les origines ethniques.

Robert F. Kennedy Jr. (À gauche) veut poursuivre l’héritage de son père (À droite) en rassemblant les Américains de toutes les classes économiques et de toutes les origines ethniques.

« Je pense que nous y parvenons en disant la vérité aux gens. C’est ce qu’a fait mon père. Il a abordé des sujets délicats, mais il a dit la vérité. Je pense que les gens en ont assez que le gouvernement et les médias leur mentent, » a souligné M. Kennedy.

« Mon père s’est présenté contre un président sortant de son propre parti (Lyndon B. Johnson) à une époque où tout le monde était divisé. Je suis confronté à un défi plus important, car je dois faire face à toute une infrastructure qui m’est opposée, qu’il s’agisse de mon propre parti, des grandes entreprises technologiques ou de l’industrie pharmaceutique. »

Avocat spécialiste de l’environnement et fondateur de Children’s Health Defense, M. Kennedy est largement connu pour son franc-parler sur les risques des vaccins pour la santé. Ses prises de position sur ces questions et sur d’autres sujets lui ont valu le soutien d’électeurs qui ne sont pas de gauche.

(À gauche) Robert F. Kennedy, alors procureur général, s’adresse à une foule sur l’égalité raciale devant le ministère de la Justice, le 14 juin 1963. (Au milieu) John F. Kennedy, alors président, s’entretient avec son frère Robert F. Kennedy en 1963. ( À droite) (de gauche à droite) Frères John, Robert, Ted Kennedy. (Domaine public)

Le candidat a cependant déclaré qu’il ne le ferait pas, réitérant cette position au cours du mois dernier lors de réunions publiques et de rencontres en Caroline du Sud, en Virginie et à New York.

« Je suis démocrate. C’est mon identité, mais je veux retrouver mon parti, » a souligné M. Kennedy. « Je suis candidat à la présidence parce que le Parti démocrate s’est égaré. Je veux rappeler au Parti démocrate ce qu’il est censé représenter. »

« L’accent est mis sur la classe moyenne et le travail, le bien-être des minorités, l’environnement, les libertés civiles et la liberté d’expression. »

Je suis candidat à la présidence parce que le Parti démocrate s’est égaré
— Robert F. Kennedy Jr. Candidat démocrate à la présidentielle 2024

M. Kennedy parle souvent d’« unité » et de « combler les fossés ».

« J’ai l’intention de combler cette polarisation toxique qui détruit réellement notre pays et nous déchire. »

Il a qualifié sa campagne d’« insurrection pacifique » et espère qu’elle séduira les républicains conservateurs, les indépendants, les modérés et les démocrates libéraux.

« Tout au long des 35 années que j’ai passées comme l’un des leaders du mouvement environnemental de notre pays, j’ai été le seul écologiste à aller régulièrement sur Fox News. Je suis allé à plusieurs reprises sur Sean Hannity, mais aussi sur Bill O’Reilly. »

« Je veux parler aux acteurs des médias et aux électeurs qui partagent des opinions différentes des miennes, car comment persuader autrement ? »

Un supporter de Robert F. Kennedy Jr. attend l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 à Boston, le 19 avril 2023. (Joseph Prezioso/AFP via Getty Images)

« Je pense que nous avons beaucoup plus en commun que ce que les médias présentent. Ce qui nous sépare, ce sont des choses plutôt triviales. Nous les laissons alimenter cette polarisation toxique. Nous devons parler. Nous devons avoir des discussions avec des gens qui ont des points de vue très différents. »

Quelques jours après une audition de la Chambre des représentants sur la censure en juillet, au cours de laquelle les démocrates ont tenté d’empêcher M. Kennedy de témoigner, un sondage Harvard-Harris a montré qu’il bénéficiait d’une cote de popularité plus élevée que n’importe quel autre candidat à la présidence pour 2024.

M. Kennedy a obtenu une cote favorable de 47% et une cote défavorable de 26%, selon un sondage réalisé les 19 et 20 juillet auprès de 2068 électeurs inscrits et publié le 23 juillet. L’ancien président Trump jouit d’une cote de popularité de 45% et d’une cote défavorable de 49%. Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a obtenu 40% d’opinions favorables et 37% d’opinions défavorables, tandis que le président Biden a obtenu 39% d’opinions favorables et 53% d’opinions défavorables.

Robert F. Kennedy Jr. – Une cote de popularité plus élevée que n’importe quel autre candidat à la présidence pour 2024.

