Inversion de l’autisme chez des jumelles grâce à des changements de mode de vie et d’environnement

De plus en plus de données suggèrent que la médecine personnalisée et l'alimentation ont un impact significatif sur de nombreuses pathologies, y compris les troubles du spectre autistique

Par Emma Suttie
1 juillet 2024 19:54 Mis à jour: 2 juillet 2024 00:55

Les résultats d’une récente étude de cas montrent que des changements personnalisés dans le mode de vie et l’environnement ont permis d’inverser les symptômes de l’autisme chez des jumelles diagnostiquées avec un trouble du spectre autistique (TSA). L’étude a été publiée dans le Journal of Personalized Medicine.

Celle-ci a également passé en revue la littérature existante sur l’impact des modifications du mode de vie et de l’environnement sur les TSA, en étayant les résultats par des preuves tirées de cas et d’études similaires.

Détails de l’étude

L’étude de cas porte sur des jumelles dizygotes de quatre ans, à qui on a diagnostiqué un trouble du spectre autistique de « niveau 3 de sévérité », ce qui, selon l’étude, « nécessite un soutien très important ». Les jumelles ont été diagnostiquées à l’âge d’environ vingt mois.

Les jumeaux dizygotes, ou faux jumeaux, sont issus de la fécondation de deux ovules distincts par deux spermatozoïdes distincts. Ces jumeaux sont génétiquement semblables à des frères ou sœurs ordinaires, mais peuvent être aussi différents l’un de l’autre que des frères ou sœurs nés à des époques différentes. Ils ne partagent pas exactement le même matériel génétique et peuvent donc avoir une apparence et des caractéristiques différentes.

L’étude de cas montre qu’une approche non médicamenteuse et personnalisée, par une équipe de cliniciens multidisciplinaires, a permis de réduire le nombre et la gravité des symptômes des TSA grâce à diverses méthodes.

La conception

Les jumelles ont été conçues par fécondation in vitro avec une donneuse d’ovules et portées par une mère porteuse. Leur père avait 51 ans au moment de la conception. Elles sont nées deux mois avant terme et ont passé plusieurs semaines dans une unité de soins intensifs néonatals. Elles ont reçu les vaccinations de routine à trois et six mois, mais aucune autre vaccination avant l’âge de quatorze mois. Elles ont aussi reçu de l’acétaminophène avant et après la vaccination.

Symptômes initiaux

Les parents des fillettes ont observé quelques symptômes initiaux. L’une des jumelles présentait une sensibilité aux changements, de l’eczéma et des problèmes digestifs, tandis que l’autre avait des difficultés à établir un contact visuel, à communiquer par le babillage, à allaiter et une diminution du tonus musculaire (hypotonie).

Toutes deux ont reçu du lait maternel (de la mère porteuse et de leur mère biologique) pendant douze mois et n’ont eu aucun problème d’alimentation ou de sommeil.

À l’âge de douze mois, elles ont cessé de boire du lait maternel, et l’introduction du lait de vache a provoqué des troubles digestifs ainsi que des problèmes de comportement et de langage chez les deux filles.

En mars 2021, elles ont reçu la série de vaccins qui avait été retardée en raison de la pandémie de Covid-19. Après cette série de vaccinations, les parents ont constaté une aggravation de certains symptômes, notamment une « perte de langage significative » pour l’une des filles, qui a commencé à communiquer en n’utilisant que des mots isolés.

Diagnostic de TSA

En raison de l’aggravation des symptômes, les jumelles ont fait l’objet d’une évaluation des troubles du spectre autistique, et toutes deux ont répondu aux critères du DSM-5 (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) pour les troubles du spectre autistique.

Interventions sur le mode de vie et l’environnement

Après le diagnostic, les parents des jumelles ont adopté une approche globale et personnalisée pour traiter l’état de leurs enfants. Leur approche était holistique et non pharmacologique et prenait en compte une variété de facteurs environnementaux et biologiques potentiels influençant les TSA.

