« Je n’ai pas voulu lui faire du mal » : une nourrice jugée aux assises pour avoir tué un bébé en le secouant

Par Epoch Times avec AFP
25 juin 2024 18:15 Mis à jour: 25 juin 2024 18:18

« Je n’ai pas voulu lui faire du mal » : l’assistante maternelle accusée d’avoir secoué Hugo, six mois, entraînant sa mort, a reconnu sa responsabilité mardi devant la cour d’assises du Bas-Rhin, expliquant avoir agi dans la panique.

Accusée de violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur un mineur de 15 ans par un ascendant et de violence sans incapacité sur un mineur de 15 ans par un ascendant, cette mère de famille de de 44 ans encourt jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.

Le 22 octobre 2013, elle avait appelé vers 8h30 les pompiers, paniquée, un appel dont l’enregistrement a été écouté par la cour d’assises. « Il ne respire plus », « il est très, très mou », dit-elle d’une voix haletante, à propos du petit Hugo, qui lui a été confié moins d’une heure auparavant. Puis on l’entend pratiquer un massage cardiaque sur les conseils du médecin.

Dans la salle, les parents se tiennent la main, les yeux baissés, accablés de tristesse. Mardi après-midi, leur ancienne assistante maternelle a expliqué à la cour avoir secoué l’enfant car il était devenu « amorphe, comme une poupée de chiffon », après avoir englouti le contenu d’un biberon.

« Je le prends sous les bras sans tenir la tête et je le secoue, mais sans vouloir lui faire du mal » a décrit en pleurs l’accusée, qui comparaît libre. »C’était pour le faire revenir à lui. Oui ça a été violent mais ce n’était pas pour lui faire du mal », répète-t-elle.

« Est-ce que vous vous sentez responsable de la mort d’Hugo ? », l’interroge l’avocat des parties civiles, Pascal Créhange. « Bien sûr », répond elle. « J’ai réagi dans la panique », se justifie l’assistante maternelle, qui avait reçu son agrément l’année précédant les faits. Un agrément suspendu après le drame.

Des secousses « très violentes »

Selon plusieurs experts entendus par la cour, Hugo présentait des lésions correspondant à un secouement très violent survenu le jour même des faits et à un secouement antérieur, environ deux semaines avant sa mort. Le professeur Jean-Sébastien Raul, médecin légiste qui a effectué l’autopsie du nourrisson, a expliqué que le bébé avait subi des « mécanismes violents d’avant en arrière de type secousses ».

Pour entraîner le décès, ces secousses doivent être « très violentes », au moins 7 sur une échelle de violence allant de 1 à 10, a-t-il comparé, mimant un geste très énergique sur une poupée.

La mère de Hugo a raconté que le jour du drame, elle avait déposé son fils à 7h30 chez la nounou. Il allait bien et lui a fait un sourire. L’assistante maternelle a expliqué lui avoir donné le biberon avant de le poser sur un matelas à même le sol. Elle a raconté que peu après, l’enfant est devenu amorphe et qu’elle a tenté de le faire revenir à lui en le secouant et en lui mettant de l’eau sur le visage.

Les déclarations « pas compatibles avec les lésions »

« Pour nous, les déclarations de l’assistante maternelle ne sont pas compatibles avec les lésions présentées par l’enfant », ont déclaré deux expertes entendues en visioconférence, les professeures Caroline Rey-Salmon et Catherine Adamsbaum.

Le médecin légiste qui a autopsié Hugo a également affirmé que les gestes décrits par l’accusée « ne sont pas à même de provoquer les lésions constatées ». « Les traumatismes, je ne l’explique pas », a déclaré l’accusée.

Lundi, à l’audience, le mari de l’assistante maternelle l’avait décrite comme une personne « qui n’a jamais fait de mal à une mouche ». « Elle m’a dit qu’elle n’avait jamais voulu ce qui s’était passé et qu’elle n’avait pas réagi comme il fallait », a relaté cet homme.

Sa femme avait changé de version deux mois après les faits, affirmant qu’elle avait eu un malaise le matin du drame. Selon elle, lorsqu’elle avait repris ses esprits, le bébé se trouvait allongé sur un matelas puis était devenu amorphe, et c’est alors qu’elle l’avait secoué.

Les parents de Hugo, un maître pâtissier et une secrétaire-comptable de 42 ans, qui ont eu ensuite deux autres garçons, ont dit lundi leur soif de « vérité » et de « justice » : « ça fait dix ans qu’on attend. »

Le verdict est attendu mercredi.

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