Les derniers sondages donnent une large victoire au Parti libéral démocrate (PLD) du Premier ministre nationaliste, à l’issue d’une brève campagne dominée par les questions économiques et par la menace de la Corée du Nord, qui parle de faire « couler » dans l’océan l’archipel au-dessus duquel elle a déjà fait voler des missiles.
La victoire permettrait à M. Abe de rester Premier ministre jusque 2021, s’il emporte la présidence du PLD l’été prochain.
Pris dans des scandales de favoritisme qui ont pesé sur sa cote de popularité, affaibli par une défaite historique de son parti à l’assemblée de la ville de Tokyo en juillet face à une formation de la charismatique gouverneure de la mégapole, Yuriko Koike, M. Abe, 63 ans, a joué fin septembre la carte de la dissolution de la chambre basse plus d’un an avant le scrutin prévu.
Il prenait ainsi de court une opposition morcelée et faible pour tenter de faire peau neuve, et offrir un frais soutien à sa fermeté affichée vis-à-vis de la Corée du Nord et à sa politique de relance économique (« abenomics »).
Mais le coup de théâtre est venu de Mme Koike qui, quelques heures avant l’annonce officielle des législatives anticipées, a déclaré qu’elle prenait la tête d’un nouveau mouvement politique, le Parti de l’espoir.
Cette femme de droite de 65 ans, ex-vedette de la télévision au sens aigu de la communication, ancienne ministre de M. Abe et elle aussi nationaliste, a ainsi, l’espace de quelques semaines, réveillé une scène politique japonaise léthargique et précipité une recomposition du paysage politique.
Le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, s’est défait. Un grand nombre de ses membres s’est dirigé vers le Parti de l’espoir tandis qu’un ex-ténor, Yukio Edano, défenseur de son aile gauche, créait le Parti démocrate constitutionnel du Japon.
Mais après des sondages favorables, Mme Koike a perdu de son élan, les électeurs se sentant déroutés par sa décision de ne pas se présenter, ce qui lui enlève toute chance de devenir chef du gouvernement. La Constitution japonaise impose que le Premier ministre soit choisi parmi les députés ou sénateurs.
« Tout parti, pour être crédible, doit avoir un candidat au poste de Premier ministre. Ce devait être elle. Or elle a reculé et l’on a un navire soudain sans capitaine », a commenté Michael Cucek, professeur à l’Université Temple de Tokyo, spécialiste de la politique japonaise.
Il lui est reproché aussi de ne pas présenter de programme très concret différent de celui du PLD, au pouvoir de façon quasi ininterrompue depuis 1955.
Face au vieillissement de la population, à la déflation qui mine l’économie depuis deux décennies et à une croissance poussive, M. Abe vante ses abenomics faits de largesses budgétaires et d’une politique monétaire consistant à alimenter le marché en liquidités.
Ces mesures visent à juguler la tendance au recul des prix qui ralentit l’activité des entreprises et des consommateurs, tentés de reporter investissements et dépenses dans l’attente de nouvelles baisses de prix.
Le pays connaît actuellement sa plus longue période de croissance consécutive en dix ans. Cependant, le taux de chômage très bas masque une précarisation grandissante.
Mme Koike lui a opposé ce qu’elle a appelé en clin d’oeil les « yurinomics », lui reprochant de ne pas mener de front des réformes structurelles et promettant de geler un projet de hausse de deux points de la TVA, à 10%. Elle se distingue aussi par sa volonté de mettre fin au nucléaire après le traumatisme de l’accident de la centrale de Fukushima en 2011.
Elle est comme M. Abe favorable à un amendement de la Constitution pacifiste, dictée en 1947 par les États-Unis après la reddition du Japon à la fin de la Seconde guerre mondiale et dont l’article 9 consacre la renonciation « à jamais » à la guerre.
Selon les derniers sondages, le PLD n’obtiendrait pas moins de 300 sièges à lui seul et la coalition avec son allié Komeito garderait une majorité des deux tiers, nécessaire pour convoquer un référendum proposant des changements dans la loi fondamentale.
Une centaine de millions d’électeurs doivent renouveler les 465 sièges de l’assemblée (10 de moins que la précédente). Les bureaux de vote ouvriront à 07H00 (22H00 GMT samedi) et fermeront à 20H00 (11H00 GMT). Une partie aura déjà voté avant dimanche.
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