Israël a mené lundi matin des dizaines de frappes sur le sud et l’est du Liban, après avoir lancé un avertissement à la population et promis des raids « plus étendus » contre le Hezbollah pro-iranien, alors que la communauté internationale ne cesse d’appeler à la retenue.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est inquiété dimanche que le Liban devienne un « autre Gaza », en allusion à la guerre dans le territoire palestinien entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023.
L’armée israélienne a conseillé tôt lundi matin aux citoyens libanais de « s’éloigner des cibles » du Hezbollah dans le sud du Liban, ajoutant que les frappes visant le mouvement islamiste allaient « se poursuivre dans un avenir proche » et que celles-ci seraient « plus importantes et plus précises ».
L’agence officielle libanaise ANI a indiqué dans le même temps que « les avions de guerre ennemis avaient lancé (…) plus de 80 frappes aériennes en une demi-heure », visant des zones du sud du Liban, en même temps que « des raids intenses dans vallée de la Békaa », dans l’est du pays.
Les correspondants de l’AFP dans le sud et l’est du pays ont fait état de frappes intenses.
Le puissant Hezbollah a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en « soutien » au Hamas, son allié, jurant de continuer à attaquer Israël « jusqu’à la fin de l’agression à Gaza ».
Faire revenir chez eux les habitants du nord-Israël
Le gouvernement israélien inclut désormais dans ses objectifs de guerre le retour dans le nord d’Israël des dizaines de milliers d’habitants qui ont fui à cause des tirs du Hezbollah.
« Nous sommes déterminés à faire en sorte que les habitants du nord puissent revenir chez eux en toute sécurité. Aucun pays ne peut tolérer qu’on tire sur ses habitants, ses villes, et nous ne le tolérerons pas non plus », a dit dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Nous avons infligé au Hezbollah une série de coups qu’il n’aurait jamais imaginés », a-t-il ajouté, s’exprimant pour la première fois sur ce sujet depuis les attaques, attribuées à Israël, contre les appareils de transmission du mouvement libanais et une frappe israélienne qui a décapité son unité d’élite vendredi près de Beyrouth.
« Nous saurons atteindre quiconque menace les citoyens d’Israël », a averti le chef d’état-major, Herzi Halevi. Il s’agit « d’un message au Hezbollah, au Moyen-Orient et au-delà ».
« Les menaces ne nous arrêteront pas : nous sommes prêts à tous les scénarios militaires » face à Israël, a lancé le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, lors des funérailles d’Ibrahim Aqil, le commandant de l’unité d’élite tué vendredi. Il a annoncé « une nouvelle phase » dans la bataille contre Israël.
Réplique d’Israël aux frappes du Hezbollah
Dimanche, des frappes israéliennes sur des cibles du Hezbollah au Liban ont fait trois morts, selon les autorités libanaises, dont deux combattants du Hezbollah.
Le mouvement libanais a annoncé des tirs sur des sites militaires dans le nord d’Israël. Environ « 150 roquettes, missiles et drones » ont été tirés vers le nord d’Israël « sans faire de dégâts significatifs », a dit l’armée. Les frappes ont atteint Nazareth, « la ville natale de Jésus », a tweeté sur X le compte officiel du gouvernement israélien. Cette ‘‘capitale arabe d’Israël’’ a une population composée de 70% de musulmans et 30% de chrétiens.
Selon l’armée, des centaines de milliers de personnes ont dû se réfugier dans des abris dans le nord, où les écoles sont fermées jusqu’à lundi inclus.
Les échanges de tirs ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions spectaculaires des appareils de transmission du Hezbollah qui a fait 39 morts et 2931 blessés mardi et mercredi dans les fiefs du mouvement au Liban, selon les autorités libanaises.
Vendredi, la frappe israélienne sur un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth a décapité la force d’élite du Hezbollah, l’unité Radwan, dont 16 membres ont été tués y compris Ibrahim Aqil. Le raid a fait 45 morts au total dont des civils, selon les autorités libanaises.
Les ressortissants américains appelés à quitter le Liban
Face à cet engrenage de violences, les États-Unis, principal allié d’Israël, ont « exhorté » leurs ressortissants à quitter le Liban. « Nous allons faire tout notre possible pour éviter qu’une guerre plus large n’éclate », a déclaré le président Joe Biden.
L’Union européenne et Londres ont appelé à un cessez-le-feu immédiat. « La région est au bord d’une catastrophe imminente », a dit la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.
L’Égypte a dit redouter une « guerre totale » au Moyen-Orient, avertissant que l’escalade entre Israël et le Hezbollah pourrait saper les efforts pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, où l’armée israélienne poursuit son offensive de représailles.
En près d’un an, les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait des centaines de morts au Liban, principalement des combattants, et des dizaines de morts en Israël et dans le Golan occupé.
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