Un père et son fils marocains, accusés par six compatriotes de les avoir hébergés dans des conditions indignes et exploités sans rémunération, comparaissent mardi devant le tribunal correctionnel de Libourne pour traite d’êtres humains dans des domaines viticoles bordelais.
Les victimes, toutes recrutées au Maroc, ont des récits similaires. Ahmed ou el Mehdi Genna, les deux prévenus, leur ont promis un titre de séjour pérenne, un emploi stable rémunéré à 500 euros par mois et un logement.
Environ 12.000 euros versé pour venir
En contrepartie, les jeunes hommes leur ont versé une somme d’environ 12.000 euros pour venir. « J’ai accepté car je rêvais d’une vie meilleure en France », a témoigné l’un d’eux, qui était mécanicien au Maroc, mardi matin à la barre, expliquant avoir puisé dans ses économies mais aussi celles de sa sœur et sa mère. Arrivé en France en juin 2022, « je ne savais pas où j’allais vivre, ni où j’allais travailler », poursuit-il en dialecte marocain.
Premier à avoir porté plainte, en septembre 2022, il raconte le logement exigu où s’entassaient huit personnes, avec des matelas sales à même le sol, les douches à l’eau froide. Mais surtout un rythme de travail effréné dans les vignes, avec 15 minutes de pause déjeuner et aucune rétribution pour 18 jours travaillés.
« J’avais confiance en Mehdi »
Une autre victime tente de contenir sa colère face à ce qu’il qualifie de « vaste arnaque ». « J’avais confiance en Mehdi que je connaissais depuis mon enfance. Je n’avais pas de raison de douter de lui », explique-t-il.
Face à eux, Ahmed Genna balaie les accusations d’hébergement indigne, confirmées par l’Inspection du travail selon la présidente du tribunal. « Le logement était propre, ils ont fait exprès de tout salir et après, ils ont pris des photos, des vidéos », lance celui qui comparaît également comme représentant légal d’une société servant d’interface avec les domaines viticoles. « Rien n’est vrai, ils mentent, personne ne m’a donné de l’argent pour venir en France. »
« Ils n’ont pas réussi à supporter la charge de travail dans la vigne, ce sont des incapables, ils n’ont même pas travaillé une seule journée, je n’avais pas à les payer », assène le prévenu, accusant à son tour les victimes : elles auraient porté plainte contre lui pour obtenir un titre de séjour. Le procès se poursuit dans l’après-midi avec plaidoiries et réquisitions.
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