Selon un sondage réalisé en juin par The Economist/YouGov, M. Kennedy a également obtenu la meilleure cote de popularité de tous les candidats à l’élection présidentielle de 2024.

Le directeur de campagne de M. Kennedy, Dennis Kucinich, est un ancien membre démocrate du Congrès de l’Ohio qui s’est présenté aux élections présidentielles de 2004 et 2008. Il pense que M. Kennedy peut « reconstruire et sauver » le pays et qu’il peut l’emporter sur Biden.

« Il est le seul démocrate à pouvoir toucher l’ensemble du spectre politique, ce qui veut dire qu’il peut gagner en 2024, » a souligné M. Kucinich dans un entretien accordé à Epoch Times.

« Les conservateurs, les libéraux, les indépendants et les libertaires réagissent à cette campagne en raison des qualités uniques de Robert F. Kennedy Jr. et parce qu’ils comprennent qu’il représente l’unité, la liberté, la vérité et l’authenticité. C’est ce qui touche les gens. »

Et ce que j’essaie de faire dans cette course, c’est de rassembler les gens, c’est de combler le fossé entre les Américains.
— Robert F. Kennedy Jr., Candidat démocrate à la présidentielle

Interrogé sur le président Biden et l’ancien président Trump, M. Kennedy s’est montré mesuré dans ses réponses.

« Je ne vais pas attaquer les autres personnellement, » a assuré M. Kennedy. « Je ne pense pas que ce soit bon pour notre pays. Et ce que j’essaie de faire dans cette course, c’est de rassembler les gens, c’est de combler le fossé entre les Américains. »

Le poison, la haine et le vitriol

M. Kennedy est partisan d’une « désescalade » de ce qu’il appelle « le poison, la haine et le vitriol ».

M. Kennedy a exprimé à plusieurs reprises sa désapprobation à l’égard du travail du président Biden, mais il s’est abstenu de toute attaque personnelle concernant la santé mentale de cet homme de 80 ans.

« S’il y a une politique avec laquelle je ne suis pas d’accord, comme la guerre, la censure, les confinements, je la critiquerai, mais je ne l’attaquerai pas en tant qu’homme, » a affirmé M. Kennedy.

« Je dirai que, qu’il soit à la hauteur ou non, qu’il prenne ses propres décisions, les décisions qui émanent de la Maison Blanche sont mauvaises. »

Il n’est pas prévu que le président Biden participe aux débats des primaires démocrates, une décision que M. Kennedy estime que le président devrait reconsidérer.

« Je pense qu’il serait préférable que nous ayons une démocratie où chaque candidat débatte, » a souligné M. Kennedy.

« Je suppose qu’il prend une décision stratégique qui repose sur son propre intérêt, mais je pense que nous vivons une période où les gens ont perdu confiance quant au processus démocratique. Les gens pensent que le système est truqué. »

Le président Joe Biden et Donald Trump devraient prendre la parole pour participer au débat, en signe de respect pour les électeurs américains, a estimé M. Kennedy.

Donald Trump et le candidat démocrate Joe Biden participent au dernier débat présidentiel à l’université Belmont de Nashville (Tennessee), le 22 octobre 2020. (Jim Bourg/POOL/AFP via Getty Images)

« Les Américains ne devraient pas avoir l’impression de vivre en Union soviétique, où le parti choisit les candidats. Je pense que notre démocratie s’en porterait beaucoup mieux, que nous serions un meilleur exemple pour le monde et que nous améliorerions notre crédibilité auprès du peuple américain si nous permettions à la démocratie de fonctionner et si tous les candidats participaient aux débats, aux assemblées générales et à la politique de proximité. »

« Il est important pour le Parti démocrate qu’il y ait un débat primaire. En fin de compte, un démocrate débattra avec un républicain, et le républicain devrait être Donald Trump. Il est probablement le plus brillant orateur de ce pays depuis Lincoln Douglas, » a indiqué M. Kennedy, rappelant que Trump a battu un groupe nombreux de candidats républicains aux primaires en 2016.

« Il a sa propre technique que les gens apprécient. C’est comme participer à un combat pour un prix. Il faut de la pratique, et cela se produit généralement à la primaire. »

« Demander au président de ne pas débattre lors des primaires, c’est comme demander à un boxeur de s’entraîner assis sur le canapé. »

En Caroline du Sud, en Virginie et à New York, M. Kennedy a parlé aux électeurs de l’économie et des questions sur lesquelles il n’est pas d’accord avec le président Biden.

