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Japon: le bras droit de Ghosn va être libéré sous caution

décembre 25, 2018 15:36, Last Updated: décembre 25, 2018 15:35
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Le tribunal de Tokyo a approuvé mardi la libération sous caution de l’Américain Greg Kelly, arrêté le 19 novembre en même temps que l’ex-patron de Nissan Carlos Ghosn, qui reste lui en garde à vue jusqu’au 1er janvier au moins.

La somme requise pour quitter la prison a été fixée à 70 millions de yens (environ 560.000 euros au cours actuel), a précisé le tribunal qui a annoncé avoir reçu l’argent en espèces. M. Kelly qui, contrairement à M. Ghosn, ne fait pas l’objet d’un troisième mandat d’arrêt, devrait sortir dans les prochaines heures, le recours déposé par le parquet ayant été rejeté dans la soirée.

Cette libération sera toutefois assortie de conditions: d’après les médias japonais, il ne sera pas autorisé à quitter le Japon, ni à entrer en contact avec des personnes liées au dossier.

Considéré comme le bras droit du magnat de l’automobile chez Nissan, M. Kelly avait été inculpé le 10 décembre pour avoir, selon les accusations du parquet, aidé le dirigeant à dissimuler une partie de ses revenus aux autorités boursières, environ 5 milliards de yens (38 millions d’euros) sur cinq années, de 2010 à 2015.

L’homme, âgé de 62 ans, est aussi soupçonné d’avoir participé à une minoration similaire d’émoluments de M. Ghosn de 2015 à 2018. Lui-même dément toute malversation. M. Kelly était entré dans la filiale américaine de Nissan en 1988 après avoir exercé la profession d’avocat, et a progressivement gravi les échelons jusqu’à devenir un membre de la direction du groupe en 2008, chargé d’organiser les tâches du président, puis administrateur en 2012.

Dans une vidéo mise en ligne sur internet, la femme de Greg Kelly évoquait « la possibilité qu’il soit libéré le jour de Noël ». « Il doit être opéré rapidement pour cause de douleurs cervicales », avait expliqué Dee Kelly, s’inquiétant « d’une détérioration de sa santé ». Il pourrait être hospitalisé dès sa sortie de prison, ont indiqué plusieurs médias japonais.

Le responsable américain avait été attiré mi-novembre à Tokyo par un employé de Nissan pour y être arrêté, selon la version de son épouse qui a dénoncé « un complot international, une trahison de certains dirigeants de Nissan pour prendre le contrôle » du constructeur japonais. Peu après l’interpellation des deux hommes, le groupe avait démis M. Ghosn de la présidence du conseil d’administration et M. Kelly de ses fonctions de représentation.

Carlos Ghosn demeure en revanche PDG de l’entreprise française Renault. Si M. Kelly peut être libéré sous caution, ce n’est pas le cas de M. Ghosn qui est toujours en garde à vue. Il est sous le coup d’un nouveau mandat d’arrêt, le troisième, sur des charges supplémentaires concernant cette fois l’abus de confiance, après son inculpation pour dissimulation de revenus sur la période 2010-2015.

La justice a décidé dimanche de prolonger sa détention jusqu’au 1er janvier, et le parquet peut encore à cette échéance requérir une extension de 10 jours supplémentaires. Selon une source proche du dossier, M. Ghosn espérait réellement être libéré sous caution la semaine dernière et ses avocats préparaient sa sortie, avant que ne tombent les nouvelles charges.

Le dirigeant de 64 ans, qui veut « faire entendre sa voix et laver son honneur », a été transféré depuis plusieurs semaines dans une cellule plus spacieuse, bénéficiant de meilleures conditions de détention. Il rencontre régulièrement les différents représentants de l’ambassade de France, du Brésil et et du Liban, pays dont il détient la nationalité, mais n’a pu voir sa famille.

Au cours des auditions, M. Ghosn aurait reconnu avoir signé des documents mentionnant des paiements qu’il était censé percevoir au moment de quitter Nissan, en tant que consultant, mais il assure, selon une personne au fait des investigations, que ces montants n’étaient pas définitivement établis et n’avaient donc pas à être inclus dans les rapports publics de l’entreprise.

Sur l’autre motif d’abus de confiance, il lui est reproché d’avoir « failli à sa fonction de PDG et d’avoir causé un préjudice à Nissan ». Concrètement, le bureau des procureurs l’accuse d’avoir fait couvrir par Nissan « des pertes sur des investissements personnels » au moment de la crise financière d’octobre 2008. La somme incriminée s’élève à 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros).

Pour résoudre ce problème financier, il aurait obtenu qu’un ami saoudien se porte garant et aurait effectué des virements d’un montant équivalent sur le compte de ce dernier depuis un compte d’une filiale de Nissan. De son côté, Carlos Ghosn dément tout lien entre les deux affaires et assure que ce proche a été rétribué pour des services rendus à Nissan.

D.C avec AFP

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