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Isère : il blesse un cambrioleur avec son fusil et se retrouve mis en examen pour violences aggravées

juin 2, 2020 11:59, Last Updated: juin 2, 2020 11:59
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Mis en examen après avoir blessé un jeune malfrat déjà connu de la justice qui tentait de cambrioler le bar-tabac de son épouse en pleine nuit, un quinquagénaire isérois regrette d’avoir été « traité comme un tueur ».

Les faits se sont déroulés dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 mai à Montrevel, un village de moins de 500 habitants situé au sud de Bourgoin-Jallieu.

Âgée de 53 ans, Chantal Mermet est la propriétaire du bar-tabac de la commune. Installé au rez-de-chaussée de la maison familiale dont elle a hérité, le bar-tabac est l’unique commerce de Montrevel.

Dans la nuit du 25 au 26 mai, vers une heure du matin, Chantal Mermet entend du bruit au rez-de-chaussée de l’établissement. Elle réveille aussitôt son mari François, qui décide de descendre voir ce qui se trame dans le bar.

« Je suis allé chercher le vieux fusil de chasse du grand-père que je gardais à côté du lit, de peur d’être agressé. Il y a quatre ans, on avait déjà dû mettre des malfaiteurs en fuite. Depuis, on était sur le qui-vive avec ma femme. Je suis sorti du bar avec le fusil. Dans la panique, deux coups de feu sont partis involontairement, en l’air. J’ai vu une voiture s’allumer à 20, 30 mètres. L’un des trois cambrioleurs s’est alors dirigé dans ma direction. Il tenait quelque chose à la main. J’ai tiré une troisième fois pour le faire fuir, toujours en l’air », a expliqué François Mermet aux journalistes du Parisien.

Les malfaiteurs prennent ensuite la fuite en voiture. Vers 2 h 15, un jeune homme de 21 ans blessé au dos par plusieurs plombs se présente dans une clinique du Roussillon. Il affirme avoir été la cible de coups de feu lors d’une altercation dans la Drôme, mais les gendarmes établissent rapidement le lien avec la tentative de cambriolage qui s’est déroulée à Montrevel un peu plus tôt.

« On m’a traité comme un tueur »

Dans la matinée du mardi 26 mai, François Mermet est appréhendé par les gendarmes et placé en garde à vue pour tentative d’homicide.

« Se retrouver en garde à vue pendant 48 heures, passer une nuit en cellule alors qu’on a été cambriolé et qu’on est victime, c’est très dur à vivre. J’ai été ramené par les gendarmes devant le bar-tabac pour expliquer comment les choses s’étaient passées. J’étais menotté, devant tout le voisinage. Cela a été traumatisant. On m’a traité comme un tueur », souligne le quinquagénaire.

Le parquet de Bourgoin-Jallieu estime que M. Mermet n’était pas directement menacé lorsqu’il a tiré sur le malfrat, celui-ci ayant été touché dans le dos. Selon Le Parisien, le parquet devrait toutefois abandonner l’accusation de tentative d’homicide et mettre le Morvelot en examen pour violences aggravées.

« J’ai fait une bêtise, je n’aurais pas dû me servir de mon arme. Dans la panique, la peur, on ne sait pas ce qui nous passe dans la tête. Mais ce sont les voleurs qui devraient être punis. Pas moi », observe François Mermet.

Un point de vue partagé par son avocat, qui compte défendre âprement ses droits.

« La victime, c’est bien M. Mermet. Et nous comptons le faire reconnaître par la justice en nous constituant partie civile dans le dossier du cambriolage du bar-tabac, où le cambrioleur blessé a été mis en examen pour vol en réunion par effraction », souligne Me Fabien Rajon.

Le bar-tabac cambriolé à six reprises ces dernières années

Déjà connu de la justice, le cambrioleur venait de purger une peine de prison dans le cadre d’une condamnation relative à une affaire de stupéfiants. Légèrement blessé lors du cambriolage du bar-tabac, il s’est vu délivrer une incapacité de travail temporaire (ITT) de quinze jours. Ses complices sont activement recherchés par la police.

Dans le village de Montrevel, l’affaire a fait grand bruit et un comité de soutien à François Mermet a rapidement vu le jour.

« Cette famille est honorablement connue dans la région. François et Chantal sont des travailleurs qui ne comptent pas leurs heures. Ils ne méritent pas ce qui leur arrive », observe Jocelyne Laurent, une Morvelote.

« J’ai moi-même déjà été cambriolé et braqué 11 fois. On est beaucoup à vivre avec ce sentiment d’insécurité. Je comprends la réaction de François Mermet », abonde Bernard Micoud, commerçant dans un village voisin.

Écœurée par le sort réservé à son mari, Chantal Mermet a décidé de vendre le bar-tabac qu’elle gérait depuis 23 ans, après avoir succédé à sa mère. Un véritable crève-cœur pour la quinquagénaire qui y travaillait 7 jours sur 7 et ne prenait qu’une semaine de vacances par an.

« J’ai déjà été cambriolée six fois ces dernières années. Moralement, c’est dur de vivre dans la peur. Alors aujourd’hui, ras-le-bol, j’arrête. Je vais vendre. Je ne peux plus continuer dans ces conditions. Je soutiens bien sûr mon mari. On l’a traité comme un tueur. On lui a mis les menottes. Mais nous, on est des victimes. Il ne faut pas inverser les rôles », conclut la buraliste.

 

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