Israël et le Hezbollah évoquent une escalade après un échange de frappes

Les deux parties reconnaissent qu'elles n'ont pas fini de se battre, mais aucune ne donne de signes d'une escalade du conflit vers une guerre de grande ampleur

Par Dan M. Berger
30 août 2024 02:53 Mis à jour: 30 août 2024 02:53

Après un week-end de frappes intenses sur la frontière libanaise, Israël et le Hezbollah ont fait savoir qu’ils n’en avaient pas fini avec les combats, mais qu’ils se tenaient à l’écart de toute escalade significative qui risquerait de déboucher sur une guerre de grande ampleur.

Le Hezbollah a lancé 230 roquettes selon Israël, 340 selon le Hezbollah, et près de deux douzaines de drones, mais pas avant que 100 avions de guerre israéliens aient attaqué des milliers de lanceurs de roquettes du Hezbollah lors d’une attaque préventive tôt le dimanche 25 août au matin.

Les deux parties ont affirmé n’avoir frappé que des cibles militaires. Les autorités libanaises ont fait état de trois morts suite aux frappes israéliennes. Les FDI n’ont pas communiqué sur les dégâts ou les victimes du côté israélien et, lundi, la presse et la télévision israéliennes n’ont guère évoqué de dégâts ou de victimes.

Aucune des deux parties n’a dit en avoir terminé.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que la frappe de dimanche était une riposte au tir ciblé d’Israël qui a tué le mois dernier le haut commandant militaire Fuad Shukr et n’a pas exclu une autre frappe de représailles. Israël a affirmé que cette frappe était une riposte à l’attaque à la roquette du Hezbollah sur un terrain de football, qui a tué une douzaine d’enfants et d’adolescents druzes israéliens.

Le patron du Hezbollah, l’Iran, pour sa part, reste déterminé à se venger d’Israël pour son implication présumée dans l’assassinat du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, quelques heures après la mort de M. Shukr. Israël n’a reconnu aucun rôle dans l’assassinat d’Haniyeh.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réagi dimanche à l’échange de tirs : « Ce n’est pas la fin de l’histoire ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a publié sur X que « la réaction de l’Iran à l’attaque terroriste israélienne à Téhéran est certaine, et sera mesurée et bien calculée. Nous ne craignons pas d’escalade, mais nous ne la recherchons pas non plus, contrairement à Israël ».

Trois cents roquettes, action préventive

M. Nasrallah a laissé entendre que l’attaque du Hezbollah avait causé des dommages importants à ses cibles. Dans un discours prononcé dimanche après l’attaque, il a révélé que les principales cibles visées sont la base de renseignement militaire de l’unité 8200 à Glilot et une base de défense antiaérienne à Ein Shemer.

« Nos données confirment qu’un nombre important de drones ont atteint ces deux cibles, mais l’ennemi reste silencieux. Les jours et les nuits passeront et la vérité sur ce qui s’est passé là-bas sera révélée », a-t-il ajouté.

« Nous voulions lancer 300 roquettes dans cette opération, mais nous en avons lancé 340 et l’ennemi n’a rien contrecarré », a-t-il poursuivi.

« La réponse a été satisfaisante et il semble que l’élimination suffise », a-t-il souligné. Il s’est toutefois réservé le droit de poursuivre les attaques contre Israël si le Hezbollah le jugeait nécessaire.

Le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal, a déclaré qu’alors que l’attaque était en cours, et que le Hezbollah mettait en place ses missiles et ses roquettes, Israël avait frappé « de manière proactive ».

Cette attaque préventive a eu lieu moins d’une heure après la mise en évidence par les FDI « d’une importante préparation de l’organisation terroriste du Hezbollah en vue de tirer en direction du front intérieur israélien », a-t-il ajouté.

M. Hagari a prévenu les civils du Sud-Liban que « le Hezbollah tirait largement sur le territoire israélien, près de vos maisons – vous êtes en danger. Nous ciblons et éliminons les menaces du Hezbollah ».

Le Hezbollah a lancé plus de 6700 roquettes, missiles et drones explosifs sur Israël depuis le 8 octobre 2023, lorsqu’il s’est joint à l’attaque à grande échelle lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, a poursuivi M. Hagari.

« Israël ne tolérera pas que le Hezbollah s’en prenne à nos civils », a-t-il ajouté.

Des personnes en deuil portent les cercueils et les photos des personnes tuées lors d’un tir de roquette depuis le Liban la veille, dans la ville druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 28 juillet 2024. (MENAHEM KAHANA/AFP via Getty Images)

Le chef d’état-major de Tsahal, le général de corps d’armée Herzi Halevi, a déclaré : « Nous sommes très déterminés à changer la réalité sur le plan de la sécurité dans le nord ».

Dans un message de l’armée israélienne publié sur la plateforme de médias sociaux Telegram, M. Halevi a fait allusion à l’évacuation forcée de plus de 80.000 civils israéliens, dont la plupart vivent dans des communautés situées à moins de cinq kilomètres de la frontière, mais aussi dans certaines situées un peu plus loin, qui restent toujours vulnérables aux tirs de roquettes et de missiles du Hezbollah.

