Vendredi 10 décembre, journée internationale des droits de l’homme, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé que la France ne se joindrait pas au boycott diplomatique des Jeux Olympiques de Pékin. Avant de faire un pas en arrière et de préciser que l’Union européenne devrait prendre une position commune. Celle de la France, au moins, était déjà claire.
Vendredi 10 décembre, journée internationale des droits de l’homme, l’association Dafoh, qui lutte contre les prélèvements forcés d’organes dans le monde, tenait une conférence en ligne avec des parlementaires européens et nord-américains. Annick Ponthier, de la Commission des Affaires étrangères du Parlement belge, y excellait au lancer de javelot en direction de la Chine : « Les Ouïghours du Xinjiang et surtout le mouvement spirituel des pratiquants de Falun Gong sont aujourd’hui les victimes des prélèvements d’organes organisés par l’État en Chine. Ce prélèvement d’organes fait partie d’un système de persécution plus large que le gouvernement chinois utilise pour effacer les identités religieuses, culturelles et philosophiques. Les méthodes déployées par le gouvernement chinois pour éradiquer des groupes tels que les pratiquants de Falun Gong et les Ouïghours présentent toutes les caractéristiques d’un génocide.[…] Les pratiquants sont enfermés, subissent un lavage de cerveau, sont torturés psychologiquement et physiquement, sont exécutés et leurs organes sont prélevés de force. »
Vendredi 10 décembre, les éditorialistes du Global Times, le porte-voix du régime communiste chinois, promettaient l’enfer à tous ceux qui oseraient ne pas être présents aux Jeux Olympiques de Pékin, répétant les menaces très claires formulées quelques jours plus tôt par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.
Vendredi 10 décembre, les associations tibétaines, ouïghoures et de sympathisants du Falun Gong se rassemblaient encore à Paris dans un marathon pacifique pour espérer l’arrivée d’un monde chinois dans lequel les différentes cultures qui ont grandi avec les dynasties pourraient être respectées, et les peuples vivre avec leurs traditions.
Vendredi 10 décembre, le site Minghui, forum d’échanges des pratiquants du Falun Gong, listait comme chaque jour depuis 22 ans de nouveaux cas de répression : une femme de 81 ans arrêtée comme si elle était une criminelle et bientôt jugée ; un habitant du Sichuan condamné à 4 ans de prison pour avoir détenu un livre du Falun Gong, sévèrement battu et dont les photos des jambes violacées ont pu passer le blocus Internet ; une institutrice qui a perdu toutes ses dents du fait de la torture.
Vendredi 10 décembre enfin, le Président français Emmanuel Macron pensait à haute voix « qu’il ne faut pas politiser ce sujet surtout si c’est pour prendre des mesures toutes petites et symboliques ». Le Président assume le fait d’être contre le boycott diplomatique des Jeux Olympiques de Pékin. Celui-ci serait ainsi trop ou trop peu, et vaudrait moins qu’une bonne discussion bilatérale pour s’assurer de la protection « des droits des athlètes », qui pourtant sont moins au cœur du sujet que les millions d’Ouïghours déportés, Tibétains déracinés et millions de pratiquants de Falun Gong persécutés.
L’illusion qui a permis le déroulement des Jeux Olympiques de 2008 ne fait même plus partie du discours. C’est probablement un pas en avant que de ne plus feindre de croire que la compétition sportive fera entrer en Chine un vent d’ouverture et de démocratie. Mais c’en est trois en arrière que d’avoir sorti de la trame des discours la recherche de dignité nationale et de solidarité avec les victimes.
Même la toute petite Nouvelle-Zélande, pourtant bien plus directement menacée que la France par la militarisation de la zone indo-pacifique – et tout autant opposée que la France au fait de devenir acteur secondaire d’un grand bloc anglo-américain – a rejoint le boycott. Elle qui ne tiendrait pas une semaine face à une attaque chinoise et passe pour « douce » vis-à-vis de Pékin, a agi et adressé un message clair au régime communiste. Diplomate, la Première ministre Jacinda Ardern l’a simplement enveloppé en prétextant un mélange d’inquiétudes pour les droits de l’homme et de précautions quant à la propagation du Covid-19.
La France pourrait, certes, faire mieux valoir sa grandeur et refuser ce qu’Emmanuel Macron appelle avec raison des mesures « petites et symboliques ». Ceci impliquerait cependant d’alors savoir en prendre de grandes, ce qu’elle n’a osé faire depuis plus de 30 ans, tétanisée devant un tigre de papier. La position de la France et les efforts qu’elle va déployer pour faire pencher la balance européenne dans le sens de l’inaction, voici ce qui pourrait être compris comme « petit » et « symbolique ».
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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