La rédaction du JDD a refusé mercredi de rencontrer Geoffroy Lejeune, journaliste marqué à droite récemment nommé à sa tête, et reconduit pour 24 heures la grève débutée pour protester contre son arrivée, a annoncé la Société des journalistes (SDJ) de l’hebdomadaire.
« Nous demandons toujours à la direction du groupe de renoncer à la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD et d’offrir à la rédaction des garanties d’indépendance juridique et éditoriale. Pour toute réponse, nous avons été conviés à le rencontrer ce matin (mercredi) à 11h15 pour qu’il nous expose son « projet ». Rencontre que la rédaction a refusée », a indiqué la SDJ dans un communiqué.
« La ligne qui est la sienne va à l’encontre de l’identité du JDD. (…). On ne le reconnaît pas comme directeur de la rédaction », a affirmé Bertrand Greco, coprésident de la SDJ du Journal du Dimanche, dont le discours a été accueilli par des applaudissements.
Une quarantaine de personnes se sont rassemblées devant les locaux du groupe Lagardère, au moment où Geoffroy Lejeune est venu s’adresser à la rédaction. Tous portaient un badge « JDD en grève ».
En parallèle, la rédaction a reconduit pour 24 heures sa grève pour son 13e jour consécutif. Au total, 94% des votants se sont exprimés pour sa poursuite.
Une première dans l’histoire du journal
Le JDD n’est pas paru à l’occasion des deux derniers dimanches, une première dans l’histoire du journal. La précédente grève, en 2016, avait touché un seul dimanche.
Nombre d’observateurs voient dans l’arrivée de M. Lejeune à la tête du journal, très suivi par les milieux politique et économique, la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices.
Ce dernier pilote le groupe Vivendi, mastodonte des médias en France, qui compte dans son giron le groupe Canal+ et ses chaînes C8 et CNews ainsi que Prisma, premier groupe de presse magazine, et le groupe d’édition Editis.
La nomination de Geoffroy Lejeune est survenue juste après le feu vert donné sous conditions par la Commission européenne à Vivendi pour absorber Lagardère, groupe auquel appartient également Paris Match, Europe 1 et le leader de l’édition, Hachette.
Une caisse de grève a été ouverte pour soutenir le mouvement et une pétition a été lancée. Elle avait recueilli mercredi près de 37.500 signatures.
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