« Make our planet great again » mais aussi « premier de cordée » c’est lui. Ismaël Emelien, qui a annoncé lundi son départ de l’Élysée, a incarné mieux que quiconque la disruption auprès d’Emmanuel Macron qu’il a accompagné, toujours dans l’ombre, des balbutiements d’En Marche ! jusqu’à l’exercice du pouvoir.
Autour d’Emmanuel Macron, Ismaël Emelien, âgé de 31 ans, était le pendant créatif et innovant du gestionnaire Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée. Un trio complémentaire qui, amputé du conseiller spécial, perd de son sel.
M. Emelien définissait ainsi son poste à part aux côtés du chef de l’État : « offrir des options et le président décide ».
Installé au deuxième étage de l’Élysée, dans l’ancien bureau d’Emmanuel Macron quand il était secrétaire général adjoint de François Hollande, Ismaël Emelien était la boîte à idées du chef de l’État. Jusqu’à la provocation lorsqu’il suggère en juin la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo où Emmanuel Macron parle des aides sociales qui coûtent, selon lui, « un pognon de dingue ».
Il est féru de sondages et d’études d’opinion qui lui permettent, croit-il, de flairer l’air du temps depuis son bureau. Mais comme d’autres, il n’a pas vu venir la crise sans précédent des « gilets jaunes ».
M. Emelien a fait ses classes auprès d’un mentor, Gilles Finchelstein, patron de la Fondation Jean-Jaurès mais aussi directeur des études chez Havas (ex Euro RSCG).
Les deux hommes se sont liés en 2006 autour de la candidature à la primaire socialiste de Dominique Stauss-Kahn. Emelien, 19 ans alors, étudiant à Sciences Po et fraîchement débarqué de Grenoble, avait réussi à intégrer l’équipe de campagne. Au QG rue de la Planche à Paris, il fait connaissance avec des futurs piliers de la macronie : Stanislas Guerini, patron d’En Marche, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, et Cédric O, conseiller à l’Élysée.
Douchées par la déroute de DSK face à Ségolène Royal, ces petites mains garderont une solide amitié et M. Emelien s’empressera de les rappeler lorsqu’il faudra fonder En Marche ! et mettre sur orbite Emmanuel Macron.
Dans les pas de M. Finchelstein, M. Emelien apprend l’analyse d’opinion, le conseil stratégique aux patrons (il conseille Antoine Frérot chez Veolia), mais aussi élabore la stratégie de campagnes électorales. Sa contribution – modeste, assure M. Finchelstein – en 2012 à la campagne du Vénézuélien Nicolas Maduro lui sera reprochée.
Si sa première rencontre avec Emmanuel Macron remonte à la fin 2008, dans le cadre de la Fondation Jean-Jaurès, une amitié s’installera à partir de 2012, lorsqu’en compagnie de Gilles Finchelstein ils réfléchiront à la mise en place du pacte de responsabilité voulu par François Hollande.
Quand en juillet 2014, Emmanuel Macron quitte l’Élysée, il est question de fonder une start-up dans le domaine de l’éducation avec Ismaël Emelien et une autre jeune pousse, Julien Denormandie. Un projet avorté par la nomination au ministère de l’Économie de M. Macron, qui appellera logiquement à son cabinet ses deux associés.
Depuis Bercy, M. Emelien sera la tête pensante et le bras armé de la création d’En Marche ! Il recrutera un petit commando pour lancer le mouvement, dans le secret, et devancera de cinq mois la sortie d’Emmanuel Macron du gouvernement pour coordonner communication, doctrine etc.
Il fera partie de ceux qui à l’Élysée se montreront le plus indulgent avec Alexandre Benalla et qui ont paru dépassés par l’ampleur de la crise. Une posture qui pourrait avoir précipité, quelques mois après le début de l’affaire, son départ, même s’il s’en défend.
En juillet, dans une conversation dont l’enregistrement a été publié par Médiapart, Alexandre Benalla se targue d’avoir le soutien dans l’affaire du 1er mai d’« Isma » qui le « conseille sur les médias et compagnie ».
Un lien embarrassant d’autant que, selon Médiapart, Alexandre Benalla est au cœur d’un contrat signé avec un oligarque russe, proche du président Vladimir Poutine, alors qu’il était encore en fonction à l’Élysée.
D. S avec AFP
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