«Je n’ai jamais vu une prise en charge aussi catastrophique»: hospitalisée trop tardivement malgré ses alertes, elle perd son bébé

Par Emmanuelle Bourdy
5 septembre 2023 17:02 Mis à jour: 5 septembre 2023 17:02

Fin juillet, une jeune mère de famille a vécu un drame, perdant son bébé à sept mois de grossesse. Durant deux jours, elle a été ballottée de services en services, tentant d’alerter sur sa situation, en vain. Si elle n’a pas porté plainte, elle reste traumatisée par cette prise en charge chaotique et ne cache pas sa colère.

Le 22 juillet dernier Caroline Belfort, une femme de 22 ans enceinte, a perdu son bébé au CHU de Pellegrin. Deux jours plus tôt, souffrant d’une forte fièvre, d’un coude enflé et ayant fait de nombreux évanouissements, elle s’était pourtant inquiétée de sa santé. Le Figaro, qui rapporte son témoignage poignant, souligne que quelques jours auparavant, la régulation des urgences de Pellegrin avait été mise en place.

Son état de santé et celui du bébé sous-estimés

Atteinte de la mucoviscidose depuis la naissance, la jeune femme était médicalement suivie depuis son plus jeune âge. Le 20 juillet, ayant de fortes poussées de fièvre, s’étant évanouie une trentaine de fois et voyant que son coude était douloureux et anormalement gonflé, elle avait appelé les pompiers. Mais ceux-ci n’avaient pas estimé son état alarmant. Minimisant son enflure au coude et supposant que cela était peut-être due à une simple piqûre de moustique, ils lui avaient également assuré qu’elle n’allait pas perdre son bébé. En parallèle, le médecin régulateur n’avait pas jugé utile de la conduire à l’hôpital. La jeune femme avait alors eu le sentiment de n’avoir pas été écoutée.

Le lendemain, le vendredi 21 juillet, Caroline Belfort ne sentait plus son bébé bouger dans son ventre. Sa mère, une infirmière de métier, l’avait emmenée à la maternité du CHU. La jeune femme, très inquiète de la santé de son enfant, avait alors demandé à son obstétricien de déclencher l’accouchement. Mais après l’avoir examiné, celui-ci n’avait rien trouvé d’anormal, lui signifiant que le rythme cardiaque du bébé s’était un peu ralenti à cause de sa fièvre.

Redirigée vers les urgences adultes de Pellegrin pour son coude, le service avait préféré la renvoyer à la polyclinique de Bordeaux Nord. Mais l’ambulance s’étant trompée d’endroit, cela avait fait perdre un temps précieux à Caroline. Une fois arrivée, l’urgentiste avait lui aussi refusé de s’occuper de la jeune femme, préférant ne pas prendre cette responsabilité car il ne connaissait pas son dossier.

« Ils ont été obligés de me demander qui il fallait sauver entre ma fille et le bébé »

À 18 heures ce vendredi-là, Caroline avait finalement été admise au CHU de Bordeaux, pour être conduite au bloc opératoire que le lendemain, en raison d’une septicémie. Dans la nuit de vendredi à samedi elle avait demandé à l’équipe médicale de contacter le rhumatologue, mais là encore, Caroline Belfort avait essuyé un refus. Le bébé, en arrêt cardiaque lors de la césarienne, n’avait pas pu être réanimé.

« À force d’attendre, ils ont été obligés de me demander qui il fallait sauver entre ma fille et le bébé. Ils avaient 15% de chance de sauver Caroline. Je l’ai choisie car elle a une fille de 15 mois », a confié la mère de Caroline au Figaro. Elle a assuré n’avoir « jamais vu une prise en charge aussi catastrophique », en 26 ans de métier.

À 14 heures le samedi, lorsque la jeune maman s’était réveillée, elle avait demandé où était son enfant mais personne ne lui avait répondu. Aujourd’hui, elle est en colère et estime qu’elle aurait pu avoir une césarienne dès le jeudi soir, car l’enfant était viable.

« Malheureusement, je ne suis pas la première et je ne serai pas la dernière »

De son côté, le CHU de Bordeaux a exprimé auprès de nos confrères sa « vive compassion à l’égard de la patiente et de sa famille » et certifie que « plusieurs membres des équipes médicales » ont accompagné Caroline Belfort « avec la plus grande attention et la plus grande diligence dans toutes ses composantes ».

La jeune maman, elle, restera à jamais traumatisée par cette terrible expérience. « Je peux comprendre qu’en période d’été c’est compliqué de détecter une telle anomalie, mais j’avais fait 30 malaises dans la journée. Si on pouvait prendre plus au sérieux les patients, ce serait bien », a-t-elle signifié, avant de conclure : « Malheureusement, je ne suis pas la première et je ne serai pas la dernière. » « Tout est arrivé très vite », a plaidé l’équipe médicale, ce qui n’est absolument pas l’avis de Caroline puisqu’elle avait alerté le CHU deux jours plus tôt.

La jeune mère de famille n’a pas souhaité porter plainte, jugeant notamment la situation de cette prise en charge chaotique trop complexe au niveau des responsabilités.

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