Irak: le Premier ministre à Bassora après plusieurs jours de grogne sociale

13 juillet 2018 11:45 Mis à jour: 13 juillet 2018 12:15

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi est arrivé vendredi à Bassora pour tenter de calmer la grogne dans cette grande ville pétrolière du sud en proie depuis plusieurs jours à des protestations contre le chômage, exacerbées par la mort d’un manifestant. M. Abadi s’y est rendu directement de Bruxelles, où il a participé à une réunion sur la lutte internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) défait l’année dernière en Irak.

A Bassora, chef-lieu de la province du même nom et située dans une riche région pétrolière à quelque 500 km au sud de Bagdad, M. Abadi a rencontré aussitôt les commandants militaires, selon son bureau. Vendredi matin, des dizaines de personnes ont encore manifesté dans le sud de la ville et une autre protestation est prévue dans l’après-midi devant le siège du conseil provincial dans le centre-ville.

La veille, les manifestants ont brûlé des pneus et protesté dans plusieurs quartiers. Les protestations ont éclaté dimanche pour réclamer des emplois pour les jeunes et de meilleurs services. Un manifestant a été tué le même jour par des tirs de la police selon des témoins, ce qui a attisé les tensions.

Depuis, les manifestations se sont poursuivies quotidiennement contre le chômage, les protestataires fermant certaines routes principales avec des pneus enflammés. Certains ont tenté de prendre d’assaut des installations gouvernementales. Dans un communiqué jeudi, le ministre irakien du Pétrole Jabbar al-Luaibi a affirmé que les manifestants avaient tenté de pénétrer dans des raffineries dans un champ pétrolier et ont mis le feu à certains bâtiments à l’entrée de l’installation.

Selon un membre du conseil provincial, Karim Chouak, les manifestants sont des jeunes qui réclament des « solutions aux problèmes du chômage qui se sont aggravés en raison de l’inaction du gouvernement fédéral ». Les ressources pétrolières de l’Irak représentent 89% de son budget et 99% de ses exportations mais elles ne fournissent qu’1% des emplois aux travailleurs locaux, les compagnies pétrolières étrangères employant essentiellement des étrangers.

Le taux de chômage s’élève officiellement à 10,8% en Irak, où les jeunes de moins de 24 ans représentent 60% de la population. En 2015, un mouvement de protestation animé principalement par le dirigeant chiite Moqtada Sadr a été lancé en Irak avec des manifestations hebdomadaires contre la corruption et la vétusté des services publics, avant de perdre de l’ampleur.

Aux élections législatives du 12 mai en Irak, Moqtada Sadr, le leader populiste est arrivé en tête avec son alliance inédite avec les communistes.  Mais l’Irak se retrouve sans Parlement, les résultats du scrutin n’ayant pas été validés et un décompte partiel dans les circonscriptions contestées est en cours.

DC avec AFP

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