Au premier jour de son procès pour meurtre ce lundi 31 janvier à Grenoble, l’ex-maître chien Nordahl Lelandais a reconnu avoir « donné la mort » à la jeune Maëlys, avant de présenter ses excuses à sa famille.
« Je veux leur présenter mes excuses, j’ai bien donné la mort à Maëlys, je ne voulais pas lui donner la mort, je vais m’expliquer sur les faits au cours de l’audience », a-t-il déclaré depuis le box en réprimant des sanglots, avant que l’audience ne soit suspendue.
Âgé de 38 ans, l’accusé qui s’est présenté lundi légèrement barbu, les cheveux grisonnants coupés ras, vêtu d’une chemise bleue et d’un d’un pantalon beige, avait auparavant enlevé son masque pour demander à la présidente s’il pouvait se tourner vers la famille de la victime, mais la magistrate lui a demandé de s’adresser à la Cour.
Au cours de la matinée, l’ancien maître-chien militaire, jugé pour le meurtre précédé de l’enlèvement et de la séquestration de Maëlys De Araujo âgée de 8 ans en août 2017, avait pourtant semblé éviter de regarder du côté des parties civiles, fixant la plupart du temps la présidente ou ses pieds.
Les poursuites pour viol écartées
Les parents de Maëlys sont venus au palais de justice de Grenoble munis d’un grand portrait peint de la fillette, ensuite laissé devant l’entrée de la salle. « L’objectif est que Maëlys ait toute sa place dans cette salle d’audience », a expliqué l’avocat de la mère de l’enfant, Me Fabien Rajon, ajoutant que la famille était « prête à affronter ces trois semaines d’assises ».
Les proches de l’enfant sont « de plus en plus déterminés, impatients, bien sûr lucides quant à la capacité de Nordahl Lelandais à dire toute la vérité, notamment sur les sévices de nature sexuelle infligés à la petite Maëlys », a-t-il ajouté, alors que les poursuites pour viol ont été écartées pendant l’instruction faute d’élément.
Plusieurs absents
À l’ouverture de l’audience plusieurs témoins manquaient à l’appel, dont le frère de l’accusé, Sven Lelandais, qui a demandé par courrier à ne pas assister à l’audience, affirmant qu’il n’avait « rien à voir » avec cette affaire, « ni avec son frère », arguant qu’il venait à peine de « difficilement » retrouver du travail comme saisonnier en montagne.
L’avocat de l’accusé, Me Alain Jakubowicz, a ajouté que M. Sven Lelandais a finalement accepté de venir et témoignera donc mardi prochain.
Elle a également ordonné la présence d’un ex-codétenu de l’accusé, qui affirmait avoir reçu en prison, les confidences de Nordahl Lelandais sur les circonstances de la mort de Maëlys. Son témoignage avait été jugé peu fiable dans lors du procès du meurtre du caporal Noyer, la cour a demandé qu’il soit amené par la force.
La présidente a ensuite fait la lecture de l’épais rapport de 47 pages résumant l’affaire et la journée devait se poursuivre avec l’audition de témoins dont une enquêtrice de personnalité et la mère de l’accusé.
Dès le début, il y a quatre ans et demi, ce tragique fait divers avait fasciné le grand public, suscitant compassion pour les parents de la fillette et indignation à l’égard du suspect, perçu comme un manipulateur et un temps soupçonné d’être un tueur en série.
DIRECT – Fabien Rajon, avocat de la famille maternelle de Maëlys : « les excuses de Nordahl Lelandais ont été pris par les parents de Maëlys avec beaucoup de circonspection »https://t.co/vpLKSuPaoh pic.twitter.com/be3dp9hAm2
— France Bleu Isère (@francebleuisere) January 31, 2022
Une tache de sang dans le coffre de sa voiture
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n’avait pas fait appel.
Il devra à présent s’expliquer sur les circonstances qui l’ont conduit à tuer Maëlys De Araujo lors d’une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin en Isère dans la nuit du 26 au 27 août 2017.
On ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture. Les circonstances du décès de l’enfant restent aussi entourées de zones d’ombre.
Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, l’ancien militaire avait finalement été confondu par la découverte d’une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Six mois après les faits, il avait conduit les enquêteurs jusqu’aux restes de sa victime, dans le massif de la Chartreuse.
Il sera également jugé pour agressions sexuelles à l’encontre de deux petites-cousines âgées à l’époque de 5 et 6 ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Le verdict est attendu autour du 18 février – si la pandémie de Covid-19 – causé par le virus du PCC (Parti communiste chinois) –ne vient pas brouiller les cartes.
Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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