Deux Français ont été condamnés à mort mardi en Irak, portant à six le nombre de ressortissants de ce pays ayant écopé depuis dimanche de la peine capitale pour avoir rejoint le groupe État islamique (EI), a constaté un journaliste de l’AFP.
Brahim Nejara, 33 ans, accusé par le renseignement français d’avoir facilité l’envoi de jihadistes vers la Syrie, et Karam El Harchaoui, qui aura 33 ans jeudi, avaient été transférés fin janvier de Syrie, où ils étaient détenus par une alliance arabo-kurde antijihadistes, vers l’Irak pour y être jugés.
Quatre autres Français transférés de Syrie vers l’Irak seront jugés dans les prochains jours à Bagdad pour appartenance à l’EI.
Au juge qui l’interrogeait en arabe, Brahim Nejara a expliqué en français, avant qu’un traducteur reprenne ses propos: « je suis parti de France en Syrie avec ma voiture en 2014 », date à laquelle le « calife » autoproclamé de l’EI a appelé ses partisans à lui prêter allégeance.
« Ma femme, ma fille et mon beau-frère étaient avec moi », a poursuivi l’homme vêtu de l’uniforme jaune des détenus en Irak.
Karam El Harchaoui, Français d’origine marocaine élancé et visiblement très stressé à la barre, s’est dit « innocent ». « Je ne suis pas entré en Irak et je n’ai participé à aucun combat ni en Syrie ni en Irak », a clamé l’homme, crâne et barbe rasés.
Ces nouveaux verdicts interviennent après les condamnations à mort dimanche et lundi de Kévin Gonot, Léonard Lopez, Salim Machou et Mustapha Merzoughi. Tous ont 30 jours pour faire appel, et l’avocat français de Léonard Lopez a déjà annoncé qu’il le ferait.
Paris « multiplie les démarches » pour éviter la peine de mort à quatre jihadistes français en Irak
Mardi, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a assuré sur la radio France Inter que Paris « multipli(ait) les démarches pour éviter la peine de mort à ces quatre Français ».
« Nous sommes opposés à la peine de mort et nous le disons (…) j’ai moi-même rappelé au président irakien, le président (Barham) Saleh, notre position », a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Jean-Yves Le Drian a réitéré par ailleurs la position de principe de Paris, qui refuse tout retour et jugement de ses ressortissants affiliés à l’EI en France.
« Nous n’allons pas demander au gouvernement irakien de surseoir à cette condamnation à mort, en revanche, aujourd’hui toutes les voies de recours ne sont pas épuisées. Regardons d’abord comme ces voies de recours sont exercées et nous aviserons ensuite », a souligné lundi la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye.
Bagdad a déjà condamné plus de 500 étrangers de l’EI
La loi irakienne prévoit jusqu’à la peine de mort pour quiconque a rejoint une organisation « terroriste » –qu’il ait ou non combattu. Bagdad a déjà condamné plus de 500 étrangers de l’EI -hommes et femmes dont jusqu’ici aucun n’a été exécuté.
Deux jihadistes belges ont été condamnés à mort, tandis qu’une Allemande condamnée à la peine capitale a vu sa sentence commuée en peine de prison à perpétuité en appel.
Brahim Nejara, d’origine tunisienne et qui se faisait appeler Abou Souleimane al-Tounsi au sein de l’EI, est apparu dans une vidéo de propagande du groupe ultraradical après les attentats de novembre 2015 en France (130 morts), selon le Centre d’analyse du terrorisme (CAT), basé à Paris.
Originaire de Meyzieu, près de Lyon (centre-est), d’où sont partis plusieurs jihadistes français, il a également incité un de ses frères à commettre un attentat en France, de même source.
En Syrie, ajoute le CAT, il a fréquenté Foued Mohamed-Aggad, l’un des kamikazes du Bataclan, salle de spectacles où a eu lieu une des tueries du 13-Novembre.
Karam El Harchaoui a expliqué avoir pris la route de la Syrie depuis Bruxelles où il était chômeur. Il a assuré être parti seul en Syrie, où il a eu deux épouses successives, toutes deux ressortissantes belges.
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