Les Israéliens sont d’accord pour dire que les personnes évacuées ne peuvent pas rentrer chez elles tant que les FDI n’ont pas éliminé le Hezbollah en tant que menace frontalière.

D’abord le Hamas, ensuite le Hezbollah

Depuis le début du printemps, les analystes militaires israéliens ont prédit que les FDI allaient bientôt vaincre le Hamas à Gaza, puis se redéployer pour une guerre terrestre contre le Hezbollah, le temps sec de l’été permettant des frappes aériennes, le repérage de l’artillerie et le déplacement des blindés dans une guerre plus conventionnelle dans le nord désormais peu peuplé, contrairement aux combats fortement urbains caractéristiques de Gaza.

La fumée s’élève dans le ciel suite à un bombardement israélien sur le quartier résidentiel Hamad et ses environs à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 août 2024, alors que le conflit entre Israël et le groupe militant du Hamas se poursuit. (BASHAR TALEB/AFP via Getty Images)

Le Hamas, qui se bat davantage selon les principes de la guérilla après avoir perdu tant de combattants, d’armes et d’installations au profit des FDI, a forcé les Israéliens à reprendre les combats dans des zones auparavant considérées comme pacifiées.

M. Halevi n’a pas donné aux personnes évacuées l’espoir que les FDI seraient bientôt en mesure de détruire le Hezbollah. Les écoles du Nord n’ont pas rouvert leurs portes pour le trimestre d’automne comme les familles l’espéraient.

M. Halevi a souligné que le front de Gaza demeurait la priorité des FDI.

« Nous sommes très déterminés et nous continuerons à tout faire pour protéger les citoyens d’Israël partout », a-t-il déclaré.

« Dans la bande de Gaza, nous nous concentrons sur le démantèlement du Hamas et sur le retour des otages. La pression que nous exerçons dans le cadre des opérations menées à Gaza est celle qui permettra le retour des otages. »

« Parallèlement, nous menons des opérations contre le Hezbollah au Liban, en continuant à le mettre systématiquement hors d’état de nuire. »

Les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza se sont poursuivies au Caire alors même que la guerre aérienne et de roquettes de dimanche était en cours. Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, a déclaré lundi que l’embrasement entre Israël et le Hezbollah n’avait « aucun impact » sur les négociations menées au Caire entre Israël et le Hamas.

Un homme pousse son chariot de nourriture devant un panneau d’affichage représentant le chef défunt du Hamas, Ismail Haniyeh, le général Qasem Soleimani, qui a servi dans la Garde révolutionnaire iranienne, et le commandant en chef du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth, au Liban, le 6 août 2024. (Chris McGrath/Getty Images)

« Les équipes qui tentent de mettre en place un accord de cessez-le-feu sur le terrain n’ont pas été affectées par cette situation », a ajouté M. Kirby.

Les négociations ont progressé à un point tel « qu’il leur a semblé que la prochaine étape logique était d’organiser des groupes de travail pour s’asseoir et régler les derniers détails ».

Rechercher les faiblesses 

L’Institut pour l’étude de la guerre (Institute for the Study of War), un groupe de réflexion stratégique basé à Washington, a fourni une analyse plus détaillée sur le déroulement de la bataille. Cette attaque du Hezbollah serait une « reconnaissance en force », c’est-à-dire un test des défenses israéliennes en vue d’une prochaine frappe de l’Iran, des rebelles houthis du Yémen ou d’autres pays.

L’ISW a rapporté sur son site Internet que le Hezbollah a mené une attaque en deux étapes le 25 août.

La première étape, contre 11 sites de Tsahal dans le nord d’Israël, consistait en des attaques imprécises et dispersées visant à distraire la défense aérienne pour donner plus de chances de succès à la seconde étape, qui comprenait des frappes plus précises contre les cibles de Glilot, Ein Shemer et d’autres.

« Le Hezbollah voulait que son attaque soit beaucoup plus importante qu’elle ne l’a été. »

Les Israéliens, lors de leur attaque préventive 30 minutes avant le début présumé de l’attaque du Hezbollah à 5 heures du matin (heure locale), ont abattu 50 à 67 % des armes censées être utilisées pour l’attaque du Hezbollah, a expliqué l’ISW, citant le ministre israélien de la défense Yoav Gallant comme source.

L’ISW a repris l’affirmation de Tsahal qui prétend avoir éliminé des « milliers » de lance-roquettes. L’armée israélienne a détruit 200 installations sur 40 sites « en quelques minutes », selon l’ISW.

L’ISW a toutefois noté que le Hezbollah aurait pu positionner plus de lance-roquettes qu’il n’avait l’intention d’en utiliser « afin d’obscurcir la direction et l’ampleur de son attaque », et qu’il n’aurait peut-être pas eu l’intention de les utiliser tous.

L’ISW a laissé entendre que les représailles contre Israël n’étaient pas encore terminées et qu’elles pourraient être « échelonnées » dans le temps. Les Houthis pourraient encore riposter à la frappe aérienne des FDI contre leur port le 20 juillet, en représailles à un tir de missile houthi sur un immeuble d’habitation de Tel-Aviv la veille.

Avec Associated Press et Reuters.

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