L’IGPN change de patron. Dirigée jusqu’à aujourd’hui par des policiers, une magistrate, Agnès Thibault-Lecuivre, doit être nommée mercredi en conseil des ministres à la tête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), a-t-on appris de sources proches du dossier, confirmant une information du Parisien.
Mme Thibault Lecuivre succédera à la commissaire Brigitte Jullien, nommée en 2019, et qui a notamment été confrontée à de nombreux dossiers de violences policières lors des manifestations de « Gilets jaunes ».
La nomination d’une personnalité issue du monde judiciaire pour diriger la « police des polices » intervient alors que cette institution fait l’objet de critiques, accusée notamment de manquer d’indépendance dans les dossiers de violences policières.
Conseillère de Gérald Darmanin
Considérée comme proche du pouvoir actuel, Agnès Thibault-Lecuivre a occupé pendant deux ans le poste de conseillère justice du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin puis, depuis six mois, celui de directrice de cabinet adjointe.
Comme ses prédécesseurs, elle sera nommée par le ministre de l’Intérieur et l’IGPN restera rattachée à la Direction générale de la police nationale (DGPN). Une dépendance statutaire souvent dénoncée par les observateurs.
L’idée de nommer à la tête de l’IGPN une personnalité indépendante avait été évoquée en novembre 2020 par Gérald Darmanin alors que la réforme de l’institution était revenue dans le débat après une série d’affaires de violences policières, dont la violente interpellation de Michel Zecler à Paris.
Avant d’intégrer le cabinet de Gérald Darmanin, Agnès Thibault-Lecuivre a été pendant plusieurs années la chargée de communication de l’ex-procureur de Paris François Molins, notamment au moment des attentats de 2015. Elle a aussi été brièvement porte-parole du ministère de la Justice entre 2019 et 2020.
Les policiers « vont craindre le pire »
« Je ne pense pas que la nomination d’un magistrat soit bien accueillie dans nos rangs et soit une bonne chose ! », a réagi Frédéric Lagache, délégué général du syndicat Alliance. « Déjà nos collègues redoutaient l’IGPN avec à sa tête un policier, alors un magistrat, ils vont craindre le pire ».
« J’espère que sa nomination va permettre d’éviter les faux procès en partialité faits à l’IGPN », a de son côté déclaré Grégory Joron, du syndicat Unité-SGP. « Pour les policiers, je ne pense pas que cela change grand chose », a-t-il poursuivi, « l’IGPN ne faisait déjà pas de cadeaux et ne couvrait pas les actions des policiers ».
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