Pourquoi le jardinage profite au corps et à l’esprit

mai 14, 2017 12:16, Last Updated: mai 13, 2017 19:02
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Plus de la moitié de la population mondiale vit maintenant dans les villes, avec un accès limité à la nature. Pour l’Europe et l’Amérique latine, c’est même plus de 70 %. Or, le contact avec le milieu naturel est clairement bénéfique pour notre santé physique et mentale.

Le jardinage est la possibilité pour chacun d’entre nous d’expérimenter ce genre de contact régulier avec la nature, même si l’on vit dans une zone de forte densité urbaine. Pour ceux qui ne disposent pas d’un espace, les jardins communautaires ou les parcelles qui sont attribuées pour être cultivées (on les appelle en France jardins ouvriers) sont une ressource précieuse. Au Royaume-Uni,la demande de parcelles est à la hausse et dans certains endroits, la liste d’attente est allée jusqu’à 40 ans.

Mais les jardins ne sont pas simplement un luxe pour les habitants des banlieues. De plus en plus de recherches montrent qu’ils peuvent contribuer significativement à notre santé et à notre bien-être. Pas seulement parce qu’ils nous font faire de l’exercice physique, mais aussi parce qu’ils améliorent notre état psychique. Il y a même quelques indices sur le rôle positif joué par le jardinage pour aider les personnes à vivre avec des maladies graves telles que le cancer. Cela donne des arguments pour motiver pouvoirs publics et constructeurs immobiliers à fournir des jardins et des parcelles au plus grand nombre de personnes possible.

Activité physique

Chaque type de jardinage, que ce soit à la maison ou sur une parcelle est une occasion de pratiquer une activité physique. Le jardinage est considéré comme un exercice de moyenne intensité, équivalent à une partie de tennis en double ou une marche à 5,5 kilomètres par heure, et procure ainsi des bénéfices santé similaires à ces deux efforts. Une étude portant sur 269 personnes pratiquant le jardinage en parcelles que j’ai récemment conduite avec mes collègues a montré une corrélation entre le fait de jardiner et celui d’avoir un indice de masse corporelle bas. Nous avons aussi trouvé un plus grand pourcentage de non-jardiniers classés en surpoids.

Jardiner est aussi lié avec une meilleure alimentation. Les jardins privés et les parcelles ont, depuis longtemps, été importants pour la production de denrées domestiques. De plus, le jardinage est susceptible d’encourager les gens à manger plus sainement et peut servir comme outil d’éducation pour une bonne nutrition. En fait, les enfants qui participent au jardinage et font pousser leur propre nourriture montrent plus de préférences pour une consommation importante de fruits et de légumes.

Bon pour le moral

Peut-être moins évident, l’impact positif que le jardinage peut avoir sur la santé mentale. Les recherches ont montré que les jardiniers ont généralement une meilleure appréciation de la vie, une estime de soi satisfaisante et moins de sentiments de dépression et de fatigue.

Mais, plus avant, le fait de jardiner peut spécifiquement améliorer le moral des personnes. Lorsque l’on leur a posé la question sur leur moral, avant et après une session de jardinage, les participants de notre étude ont indiqué avoir une meilleure estime de soi et ont ressenti moins de sentiments de tension, de dépression et de colère. Nous avons enregistré ces bénéfices dans tous les cas de figure, peu importe combien de temps avaient passé les jardiniers sur leur parcelle au cours de la session considérée, ou combien de temps ils avaient jardiné au total.

D’autres recherches ont suggéré que le jardinage pouvait accroître la satisfaction que l’on retire de la vie et, à la fois, réduire le stress et rendre les personnes plus résistantes lorsqu’il survient. Plus précisément, la jardinage induit une plus grande baisse du niveau de stress mesuré par un test que ce qui est observé lors d’une lecture à la maison ou d’une session de gym à domicile.

Ce dernier point suggère que les bénéfices sur le psychisme du jardinage pourraient dépasser le simple effet secondaire d’un exercice physique. Une raison possible à cela est que le jardinage, particulièrement effectué sur des parcelles, peut inclure une interaction sociale et le fait d’appartenir à une communauté. Les jardiniers partagent souvent leurs connaissances, leurs savoirs-faires et leurs expériences entre eux, et ce faisant développent des relations humaines et des réseaux de soutien. Les personnes qui bénéficient de réseaux sociaux forts ont une meilleure espérance de vie, une plus grande capacité de rebond aux évènements stressants et vont moins souvent chez le médecin.

Cultiver soi-même sa nourriture est gage d’une meilleure alimentation. kt.ries/Flickr, CC BY-NC

Ainsi, le jardinage procure l’opportunité de contacts avec la nature, à eux seuls générateurs de nombreux bienfaits pour notre santé mentale. Passer du temps dehors dans un environnement naturel nous aide à nous sentir moins stressés, réduit les symptômes dépressifs et améliore notre attention et notre concentration, en nous permettant de récupérer lorsque nous sommes fatigués psychiquement.

Tout cela montre qu’il y a une relation solide entre le jardinage et la bonne santé, mais nous pouvons juste dire qu’il s’agit là de corrélations, pas forcement de preuve. Cela signifie que nous ne pouvons pas affirmer que le jardinage seul est la cause directe d’améliorations de la santé et du bien-être. Nous avons aussi besoin d’examiner les effets immédiats de cette activité sur des gens qui ne l’ont jamais pratiquée auparavant ou qui souffrent d’une mauvaise santé physique ou mentale.

Malgré ces limites, il y a suffisamment de données qui montrent les bénéfices du jardinage pour encourager plus de personnes à participer, et, pour les autorités, à offrir plus de possibilités de jardiner à travers les jardins communautaires et les parcelles à cultiver. Cela pourrait avoir un impact substantiel sur la santé et le bien-être général et réduire du même coup les coûts de santé associés à des pathologies telles que les maladies mentales, l’obésité ou la solitude non souhaitée.

Carly Wood, Lecturer in Nutrition and Exercise Science, University of Westminster

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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