Le 29 octobre, la justice a relaxé l’ex-président du Front national (FN) Jean-Marie Le Pen, jugé pour provocation à la haine raciale, sept ans après sa phrase sur la « fournée » qui avait suscité un tollé et semé la discorde dans son parti.
Dans une vidéo diffusée le 6 juin 2014, Jean-Marie Le Pen s’en était pris aux artistes engagés contre son parti, tels Yannick Noah, Guy Bedos et Madonna. Alors que son interlocutrice évoquait le nom de Patrick Bruel, d’origine juive, Jean-Marie Le Pen avait déclaré : « Ça ne m’étonne pas ! Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois! »
Le tribunal correctionnel de Paris a jugé que les propos de M. Le Pen avaient pour cible la communauté juive, car le terme de « fournée » renvoyait à « l’image, quand bien même symbolique, des fours crématoires » utilisés « pour faire disparaître les restes des juifs assassinés par les nazis dans les camps d’extermination ».
Cependant le tribunal a ajouté que ces propos consistaient en « une jubilation devant l’occasion de faire un ‘bon mot’, à destination d’un auditoire qui lui est acquis ».
Exclu du FN en 2015
Âgé de 93 ans, l’ex-candidat à l’élection présidentielle, n’était pas présent à l’énoncé du jugement. Mais M. Le Pen a aussitôt réagi : « Les faits l’ont emporté sur la malveillance. Je me réjouis que dans cette affaire, qui était évidente, le tribunal a jugé suivant le droit ».
Lors du procès, le ministère public avait considéré que les propos de Jean-Marie Le Pen constituaient une « grave faute morale », mais n’avait pas présenté de réquisitions. Son coprévenu Jean-François Jalkh, ex-directeur de publication du site internet du FN, a également été relaxé.
Ces propos avaient à l’époque déclenché une pluie de critiques et semé la discorde au sein du FN. Sa fille Marine Le Pen, alors présidente du FN, avait décrit « une faute politique ».
Cofondateur du parti, Jean-Marie Le Pen avait été exclu du mouvement à l’été 2015, avant d’être déchu de sa présidence d’honneur en mars 2018.
Multiples condamnations
Jean-Marie Le Pen a plusieurs fois été condamné par la justice. En 1993, il s’était vu infliger une amende pour son jeu de mots de 1988, « Durafour crématoire », visant le ministre de la Fonction publique de l’époque, Michel Durafour.
Il avait également été condamné pour « contestation de crime contre l’humanité », pour avoir qualifié plusieurs fois les chambres à gaz de « point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Il avait dû verser 30.000 euros d’amende et plus de 220.000 euros de dommages et intérêts à des associations.
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