Suivant la chronologie historique, la ville est sainte d’abord pour les juifs, ensuite pour les chrétiens et enfin pour les musulmans. Elle a été conquise, perdue et reconquise à maintes reprises au cours des siècles et des millénaires. Pour le moment, la ville et l’accès aux lieux saints sont gérés par l’État hébreu. Mais l’annonce du président américain Donald Trump a déclenché les passions, même si l’annonce est d’abord symbolique et que dans les faits elle ne change pas grand chose à la situation.
Des manifestations ont eu lieu lundi au Moyen-Orient pour la cinquième journée consécutive contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël, un sujet qui continuait à occuper l’agenda diplomatique.
Le président russe Vladimir Poutine a critiqué le caractère « déstabilisateur » de la décision de son homologue Donald Trump, lors d’une visite au Caire, où le président palestinien Mahmoud Abbas, furieux de l’initiative américaine, était reçu en fin d’après-midi par le président Abdel Fattah Al-Sissi.
À Beyrouth, plusieurs milliers de partisans du Hezbollah ont défilé dans le sud de la capitale libanaise, bastion du puissant mouvement chiite, allié de l’Iran et ennemi d’Israël et qui se veut l’un des champions de la cause palestinienne. « Jérusalem est à nous », proclamaient de nombreuses pancartes.
Jérusalem: des milliers de partisans du Hezbollah manifestent à Beyrouth https://t.co/MtH6RRQyqT pic.twitter.com/n5sa91rzPy
— RFI (@RFI) 11 décembre 2017
À Téhéran, quelques centaines de conservateurs ont brûlé des portraits de Donald Trump et des drapeaux américain et israélien.
Dans les Territoires palestiniens, des dizaines de jeunes, le visage ceint du foulard traditionnel pour beaucoup, ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens à la sortie de Ramallah, en Cisjordanie.
Les soldats israéliens ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, de projectiles en caoutchouc et, sporadiquement, à balles réelles. Plusieurs personnes ont été blessées, selon des photographes de l’AFP.
« Nous sommes ici pour protester contre la décision de Trump et pour dire que Jérusalem est, et restera, notre capitale, et que nous y resterons pour la défendre », a déclaré un homme cagoulé.
Les heurts avec les soldats israéliens ont fait 27 blessés, atteints par des projectiles en caoutchouc ou des balles réelles en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a rapporté le Croissant-Rouge.
Mais la protestation commence à donner des signes d’essoufflement.
En reconnaissant unilatéralement le 6 décembre Jérusalem comme la capitale d’Israël, M. Trump a déclenché des manifestations quotidiennes dans le monde musulman, la colère des dirigeants palestiniens et une réprobation quasiment unanime de la communauté internationale, toujours préoccupée lundi des retombées dans une région en plein tumulte.
Jérusalem, capitale d’Israël : une décision plus réfléchie qu’il n’y paraît https://t.co/oxskBYLAi0 pic.twitter.com/zW6Sl1Zmkt
— L’Obs (@lobs) 11 décembre 2017
« Nous considérons que ces mesures sont déstabilisatrices, elles n’aident pas la résolution de la situation », a dit au Caire le président russe qui a appelé à « une reprise immédiate des négociations directes israélo-palestiniennes sur tous les sujets disputés, y compris le statut de Jérusalem ».
Plus tôt, la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, qui a reçu à Bruxelles le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a répété la position européenne selon laquelle la solution dite à deux États, c’est-à-dire la création d’un État palestinien coexistant avec Israël, chacun ayant Jérusalem pour capitale, restait la seule valable pour résoudre le conflit.
Depuis la création d’Israël en 1948, la communauté internationale s’est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale. Elle considère que son statut doit être négocié.
(ATTA KENARE / AFP / Getty Images)
Le Day of Rage !
Moi, je dirais plutôt Rage of the Day.
Tout est prétexte à blâmer Israël 🇮🇱
On ne peut dialoguer, négocier, pactiser avec ceux qui nient votre propre existence, ceux qui ne veulent que votre annihilation, ceux qui refusent votre souveraineté.#Jerusalem
— (((Dom Haddad))) (@HaddadDominique) 11 décembre 2017
La décision de M. Trump fait redouter des réactions incontrôlables tant Jérusalem, avec ses lieux saints pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, est un sujet passionnel.
Les Palestiniens représentent environ un tiers d’une population de 882.000 personnes, mais demeurent majoritaires à Jérusalem-Est.
M. Netanyahu a répété que M. Trump n’avait fait qu’acter une réalité.
« Jérusalem est la capitale d’Israël, personne ne peut le nier », a-t-il dit. Ce qu’a fait le président Trump « traduit carrément les faits », et tous les pays européens emboîteront le pas, a-t-il assuré.
Les dirigeants palestiniens cherchent, eux, à rallier la communauté internationale et le monde arabe.
Pour eux, M. Trump, affichant un parti pris outrancièrement pro-israélien, préempte ce qui devrait relever de la négociation.
Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l’État auquel ils aspirent.
Depuis 1949 #Jerusalem est divisée, retrouvez toutes nos #cartes pour mieux comprendre la situation : https://t.co/WcJcvMHauH pic.twitter.com/cGMjKVm24c
— L’Histoire (@maglhistoire) 11 décembre 2017
« Ce qu’il faut maintenant, ce sont des décisions palestiniennes et arabes audacieuses », a dit Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien avant la rencontre de ce dernier avec le président égyptien.
L’Égypte est le premier – et l’un des deux seuls à ce jour – pays arabe à avoir fait la paix avec Israël.
La décision de M. Trump a aussi glacé les relations entre Israël et la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui tente de fédérer le monde arabe contre Israël en voulant s’imposer comme le héraut de la cause palestinienne, devait recevoir ce lundi le président russe, deux jours avant la tenue en Turquie d’un sommet de l’Organisation de la coopération islamique au sujet de Jérusalem.
On appelle hiérosolymitain(e)s les habitants de Jérusalem.#LeSaviezVous #LesGrossesTêtes pic.twitter.com/LP7qfag5EH
— Les Grosses Têtes (@GrossesTetesRTL) 11 décembre 2017
(Captures d’écran Twitter)
R.B avec AFP
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