L’un des grands problèmes de notre gouvernement fédéral est l’addiction à la guerre. (…) Nous avons dépensé 8000 milliards de dollars en guerres depuis le 11 septembre.
— Robert F. Kennedy Jr., Candidat démocrate à la présidentielle

À Charleston, il a critiqué le président pour son soutien financier continu à l’Ukraine.

« L’un des grands problèmes de notre gouvernement fédéral est l’addiction à la guerre. Le président Biden s’est rendu au Congrès et a demandé 24 milliards de dollars supplémentaires pour la guerre en Ukraine. »

« Nous avons dépensé 8000 milliards de dollars en guerres depuis le 11 septembre. Si nous avions gardé cet argent chez nous, nous aurions pu offrir des services de garde d’enfants à tous les Américains. L’enseignement supérieur serait gratuit pour tous les Américains. Nous serions en mesure de financer notre système de sécurité sociale. »

M. Kennedy estime qu’il est le candidat qui représentera le mieux les démocrates en 2024 et au-delà, et non le président Biden.

« Je suis le seul à pouvoir mettre fin à cette machine de guerre, à pouvoir me concentrer sur la reconstruction de la classe moyenne américaine et sur la maîtrise de l’inflation. »

(À gauche) Un homme montre un fusil de chasse Remington 700 et un fusil de chasse Remington 1100 disponibles à la vente au magasin d’armes Atlantic Outdoors à Stokesdale, Caroline du Nord, le 26 mars 2018. (À droite) Seringues de vaccins Moderna Covid-19 dans un site de vaccination à Los Angeles, le 16 février 2021. (Brian Blanco/Getty Images, Apu Gomes/AFP via Getty Images)

En ce qui concerne le contrôle des armes à feu, M. Kennedy a indiqué : « Je ne crois pas que, dans le cadre du second amendement, nous puissions faire quoi que ce soit de significatif pour réduire le commerce et la possession d’armes à feu. »

« Quiconque vous dit qu’il va réduire la violence armée en contrôlant les armes à feu n’est pas réaliste. Je pense que nous devons réfléchir à d’autres moyens de réduire cette violence. »

M. Kennedy a précisé qu’il signerait une interdiction des armes d’assaut s’il devenait président et si la législation était déposée sur son bureau.

Opposant virulent à l’industrie pharmaceutique, M. Kennedy a promis, lors d’une réunion publique à Brooklyn le 1er septembre, d’interdire la publicité pour les produits pharmaceutiques.

Il n’hésite pas à parler des dangers que représente le vaccin Covid-19 pour certains citoyens qui ont été contraints de le prendre, mais il a affirmé à Epoch Times qu’il n’était pas « anti-vaccin ».

« Je n’ai jamais été anti-vaccins. Je l’ai dit des centaines et des centaines de fois, mais cela n’a pas d’importance puisque c’est une façon de me réduire au silence. Utiliser ce terme péjoratif pour me décrire est une façon de me réduire au silence ou de me marginaliser. »

M. Kennedy a souligné qu’au départ, il n’était pas favorable au mur frontalier de l’ancien président Trump. Mais après avoir vu la frontière de ses propres yeux en Arizona en juillet, il a changé d’avis. Il a affirmé qu’il était nécessaire de renforcer l’infrastructure et la technologie aux frontières, notamment en construisant davantage de segments de mur et en installant des capteurs dans les zones où un mur ne pourrait être érigé.

Tant que les États-Unis ne seront pas en mesure de fermer la frontière, ils ne pourront pas, selon lui, faire adopter par le Congrès un programme de réformes sur l’immigration.

Des immigrés clandestins font la queue pour être contrôlés par la patrouille frontalière américaine après avoir franchi une brèche dans la barrière frontalière entre les États-Unis et le Mexique à Yuma, en Arizona, le 21 mai 2022. (Mario Tama/Getty Images)

M. Kennedy s’est rendu à la frontière entre l’Arizona, la Californie et le Mexique au début du mois de juin et a rencontré des immigrants illégaux, des agents de la patrouille frontalière et d’autres parties prenantes.

