Il y a un mois jour pour jour, cette région autonome dans le nord de l’Irak organisait en grandes pompes une consultation populaire et le « oui » l’emportait massivement. Aussitôt éclatait une crise d’une ampleur sans précédent avec Bagdad, soutenu par des voisins turc et iranien désireux de couper court aux velléités indépendantistes de leurs propres minorités kurdes.
Assuré de ces appuis –mais également des États-Unis et d’autres, soucieux de « l’unité de l’Irak », acteur majeur de la lutte contre les jihadistes–, et disant s’appuyer sur la Constitution, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a envoyé ses troupes.
Elles ont repris en quelques jours à peine la quasi-totalité des zones disputées à travers l’Irak aux combattants kurdes, les peshmergas, dans une démonstration de force –qui s’est en de rares endroits soldée par des combats ayant fait une trentaine de morts.
L’unique condition pour éviter ces mouvements militaires, avaient prévenu les responsables à Bagdad, jusqu’au président Fouad Massoum, lui-même kurde, était l’annulation pure et simple des résultats du référendum.
Jusqu’ici, Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, refusait en bloc toute condition préalable à l’ouverture d’un dialogue avec Bagdad. Mais mardi des affrontements ont éclaté entre forces kurdes et irakiennes dans le nord frontalier de la Turquie, et Bagdad se dit déterminé à reprendre l’ensemble des points de passage et autres terminaux à la région autonome, aux mains des peshmergas.
Pour éviter « la guerre » et « la destruction du tissu social », le Kurdistan irakien a proposé mercredi de « geler les résultats » de son référendum d’indépendance et d’entamer « un dialogue ouvert » avec Bagdad « sur la base de la Constitution ». Dans son communiqué publié tôt mercredi, la région autonome se dit aussi prête à « un cessez-le-feu immédiat ».
Erbil, en position de force depuis la débandade des forces fédérales en 2014 face à la percée jihadiste, a depuis perdu gros. Et après son référendum, elle n’a pas obtenu le soutien international qu’elle avait espéré.
Sur le terrain, elle a quasiment perdu tous les territoires où ses peshmergas s’étaient déployés au-delà des frontières administratives de la région autonome.
À l’issue des opérations de « restauration du pouvoir central » dans les zones disputées, notamment la riche province de Kirkouk, elle a perdu les immenses champs de pétrole qui aurait pu assurer la viabilité économique d’un hypothétique État kurde, assurent les experts.
L’ONU, qui jusqu’à la veille du référendum du 25 septembre plaidait pour un plan alternatif de négociations, a réitéré mardi sa proposition d’aider à des pourparlers entre Bagdad et Erbil pour faire cesser l’escalade.
Dans un communiqué, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Irak, Jan Kubis, « offre les bons offices de la mission de l’ONU en Irak pour faciliter les discussions si les deux parties le demandent ».
La proposition d’Erbil intervient au moment où M. Abadi, de retour d’une tournée régionale chez les poids lourds arabes du Moyen-Orient, notamment l’Arabie saoudite et l’Égypte, est attendu en Turquie.
Il a déjà annoncé qu’il évoquerait avec les responsables turcs la question du référendum kurde, de la gestion de la frontière entre son pays et la Turquie dont il entend reprendre le contrôle.
La veille, conséquence de la crise que traverse le Kurdistan dont la classe politique se déchire, le Parlement kurde a reporté les élections législatives et présidentielle, prévues le 1er novembre.
L’opposition kurde réclame la démission du président du Kurdistan Massoud Barzani et un « gouvernement de salut national » pour éviter à cette région, qui traverse une grave crise économique, plus de divisions et de déboires politiques face à Bagdad désormais en position de force.
Ces derniers jours, Erbil et Bagdad ont chacun émis des mandats d’arrêt visant de hautes personnalités politiques et militaires adverses.
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