#JeSuisJuif: le nouveau slogan pour lutter contre l’antisémitisme en France

Par Emmanuelle Bourdy
6 novembre 2023 19:18 Mis à jour: 6 novembre 2023 19:23

En France, les actes antisémites ne cessent de croître depuis l’attaque sanglante menée par le groupe terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Pour lutter contre ce fléau, plusieurs personnes ont repris le Hashtag #JeSuisJuif, faisant référence au slogan #JeSuisCharlie, lancé au lendemain de l’attaque terroriste du 7 janvier 2015. Toutefois, la reprise du #JeSuisJuif semble bien timide en comparaison.

Un total de 857 actes antisémites ont été recensés en France depuis le 7 octobre dernier, ce qui représente près de deux fois plus d’incidents que sur l’ensemble de l’année 2022, rapporte Le Figaro. Des personnes se mobilisent face à cette montée de l’antisémitisme en France, tentant notamment de la contrecarrer avec la reprise du slogan #JeSuisJuif.

Quelques personnalités ont repris le slogan

Depuis que le Hashtag #JeSuisCharlie a été publié par le directeur artistique Joachim Roncin – juste après l’attentat islamiste qui avait eu lieu dans les locaux du journal satirique – ce slogan a notamment été repris au lendemain de l’attaque terroriste du 16 octobre 2020 ayant coûté la vie à Samuel Paty. Des Hashtag #JeSuisProf ou #JeSuisSamuelPaty avaient alors largement envahi la toile.

Cette montée des actes antisémites en France inquiète les autorités, ainsi qu’un grand nombre de citoyens. Certains d’entre eux ont donc affiché leur soutien au peuple juif via le slogan #JeSuisJuif. L’auteur et journaliste Céline Pina a relayé le #JeSuisJuif sur X en ce début de mois, de même que le président de Touche Pas à Mon Flic, Bruno Attal. L’économiste et haut fonctionnaire Jean Messiha, également président de l’Institut Vivre français, l’a lui aussi mentionné ce 4 novembre sur X.

« Pas de pancartes, pas de slogans rassembleurs, pas de cortèges immenses… »

Sur Linkedin, l’acteur de théâtre et de cinéma français Philippe Torreton a publié une lettre ouverte engagée, expliquant en préambule qu’il y a quelques années, des millions de citoyens ont arboré le slogan ‘Je suis Charlie’. Mais depuis ce 7 octobre où « des terroristes ont atrocement massacré des centaines et des centaines d’hommes de femmes et d’enfants pour l’unique raison qu’ils étaient juifs », et alors même que trente français faisaient « partie de ces victimes », il indique chercher mais… ne voit « rien » !

« Pas de pancartes, pas de slogans rassembleurs, pas de cortèges immenses, de mot d’ordre, pas de concerts, rien ou si peu », se désole-t-il, avant de reprendre dans une longue tirade : « Si en fait pardon : je vois des graffitis antisémites qui se peignent tout en lâcheté sur les murs de nos villes, je vois des circonvolutions langagières n’arrivant pas à dénoncer l’horreur, je vois le cynisme et le clientélisme politique d’extrême gauche bégayer […]. » « Je vois finalement un petit pays se dresser seul contre la barbarie islamiste », a-t-il encore signifié, avant de conclure : « Je suis Juif. »

« Précisément parce que partout dans le monde TOUTES LES VIES SE VALENT »

« Je ne suis pas juif. Mais toute personne qui n’est pas juive, comme moi, qui est attachée à la justice et qui a un minimum conscience de l’Histoire devrait dire : ‘Je suis juif’, comme on disait : ‘Je suis Charlie’, même si on ne partageait pas tout ce qu’il y avait dans ce journal », a exprimé dans les colonnes du Point David Lisnard, le patron de l’Association de maires de France et maire de Cannes.

Rachel Khan, l’écrivaine d’ascendance juive, l’a aussi relayé sur X le 2 novembre dernier en l’accompagnant d’un message. « La France a un rendez-vous avec son histoire, un rendez-vous urgent avec sa devise, un rendez-vous impérieux avec la fraternité. Il s’agit, en fait, d’un moment de vérité pour la République, avec tout ce que nous sommes », a-t-elle écrit. La veille, l’écrivaine s’était déjà fendue d’un autre tweet mentionnant que « c’est très précisément parce que partout dans le monde TOUTES LES VIES SE VALENT que, par exemple, les français juifs n’ont pas besoin d’être intimidés ou d’avoir des cibles sur leur porte en forme d’étoile de David. Merci ».

Ils condamnent ces actes antisémites, mais n’ont pas adopté le slogan

Toutefois, très peu de personnalités politiques ont adopté ce slogan, alors même que plusieurs d’entre elles dénoncent et condamnent la vague d’actes antisémites. C’est le cas du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui s’est exprimé depuis le Centre culturel israélite de Levallois-Perret ce mardi 31 octobre, déclarant que la « République aura la main très ferme » concernant les auteurs des tags ou graffitis et « va protéger » la communauté juive de France.

C’est aussi le cas de la Première ministre Élisabeth Borne, qui « condamne avec une fermeté absolue ces agissements ignobles » ainsi qu’elle l’a déclaré à la tribune de l’Assemblée nationale ce mardi également. De même qu’Emmanuel Macron. Le chef d’État avait adressé un message de solidarité à la communauté juive de France le 12 octobre dernier, lors d’une allocution télévisée. Il avait alors a assuré la détermination de la République à la « protéger » face à tout acte d’antisémitisme et à tout discours de haine.

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