« Le Parti démocrate pense que notre fonction devrait être d’accueillir tous les immigrants dans le pays, quoi qu’il arrive, et d’ouvrir les frontières. Et l’expérience a été un désastre, une catastrophe humanitaire. »

« Je l’ai vu de mes propres yeux. J’ai vu 300 personnes franchir la frontière, puis être traitées et envoyées dans tout le pays, avec des dates d’audience prévues sept ans plus tard. »

« Il y a maintenant sept millions de personnes qui sont venues illégalement et qui n’ont pas de statut légal dans ce pays. Ces personnes sont désormais très vulnérables face à des employeurs peu scrupuleux qui les paient 5 ou 6 dollars de l’heure. »

M. Kennedy a qualifié la politique d’ouverture des frontières de l’administration Biden de « moyen de financer une opération de trafic de drogue et d’êtres humains de plusieurs milliards de dollars pour les cartels de la drogue mexicains ».

« En tant que président, je sécuriserai la frontière, ce qui mettra fin à l’économie des cartels de la drogue. Je construirai de larges portes pour ceux qui souhaitent entrer légalement aux États-Unis, pour que ce pays puisse continuer à être un phare pour le monde, où la diversité et la culture font notre grandeur. »

« L’immigration est une bonne chose pour notre pays, mais ce type d’immigration est injuste pour tout le monde. »

Mettre fin à la guerre en Ukraine

M. Kennedy a appelé à une désescalade de la guerre en Ukraine. Il a expliqué qu’il était sensible à la cause ukrainienne et a ajouté que le président russe Vladimir Poutine avait envahi le pays illégalement, mais il a fustigé les États-Unis pour leur rôle dans le conflit.

« Nous avons négligé de très nombreuses occasions de régler cette guerre de manière pacifique. Nous avons transformé ce pays pour en faire une guerre par procuration entre la Russie et les États-Unis. »

Des soldats ukrainiens préparent un lance-grenades automatique MK-19 de fabrication américaine vers une ligne de front près de Toretsk, en Ukraine, le 12 octobre 2022. (Yasuyoshi Chiba/AFP via Getty Images)

M. Kennedy a exhorté le président Biden pour négocier une fin pacifique à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a commencé lorsque la Russie a envahi la nation voisine en février 2022.

« La Russie ne perdra pas cette guerre. Elle ne peut pas se le permettre. Ce serait comme si nous perdions une guerre contre le Mexique. »

Pour justifier la fin de la guerre en Ukraine, M. Kennedy a fait référence à son oncle, le président John F. Kennedy.

« Mon oncle Jack disait que la tâche principale d’un président des États-Unis était d’éviter la guerre à son pays. Il s’est tenu à l’écart du Vietnam. Il n’y a envoyé que 16.000 conseillers militaires, principalement des bérets verts, » a rappelé M. Kennedy.

« En octobre 1963, il a appris qu’un de ses bérets verts était mort, et il a demandé à son assistant de lui donner la liste des victimes des combats. Il a réagi en disant : ‘C’est trop’. »

Le rêve américain

En ce qui concerne le soutien aux syndicats, les idées de M. Kennedy sont similaires à celles du président Biden.

« Sous mon administration, vous pouvez vous attendre à une action vigoureuse de la part du ministère de la Justice et du ministère du Travail pour faire appliquer les lois contre les pratiques antisyndicales et les pratiques déloyales sur le marché du travail. »

« Nous relèverons également le salaire minimum pour que les syndicats disposent d’un plancher plus élevé à partir duquel ils pourront mener des discussions. Nous négocierons des traités commerciaux pour ne pas opposer les travailleurs américains aux travailleurs étrangers faiblement rémunérés dans un nivellement par le bas. »

Lors de ses déplacements pendant la campagne, M. Kennedy aime parler de la période économique florissante que la nation a connue après la Seconde Guerre mondiale.

« J’ai grandi au moment où la prospérité économique américaine était à son apogée. Les années 1950 et 1960 ont vu naître l’archétype du rêve américain. Il n’était pas réservé à quelques chanceux ; il était à la portée de la plupart des Américains. »

Une famille regarde la télévision dans sa maison en 1955. (Archive Photos/Getty Images)
[Le rêve américain] n’était pas réservé à quelques chanceux ; il était à la portée de la plupart des Américains.
— Robert F. Kennedy Jr. - Candidat démocrate à la présidentielle

« À l’époque, un salarié célibataire possédant un diplôme de fin d’études secondaires pouvait être propriétaire d’une maison, élever une famille, prendre des vacances et épargner pour sa retraite. C’est ainsi que les choses devraient être. Si vous travaillez dur, vous devriez avoir une vie décente. »

M. Kennedy a affirmé que, s’il était élu président, il créerait une hypothèque de 3% pour les Américains, garantie par le gouvernement et financée par la vente d’obligations exonérées d’impôts. Il s’efforcera également de faire en sorte qu’il soit moins rentable pour les grandes entreprises de posséder des maisons individuelles aux États-Unis.

