Paris Habitat, le bailleur social de la capitale, incite ses concierges à effectuer les deux jours de formation leur permettant de devenir gardes particuliers assermentés (GPA). Un atout permettant à ces derniers de travailler dans de meilleures conditions, les locataires étant plus respectueux.
Depuis 2018, certains gardiens d’immeubles peuvent dresser des procès-verbaux d’infraction aux locataires irrespectueux, ce qui permet de garantir la tranquillité des habitants du lieu. Selon le bailleur social Paris Habitat, sur ses 1200 concierges, 409 possèdent ce grade et cela a provoqué une baisse des infractions pouvant aller jusqu’à 50%, rapporte Le Parisien.
« Si on sent qu’il y a un risque pour notre personne ou famille, on ne verbalise pas »
Pour les incivilités du type casses, tags, problèmes dus aux déchets, crottes de chiens, caves visitées ou encore tapage nocturne pour ne citer que celles-ci, les auteurs peuvent être verbalisés par les GPA. Pour preuve de leur assermentation officielle ces derniers possèdent un badge et une carte.
Les auteurs des incivilités s’exposent à une amende pouvant aller de 38 à 3750€, précise le quotidien francilien. Paris Habitat en aurait déjà dressé 1183 PV depuis 2018, et elles ont conduit à 520 condamnations. Mais pour pouvoir dresser un PV, les GPA doivent avoir identifié les locataires fautifs, auquel cas, ils ne peuvent rien faire. « Si on sent qu’il y a un risque pour notre personne ou famille, on ne verbalise pas, on fait appel au médiateur de Paris Habitat », précise par ailleurs au Parisien Oscar, le gardien d’un immeuble du XIVe arrondissement de Paris.
« Ça calme les ardeurs de tout le monde »
Philippe, gardien d’une résidence sociale de 120 locataires située dans le XIe arrondissement, note une nette amélioration depuis qu’il possède cette habilitation. « Avant, ma parole pesait peu, maintenant je suis écouté et respecté », constate en effet ce concierge sexagénaire. Il donne en exemple l’une de ses locataires, « qui prenait son palier pour une annexe de son logement » et ne tenait pas compte de ses remontrances. « Quand je lui ai dressé un procès-verbal, elle pensait s’en sortir avec une simple amende payable avec son loyer, mais elle a été convoquée au tribunal et a dû payer 68 euros, sans compter les frais de jugement… Elle n’a plus récidivé et le bouche à oreille a fait le reste… », souligne-t-il.
Ces gardiens d’immeubles assermentés peuvent mettre des PV aux locataires : «Ça calme les ardeurs»
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Jean-François Biétrix, l’un de ses collègues assermentés travaillant dans le XIVe arrondissement, estime que montrer sa carte est dissuasif. « Ça calme les ardeurs de tout le monde et je suis mieux respecté, moins insulté, d’ailleurs on ne parle plus d’insulte mais d’outrage à l’égard d’un garde », mentionne-t-il.
« Une baisse d’incivilités pouvant atteindre jusqu’à 50% »
Du côté des locataires, le bilan est également positif, beaucoup se disent rassurés et protégés. « Tout est dans la pédagogie et l’effet dissuasif », assure aussi à nos confrères Emmanuelle Copin, la directrice générale adjointe de Paris Habitat. « Ce dispositif porte ses fruits dans les résidences qui ne sont pas les plus difficiles à gérer… On y enregistre une baisse d’incivilités pouvant atteindre jusqu’à 50% », se réjouit-elle, précisant néanmoins qu’ « en cas de deal ou de violence, ce n’est plus à l’échelle ».
Eddie Jacquemart, le président de la Confédération nationale du logement, considère quant à lui que cette nouvelle autorité est un « aveu d’échec dangereux et régressif ». « On ne peut pas demander à quelqu’un censé accompagner les locataires de jouer les censeurs. Il faudrait plutôt faire un travail d’éducation populaire, avec des acteurs comme nous avec l’École des habitants, des sessions publiques où on explique les droits et devoirs des locataires… » estime-t-il encore.
« On ne peut pas dire que cela se passe mal, les PV sont utilisés avec parcimonie », admet quant à elle Patricia Campin, la secrétaire générale du syndicat FO de Paris Habitat. Le syndicat était pourtant contre cette initiative en 2018, craignant des menaces envers les gardes.
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