Les interventions et le soutien aux parents et aux jumelles ont commencé après le diagnostic, à l’âge d’environ vingt mois, et se sont poursuivis au cours des deux années suivantes. En voici un résumé :

• Les parents ont travaillé avec un coach pour les aider à comprendre le diagnostic des jumelles et à gagner en confiance.

• Ils se sont familiarisés avec le concept de « charge allostatique totale », qui établit un lien entre les facteurs de stress chronique et la maladie, et ont utilisé des ressources telles que les webinaires et les forums spécifiques.

Ils ont rempli une enquête américaine faisant une évaluation complète de la charge allostatique totale (effets cumulatifs du stress chronique sur la santé mentale et physique) chez les enfants.

• Changements alimentaires – Ils ont fait suivre à leurs enfants un régime éliminant le glutamate, le gluten, la caséine, le sucre, les colorants artificiels et les aliments transformés, appellé Reduced Excitatory Inflammatory Diet aux États-Unis, et se sont concentrés sur des repas biologiques, frais et préparés à la maison à partir de denrées locales.

• Incorporation de compléments alimentaires – Les filles ont pris des compléments comprenant des acides gras oméga-3, des vitamines et des remèdes homéopathiques.

• Différenciation des besoins des jumelles – Les variantes génétiques ont révélé que chaque jumelle avait des besoins différents. Par exemple, l’une avait besoin de plus de vitamine D, tandis que l’autre avait besoin d’un soutien pour la neuroinflammation et la désintoxication.

• Les jumelles ont bénéficié de diverses thérapies, notamment l’analyse comportementale appliquée, l’orthophonie et l’ergothérapie axée sur l’intégration des réflexes neurosensoriels et moteurs.

• La famille s’est attaquée aux toxines présentes dans leur maison, en faisant appel à un consultant en environnement pour évaluer la qualité de l’air, les niveaux d’humidité et les dégâts des eaux.

• L’une des jumelles a reçu des soins ostéopathiques sur la recommandation d’un optométriste spécialisé dans le développement, ce qui a entraîné des améliorations notables de la communication et de la disposition générale.

Tout au long de l’étude, les parents ont fait part de leurs réflexions sur leur parcours : « Les statistiques conventionnelles ont fait obstacle à la guérison d’un enfant diagnostiqué comme souffrant de TSA. Notre approche s’est donc concentrée sur une compréhension non conventionnelle et holistique des besoins bio-individuels de chaque fille, sur l’exploration des causes profondes et sur la conception d’un soutien personnalisé », ont-ils expliqué.

« Nous avons choisi des praticiens qui partageaient notre conviction que nos filles avaient la capacité intrinsèque de guérir si elles bénéficiaient d’un soutien adéquat. »

Résultats

Principalement grâce à la mise en œuvre de changements de mode de vie et d’environnement sur une période de deux ans, les jumelles ont réussi à inverser leur diagnostic de trouble du spectre autistique de niveau 3. Des améliorations significatives ont été constatées dans leurs interactions sociales, leurs capacités de communication et leurs comportements.

Des améliorations spectaculaires ont également été constatées dans les scores obtenus à l’aide d’un outil d’évaluation de 77 questions utilisé pour déterminer l’efficacité du traitement des TSA, nommé Autism Treatment Evaluation Checklist aux États-Unis, les scores les plus bas indiquant une amélioration des symptômes.

Les deux jumelles se sont améliorées de façon spectaculaire, l’une passant d’un score de 76 à 36 en sept mois, et l’autre de 43 à 4 au cours de la même période.

L’étude note que les améliorations ont été si profondes que le pédiatre s’est exclamé que l’une des filles avait vécu « une sorte de miracle ».

Les interventions combinées, ainsi que l’engagement des parents, ont conduit à une « amélioration spectaculaire et à l’inversion des diagnostics de TSA » pour les jumelles.

Beth Lambert est fondatrice et directrice exécutive d’Epidemic Answers, un site web américain composé de parents, de cliniciens, de chercheurs, d’auteurs et d’experts en bien-être qui se consacrent à aider les enfants à guérir de leurs problèmes de santé. Elle est également l’un des auteurs de l’étude.