« Si vous avez un oncle riche qui cosigne votre prêt hypothécaire, vous pourrez bénéficier d’un taux d’intérêt plus bas parce que la banque tiendra compte de sa cote de crédit. Je vais donner à tout le monde un oncle riche, et il s’appelle Oncle Sam, » a lancé M. Kennedy lors d’une récente réunion publique à Spartanburg, en Caroline du Sud.

Les 500.000 premiers prêts hypothécaires à 3% seraient réservés aux enseignants, a-t-il précisé.

« Donald Trump et le président Biden se présentent tous deux sur des programmes stipulant qu’ils ont apporté la prospérité à ce pays. Mais lorsque je me déplace en Caroline du Sud et dans d’autres États, ce n’est pas ce que je vois, » a souligné M. Kennedy lors d’une conférence à Charleston. « Je vois des gens qui vivent dans le désespoir comme je ne l’avais jamais vu dans ce pays. »

Les entreprises tuent le rêve

Faciliter l’achat de maisons individuelles par les Américains sans entrer en compétition avec les investisseurs institutionnels est une priorité, a affirmé M. Kennedy.

Un rapport du Wall Street Journal datant de 2021 a montré que 200 sociétés achetaient agressivement des dizaines de milliers de maisons individuelles, dont des quartiers entiers, pour augmenter de manière significative les loyers.

Selon les données examinées par Stateline, les investisseurs ont acheté 24% des maisons individuelles achetées en 2021. En 2022, ce chiffre est passé à 28% des achats de maisons individuelles, selon l’organisation.

Les investisseurs institutionnels pourraient détenir jusqu’à 40% des maisons individuelles d’ici à 2030.

Selon une étude réalisée par MetLife Financial Management, les investisseurs institutionnels pourraient détenir jusqu’à 40% des maisons individuelles d’ici à 2030.

Qualifiant ce problème de « crise », M. Kennedy en a imputé la responsabilité à des géants de la gestion d’actifs tels que BlackRock, State Street et Vanguard.

Un article publié en 2017 par Cambridge University Press indique que ces trois entreprises constituent le principal actionnaire à hauteur de 88% des entreprises de l’indice S&P 500 (Indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses aux États-Unis.).

« Ils ont désormais un nouvel objectif : devenir propriétaires de toutes les maisons individuelles de ce pays. Et ils sont sur la bonne voie pour y parvenir, » a souligné M. Kennedy lors d’une conférence à Greenville, en Caroline du Sud.

« En général, lorsqu’une entreprise achète une maison avec une offre en espèces, il y a une SARL au nom ambigu. Il est souvent possible de remonter jusqu’à l’une de ces grandes entreprises. »

M. Kennedy a noté que Larry Fink, le PDG de BlackRock, était membre du conseil d’administration du Forum économique mondial (FEM).

« Le FEM est un club de milliardaires qui se réunit chaque année à Davos et qui propose un plan : le Nouvel Ordre Mondial et ce qu’ils ont appelé la Grande Réinitialisation. Klaus Schwab, qui a écrit un livre sur cet agenda, affirme que vous ne posséderez plus rien et que vous serez heureux. Ils sont en bonne voie pour accomplir cette première partie. »

À chacune de ses étapes en Caroline du Sud, M. Kennedy a indiqué que l’une de ses premières priorités en tant que président serait de modifier le code des impôts de manière à ce qu’il soit moins rentable pour les grandes entreprises de posséder des maisons individuelles.

Le revenu moyen dans ce pays est inférieur de 5000 dollars au coût moyen de la vie.
— Robert F. Kennedy Jr., Candidat démocrate à la présidentielle

La réduction des dettes liées aux cartes de crédit est un autre moyen d’aider un plus grand nombre d’Américains à accéder à la propriété et à devenir plus à l’aise financièrement.

« Beaucoup d’Américains vivent au jour le jour. Le revenu moyen annuel dans ce pays est inférieur de 5000 dollars (4600 euros) au coût moyen de la vie. Cela signifie que les gens doivent combler la différence en réglant leurs dépenses avec leur carte de crédit, » a souligné M. Kennedy devant une foule réunie à Richmond, en Virginie.

