Les relations entre Anne Hidalgo (PS) et Rachida Dati (LR) sont toujours aussi électriques. Les séances du Conseil de Paris font très souvent l’objet de joutes verbales entre la maire de Paris et celle du VIIe arrondissement ; les questions d’actualité de ce mercredi 5 juillet n’ont pas manqué de donner lieu à de nouveaux échanges explosifs, cette fois sur la série de perquisitions conduites la semaine dernière à la mairie du VIIe arrondissement et aux cabinets de maîtres Francis Szpiner et Olivier Pardo.
Cette opération fait suite à l’ouverture d’une information judiciaire par deux juges du pôle financier, Serge Tournaire et Vincent Lemonier, pour « enlèvement et séquestration » et « torture », après la plainte avec constitution de partie civile de Tayeb Benabderrahmane, ex-lobbyiste franco-algérien pour le club du Paris-Saint-Germain (PSG). Le plaignant affirme avoir été illégalement détenu contre sa volonté par les autorités du Qatar en raison des informations compromettantes qu’il possède sur la vie privée et les potentielles malversations financières du président qatari du club, Nasser Al-Khelaïfi. En échange de sa liberté, celui-ci dit avoir été contraint d’accepter une transaction confidentielle par laquelle il a dû remettre l’intégralité de ses documents aux avocats parisiens Mes Pardo et Szpiner. Rachida Dati aurait servi d’intermédiaire.
Haro sur Rachida Dati
C’est Rémi Féraud, le président du groupe Paris en commun, qui a ouvert les hostilités : « La perquisition concerne directement notre collègue, présidente du groupe Changer Paris, et ancienne garde des Sceaux, Mme Rachida Dati », a-t-il lancé, avant de s’adresser à Anne Hidalgo : « Pour notre part, nous respectons pleinement la présomption d’innocence, mais les éléments révélés sont trop graves, beaucoup trop graves, pour laisser notre assemblée indifférente dans la mesure où sont cités certains de ses membres. Comme première magistrate de Paris, Mme la Maire, quelle suite comptez-vous donner à cette affaire et à cette perquisition à la mairie du VIIe arrondissement ? »
La réponse de l’exécutif socialiste a été donnée par Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo : « La question de la probité des élus et de la transparence de la vie publique nous tient particulièrement à cœur. C’est un sujet fondamental, attaque celui-ci. Si dans cette majorité, nous sommes attachés à ce que l’image des élus que nous sommes soit irréprochable, force est de constater que sur certains bancs de cette assemblée, certains semblent se tenir très loin au-dessus des règles. Nous sommes en tant qu’élus de l’exécutif de plus en plus souvent interpellés par des Parisiens qui s’étonnent de cette actualité. » Ce dernier renchérit : « La Ville de Paris et ses élus sont en droit de s’interroger sur les atteintes que ces affaires constituent à l’encontre de son image. Nous n’excluons pas d’étudier que la Ville de Paris se constitue partie civile dans ces affaires. » Et la maire de Paris d’en rajouter une couche : « « Oui, j’envisage la constitution de partie civile de la Ville dans ces affaires qui mettent en cause la probité et qui entachent l’honneur de notre ville. » Tensions.
« M. Grégoire, Mme Hidalgo, vous êtes vous-mêmes mis en cause »
Rachida Dati décide donc de faire feu à son tour : « Vous ne m’affaiblirez pas par cette haine », tonne-t-elle. « Dans ces affaires, je suis témoin, je ne suis pas mise en cause. Il y a des affaires où vous, vous êtes mise en cause, assène-t-elle, sous les huées de la gauche. Que dites-vous de la perquisition dans votre bureau sur la tour Triangle ? Que dites-vous des auditions dans votre bureau sur les affaires d’agressions sexuelles de M. Aidenbaum ? Que dites-vous du recel de favoritisme pour lequel il y a eu des saisies de documents dans vos locaux ? M. Grégoire, Mme Hidalgo, vous êtes vous-mêmes mis en cause. Ça, ça concerne les Parisiens. Pour le reste, vous voulez jeter la suspicion. Les Parisiens vous ont répondu : 60% sont très mécontents de votre politique. Alors répondez sur les affaires qui concernent les Parisiens. Ne ramenez pas une affaire dans laquelle je suis témoin ! » Alors que l’agitation s’empare de la salle, la femme politique tacle : « Vous parlez d’État de droit, vous n’y comprenez rien. Je vais vous donner quelques cours de droit, ça serait utile. »
« Le bâtonnier de Paris et la commission de déontologie nous ont mis hors de cause »
À la suite de Rachida Dati, le maire du XVIe et avocat Francis Szpiner a pris à son tour la parole : « Vous savez que cette perquisition a eu lieu à la mairie du VIIe et dans mon cabinet d’avocat. Si vous étiez si soucieux de la moralité des élus, pourquoi vous ne vous en prenez pas à moi ? Pourquoi vous vous en prenez simplement à Rachida Dati ? » interroge-t-il, accusant ainsi Anne Hidalgo d’une manœuvre politique. « Nous ne sommes pas dans un prétoire », lui rétorque la maire de Paris.
Puis Francis Szpiner de revenir sur le fonds du sujet : « Je vous informe que la commission de déontologie de l’ordre des avocats a procédé à une enquête. Mme Dati est aussi visée par cette enquête de déontologie. Le bâtonnier de Paris et la commission de déontologie nous ont mis hors de cause. Vous parlez des élus en jetant la suspicion sur eux. Par les temps qui courent, vous alimentez la haine contre les élus. » Alors que M. Szpiner prononce ces paroles, tous les élus de son groupe quittaient en bloc l’hémicycle avant le terme des questions d’actualité.
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