Beth Lambert s’est entretenue avec Epoch Times et a expliqué qu’il y a de l’espoir pour les enfants atteints de TSA et d’autres maladies, ainsi que des ressources pour les parents afin de les soutenir tout au long du processus.

« Nous menons des recherches pour tenter de rassembler des preuves démontrant que nombre de ces conditions sont réversibles. Mais nous essayons aussi de créer une plateforme où nous pouvons donner des solutions aux parents – nous essayons de les éduquer, et nous avons une communauté en ligne où nous leur apprenons à faire ce travail eux-mêmes », a-t-elle déclaré.

Prévalence de l’autisme

Selon l’étude, la prévalence de l’autisme augmente de plus en plus rapidement. Tout au long des années 1990, les critères de diagnostic de l’autisme ont été élargis pour inclure un plus large éventail de symptômes et de comportements. Cet élargissement se reflète dans les éditions mises à jour du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.

Par exemple, dans le DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4ᵉ édition, publié en 1994), les critères de diagnostic ont été élargis et divisés en sous-types tels que le syndrome d’Asperger, le trouble autistique et le trouble envahissant du développement non spécifié.

Les critères ont encore été élargis dans le DSM-5, publié en 2013, qui a fusionné les sous-types précédents en un diagnostic unifié de troubles du spectre autistique (TSA).

Ces changements ont contribué à une augmentation significative des diagnostics d’autisme au cours des années suivantes. Toutefois, certains médecins estiment que ces facteurs ne suffisent pas à expliquer l’augmentation spectaculaire des diagnostics de TSA.

Aux États-Unis, selon les données des Centers for Disease Control and Prevention (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), en 2000, 1 enfant sur 150 avait reçu un diagnostic de TSA, mais leurs données les plus récentes indiquent qu’en 2020, 1 enfant sur 36 a reçu un diagnostic de TSA, ce qui représente une augmentation de plus de 300 % au cours des deux dernières décennies.

L’étude précise que « les projections publiées estiment que même si la prévalence future des TSA restait inchangée au cours de la prochaine décennie, il y aurait environ 1 million de nouveaux cas. En France, selon l‘Inserm et handicap.gouv, les troubles du spectre de l’autisme (TSA) représentent entre 0,9 % et 1,2 % des naissances, soit environ 7 500 bébés chaque année. La Haute Autorité de santé estime donc qu’environ 100 000 jeunes de moins de 20 ans et près de 600 000 adultes sont autistes en France. Entre 2018 et 2023, 550 millions d’euros ont été dédiés à l’amélioration de la réponse aux besoins des personnes présentant un trouble du neurodéveloppement, et ont servi la mise en œuvre de la stratégie nationale.

Beth Lambert déclare : « Le mode de vie moderne rend nos enfants malades, mais il nous rend également tous malades, et nos enfants sont les “canaris dans la mine de charbon” ».

Réflexions finales

Les résultats de l’étude suggèrent que les facteurs liés à l’environnement et au mode de vie jouent un rôle important dans la manifestation des symptômes des TSA et que des interventions ciblées dans ces domaines peuvent entraîner des améliorations substantielles et durables, y compris une inversion des symptômes.

Les auteurs de l’étude soulignent que l’engagement des parents ou des soignants est essentiel au processus.

« L’engagement et le leadership de parents ou de tuteurs bien informés sont une composante essentielle de la personnalisation efficace qui semble nécessaire à la faisabilité de telles améliorations. »

L’étude précise que le traitement des TSA nécessite une approche personnalisée et multidimensionnelle plutôt qu’une solution unique, car les diagnostics de TSA sont aussi uniques et complexes que les individus qu’ils affectent.

Les parents des jumelles sont d’accord avec cette idée, comme l’indique une section de l’étude présentant leur point de vue.

« Le fait d’avoir des jumelles diagnostiquées avec un trouble du spectre autistique, à l’âge de vingt mois, nous a permis d’apprécier à sa juste valeur la manifestation très individuelle de l’autisme. »

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