« Nous avons récemment franchi une étape importante dans ce pays avec plus de 1000 milliards de dollars de dettes contractées par les particuliers sur leurs cartes de crédit. De nombreux créanciers appliquent des taux d’intérêt de 22% et plus. »

« S’il s’agissait de la mafia, on parlerait de prêt usuraire et ils iraient en prison, mais pour les banques et les sociétés émettrices de cartes de crédit, cette pratique fait partie intégrante du coût des affaires. »

Avant de terminer ses remarques sur l’endettement par carte de crédit, M. Kennedy a posé une question à l’auditoire.

« Qui, à votre avis, possède un grand nombre de ces entreprises ? »

« BlackRock, State Street et Vanguard. Ils exploitent les richesses du public américain, et leur influence politique leur permet de le faire. »

Les Primaires

Selon un nouveau format, la Caroline du Sud organisera la première primaire présidentielle démocrate le 3 février. Au début de l’année, encouragé par le président Biden, le DNC a voté pour retirer au caucus de l’Iowa sa place traditionnelle de leader dans le processus de désignation des candidats à la présidence du parti pour le remplacer par la Caroline du Sud.

À la fin du mois d’août, M. Kennedy a parcouru la Caroline du Sud et s’est arrêté à Orangeburg pour ouvrir officiellement un bureau de campagne au niveau de l’État.

Robert F. Kennedy Jr. s’exprime lors d’une réunion publique dans une maison à Spartanburg, S.C., le 22 août 2023. (Jeff Louderback/Epoch Times)

Depuis longtemps, les primaires du New Hampshire sont les premières du pays et du Parti démocrate après les caucus de l’Iowa. Selon le nouveau calendrier des démocrates, qui diffère de celui des républicains, le New Hampshire voterait avec le Nevada le 6 février.

En raison de cette décision, le nom du président Biden pourrait ne pas figurer sur le bulletin de vote des primaires démocrates du New Hampshire.

Le comité des règles du DNC a donné au New Hampshire et à l’Iowa jusqu’au 1er septembre pour se conformer aux nouvelles règles, sous peine de sanctions. Les législateurs républicains et démocrates du New Hampshire ont fait savoir qu’ils n’adhéreraient pas au changement de calendrier, estimant que la loi de l’État l’interdisait.

Si le nom du président Biden n’apparaît pas sur le bulletin de vote, M. Kennedy se retrouvera en concurrence avec l’écrivain Marianne Williamson lors des primaires du New Hampshire.

Les dirigeants du Parti démocrate du New Hampshire ont affirmé qu’une loi de longue date de l’État exigeait que leur primaire soit programmée avant toute autre primaire.

Les candidats démocrates à l’élection présidentielle participent au débat des primaires démocrates au centre Charleston Gaillard à Charleston, S.C., le 25 février 2020. (Win McNamee/Getty Images)

En 2020, le candidat Joe Biden a perdu le caucus démocrate de l’Iowa et les primaires du New Hampshire avant de remporter une victoire décisive en Caroline du Sud. Il a déclaré que la Caroline du Sud représentait mieux la diversité de la base électorale du parti.

« Tout le monde connaît la véritable raison pour laquelle le DNC a procédé à ce changement. Les habitants de la Caroline du Sud ne l’ont pas demandé. Non, il s’agit simplement d’une nouvelle tentative antidémocratique pour manipuler le processus des primaires en faveur de leur candidat désigné, Joe Biden. »

« Le DNC semble avoir oublié l’objectif initial du système moderne des primaires, qui était de remplacer la politique de copinage menée dans les coulisses par un processus démocratique transparent. Si la campagne de Biden pense qu’elle peut gagner avec des tours de passe-passe administratifs et des faux-fuyants, elle aura une surprise brutale à la fois dans le New Hampshire et en Caroline du Sud. »

Premier bureau dans le New Hampshire

M. Kennedy a ouvert son premier bureau dans le New Hampshire au mois d’août.

« Le New Hampshire joue un rôle important pour la démocratie américaine du fait de son histoire et de son affinité culturelle pour la sélection des candidats dès le début du processus, et il le fait très bien. »

