Le premier témoignage public de Sandrine Josso a fait monter la pression sur le sénateur Joël Guerriau. « J’ai cru mourir », témoigne-t-elle. La députée a accusé ce week-end le sénateur de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement. Le président du Sénat a réclamé hier la « mise en retrait » de l’élu.
« J’ai juste eu l’instinct de survie nécessaire ». Moins d’une semaine après les faits, Sandrine Josso est sortie du silence pour livrer sa vérité sur France 5.
“Je suis allée fêter la réélection de ce sénateur que je connais depuis 10 ans. Il m’a servi une coupe de champagne, j’ai bu une gorgée et j’ai trouvé que ça n’avait pas le même goût que d’habitude. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait.”@sandrinejossoan témoigne dans #CàVous pic.twitter.com/EBwkTwsN5C
— C à vous (@cavousf5) November 20, 2023
La députée de Loire-Atlantique a raconté être allée « en confiance » et « en toute amitié » fêter la réélection de son collègue sénateur, élu dans le même département. « Un ami depuis dix ans » dont elle s’étonne de « l’insistance » à trinquer plusieurs fois au champagne – dont le goût « sucré » la surprend – tout en jouant avec le variateur d’éclairage du salon. « Il mettait la lumière très fort, puis la baissait », technique connue pour « augmenter l’efficacité de la drogue » comme lui ont expliqué plus tard les médecins de l’hôpital Lariboisière où elle a fini la nuit.
« J’étais paniquée, mon cœur battait… »
Prise de « palpitations » et de « sueurs », elle voit alors son hôte ranger « un sachet blanc sous le plan de travail » de sa cuisine – de l’ecstasy, que les policiers retrouveront au même endroit lors d’une perquisition. « Là, je comprends », mais « j’étais déjà sous l’effet de la drogue, mes jambes tremblaient », a-t-elle poursuivi. Pour s’extirper du piège, elle commande un taxi et s’aperçoit que son hôte la suit « dans l’ascenseur, dans la cour, jusqu’au taxi ».
« J’étais paniquée, mon cœur battait… J’avais l’impression de faire une crise cardiaque », a ajouté celle qui se dit encore « en post-trauma » et « sursaute tout le temps ».
Voulant faire de son cas un exemple, Mme Josso a estimé qu’« on peut tous subir ce que j’ai subi » et que « son devoir est de sensibiliser », mais aussi d’« enjoindre le gouvernement à faire quelque chose par rapport à ce fléau » de la soumission chimique. Pour ce qui est de son agresseur présumé, « je m’occupe pas de lui, il fait ce qu’il a à faire », a-t-elle balayé.
« L’extrême gravité des faits »
D’autres ont pris position à sa place, notamment Gérard Larcher, qui a « invité » M. Guerriau « à se mettre en retrait de toutes ses activités liées à son mandat de sénateur », en particulier « ses fonctions de secrétaire au Bureau du Sénat et de vice-président de la commission des affaires étrangères ».
Une demande motivée par « l’extrême gravité des faits reprochés au sénateur et le principe de dignité qui s’attache à l’exercice du mandat parlementaire », a souligné le président du Sénat. Démarche aussitôt appuyée par la cheffe de file des sénateurs communiste, Cécile Cukierman, pour qui « c’est la moindre des choses », à la fois « par respect pour la plaignante et par respect pour l’institution ».
Mis en examen vendredi soir pour « administration à l’insu de (Mme Josso) d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle », ainsi que « détention et usage de substances classées comme stupéfiants », M. Guerriau est depuis placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec la plaignante.
Bien qu’il conteste, par la voix de son avocat, toute intention malveillante et plaide « une erreur de manipulation », le sénateur – qui ne bénéficie pas de l’immunité parlementaire dans cette affaire « en flagrance » – est déjà lâché de toutes parts. Les premières sanctions politiques sont d’ailleurs déjà tombées : coup sur coup samedi, son parti politique Horizons, puis son groupe parlementaire ont décidé de le suspendre et d’ouvrir des procédures disciplinaires pouvant aboutir à son exclusion.
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