« Dans de nombreux autres États, les politiciens peuvent survoler l’État à plusieurs kilomètres d’altitude et le bombarder avec des milliards de dollars de publicité. C’est une sorte de théâtre kabuki de la démocratie plutôt qu’une véritable démocratie. Dans l’Iowa, on se rend dans les fermes et les ventes de stock des cultures. Dans le New Hampshire, il faut aller chez le coiffeur, dans les salons de manucure et dans les restaurants, serrer la main des gens, répondre à des questions difficiles et à des questions complémentaires. On apprend à connaître les gens, et c’est important. »

M. Kennedy se souvient des voyages de campagne entrepris avec son oncle et son père dans les années 1960.

Des partisans se rassemblent autour de John F. Kennedy, alors candidat à la présidence, pendant l’une de ses campagnes dans un centre commercial du Maryland, le 12 mai 1960. (Bibliothèque du Congrès)

« Je me souviens des foules et de l’enthousiasme. C’est ce que nous observons lors de nos événements. L’enthousiasme. L’intensité. »

« Il n’y a rien de tel que de rencontrer les gens en face à face et de les écouter parler de leurs préoccupations. Lorsque nous étions dans le New Hampshire, nous avons organisé une manifestation dans une zone peu peuplée dans l’un des comtés les plus septentrionaux, et nous avons emprunté un long chemin de terre. Je me suis dit : ‘Comment quelqu’un peut-il se présenter à cette manifestation ?’ et nous avons accueilli 500 personnes. Voilà une source d’inspiration ».

M. Kennedy est favorable à l’avortement dans les trois premiers mois de la grossesse.

« Je peux avancer que personne dans ce pays n’a travaillé plus dur que moi pour défendre les droits à la liberté médicale et à la liberté individuelle concernant son corps. Cela vaut pour les vaccins et l’avortement. »

« Je ne pense pas que le gouvernement doive nous dire ce que nous devons faire de notre corps et dicter aux Américains ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire au cours des trois premiers mois de la grossesse. C’est à la femme de choisir. »

Cette position pourrait lui coûter le soutien potentiel des conservateurs, a-t-il concédé.

« J’ai vu des photos d’avortements tardifs et elles sont horriblement troublantes. Je respecte les gens qui ont des points de vue différents, et ceux qui disent que ‘c’est la seule question qui m’intéresse’ voteront probablement pour quelqu’un d’autre en raison de mes convictions. »

« Si vous êtes un électeur qui ne se préoccupe que d’une seule question, et que c’est quelque chose qui vous tient à cœur, je ne suis peut-être pas le candidat qu’il vous faut. Mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui veulent de l’authenticité chez leurs dirigeants politiques, et ils veulent quelqu’un qui leur dira la vérité. »

Censure

La censure, qu’elle soit le fait du gouvernement ou des grandes entreprises technologiques, figure également en bonne place parmi les questions qui tiennent à cœur à M. Kennedy.

Il a intenté une action en justice contre l’administration Biden et Google, entre autres, pour censure présumée. Il a témoigné devant le Congrès à ce sujet.

« J’ai été censuré non seulement par une administration démocrate, mais aussi par l’administration Trump. J’ai été la première personne censurée par l’administration Biden, deux jours après son entrée en fonction, » a indiqué M. Kennedy au sous-comité judiciaire de la Chambre des représentants sur l’armement du gouvernement fédéral en juillet.

Le candidat démocrate à la présidence Robert F. Kennedy Jr. lève la main droite alors qu’il prête serment pour une audition devant le sous-comité judiciaire de la Chambre des représentants sur l’armement du gouvernement fédéral, au Capitole à Washington, le 20 juillet 2023. (Anna Moneymaker/Getty Images)

En février 2021, M. Kennedy a été exclu d’Instagram pour avoir enfreint, selon le propriétaire de Meta, les règles relatives au Covid-19.

À l’époque, un porte-parole de la société avait déclaré qu’Instagram avait supprimé le compte de M. Kennedy pour avoir « partagé à plusieurs reprises des affirmations démenties sur le coronavirus ou les vaccins ».

En juin, Instagram a rétabli son compte.

« Étant désormais un candidat actif à la présidence des États-Unis, nous avons rétabli l’accès au compte Instagram de Robert F. Kennedy Jr., » a indiqué Andy Stone, porte-parole de Meta, dans un communiqué daté du 4 juin.

Le compte Facebook de M. Kennedy est resté actif.

Réduire au silence un candidat politique majeur est profondément antidémocratique.
— Robert F. Kennedy Jr., Candidat démocrate à la présidentielle

Meta a supprimé les comptes Instagram et Facebook appartenant à Children’s Health Defense (CHD), l’association à but non lucratif de M. Kennedy. CHD, selon son site web, milite pour « mettre fin aux épidémies de santé infantile en travaillant activement pour éliminer les expositions nocives, tenir les responsables pour responsables et établir des garanties pour prévenir les dommages futurs. »

Meta a indiqué que les comptes CHD avaient été interdits pour avoir violé à plusieurs reprises les politiques Covid-19 de l’entreprise. M. Kennedy n’a toujours pas digéré cette décision.

« Réduire au silence un candidat politique majeur est profondément antidémocratique. Les médias sociaux sont l’équivalent moderne de la place publique. Comment la démocratie peut-elle fonctionner si seuls certains candidats y ont accès ? »

Allégations d’antisémitisme

Ce qui dérange encore plus M. Kennedy, ce sont les accusations d’« antisémitisme » dont il a fait l’objet au début de l’année.

Lors d’une réunion tenue en juillet, une vidéo enregistrée secrètement a été divulguée aux médias. On y entend M. Kennedy parler de recherches montrant que le virus Covid-19 affecte de manière disproportionnée les personnes de race blanche et de race noire, alors qu’il est relativement bénin pour les juifs ashkénazes et les Chinois, dont M. Kennedy suggère qu’ils ont une réponse immunitaire plus forte au virus.

Les démocrates et d’autres détracteurs de M. Kennedy ont condamné ces commentaires en les qualifiant de « racistes » et d’« antisémites ».

M. Kennedy a nié avec véhémence ces allégations.

Lors de l’audition sur la censure qui s’est tenue le 20 juillet à la Chambre des représentants, les démocrates ont tenté de l’empêcher de témoigner. La députée Debbie Wasserman Schultz (Parti démocrate – Floride) a présenté une motion visant à faire passer l’audition en session exécutive, ce qui aurait eu pour effet de la soustraire à la vue du public.

« M. Kennedy a tenu à plusieurs reprises des propos antisémites et anti-asiatiques méprisables, pas plus tard que la semaine dernière, » a souligné Mme Wasserman Schultz, citant une section du règlement de la Chambre des représentants que les commentaires de M. Kennedy auraient violés.

Lors d’un vote enregistré, les 10 républicains présents à l’audition ont voté pour le rejet de la motion de Mme Wasserman Schultz. Les huit démocrates présents ont voté en faveur de la motion.

M. Kennedy a assuré qu’il n’avait « jamais prononcé une phrase raciste ou antisémite » et il a continué à se défendre le 25 juillet à New York lors d’un événement organisé par le World Values Network à l’intention des candidats à la présidence.

Le candidat démocrate à l’élection présidentielle Robert F. Kennedy Jr. s’exprime lors de la conférence des candidats à l’élection présidentielle organisée par le World Values Network au Glasshouse à New York, le 25 juillet 2023. (Michael M. Santiago/Getty Images)

Tout comme il l’avait fait en juillet, M. Kennedy a réfuté avec force les allégations selon lesquelles il serait antisémite.

« J’ai été impliqué dans des questions controversées pendant la majeure partie de ma carrière. En général, cela ne m’affecte pas. L’accusation d’antisémitisme me touche et me blesse. Elle blesse Cheryl (Hines, l’épouse de M. Kennedy). Elle blesse notre famille, et c’était donc douloureux. »

« Je n’ai jamais prononcé un mot antisémite de ma vie, mais je pense qu’ils [les démocrates de la commission parlementaire] pensaient probablement que ce qu’ils faisaient était juste d’une manière ou d’une autre. »

« Il y a une façon de censurer les gens en les assassinant délibérément. On utilise des accusations ignobles pour les marginaliser, et c’est à ce type de censure que j’ai affaire aujourd’hui. »

Le candidat démocrate a conclu ses commentaires sur la censure par un message qui reflète un élément clé de son programme de campagne.

« Si nous voulons vraiment combler le fossé qui sépare les Américains – et c’est une des choses que j’essaie de faire dans cette campagne -, nous ne pouvons pas répondre à la haine par la haine. Nous devons répondre par le pardon. Réagir avec gentillesse et générosité. »

« Nourrir du ressentiment, c’est comme avaler du poison en espérant que quelqu’un d’autre meure. Ce poison ravage nos âmes. »

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