Attendu pour briller lors du para-triathlon des Jeux de Paris, Alexis Hanquinquant a déjà reçu les honneurs de devenir porte-drapeau de la délégation française et désormais d’allumer la vasque paralympique, une juste reconnaissance pour le multiple champion, victime d’un grave accident de travail il y a quatorze ans.
« Tu peux être champion d’Europe ou du monde six fois, tu es inconnu aux yeux des gens. Par contre, en étant champion à Tokyo, tu commences à être reconnu. Le seul grand championnat qui peut te faire sortir de l’ombre, ce sont les Jeux paralympiques », disait en juillet le Normand de 38 ans, six fois champion du monde et médaillé d’or lors des Jeux paralympiques 2021 au Japon.
L’ancien adepte de boxe full contact a bénéficié d’un coup de projecteur en étant nommé porte-drapeau des Bleus avec la para-athlète Nantenin Keïta. C’est d’ailleurs à ces côtés et ceux de trois autres parasportifs qu’il a embrasé la vasque au Jardin des Tuileries lors de la cérémonie d’ouverture, un mois après avoir été l’un des derniers porteurs de la flamme olympique le 26 juillet.
Invaincu depuis 2019 en PTS4
Le 1er septembre, lors de l’épreuve de triathlon qui donnera son départ du Pont Alexandre III et se terminera devant le cadre magnifique des Invalides, Alexis Hanquinquant pourrait être définitivement dans la lumière, à domicile. Et difficile d’imaginer un autre favori pour aller décrocher le titre dans la catégorie PTS4, lui qui est invaincu depuis 2019.
Après un grave accident de travail sur un chantier en 2010, Alexis Hanquinquant demande à être amputé trois ans plus tard de sa jambe droite, devenue un fardeau, et se lance par la suite dans le triathlon, avec une multitude de titres à la clé et le rêve, devenu réalité, d’une médaille d’or à Tokyo.
Le grand brun (1,95 m), ancien champion de France de boxe full contact chez les valides n’a visiblement peur de rien. Ni de l’état de la Seine, un « faux problème » à ses yeux car le fleuve « n’est pas plus sale qu’ailleurs », ni de la concurrence qui aimerait bien briser sa domination.
La tête de gondole d’une équipe de France ambitieuse
« J’ai beaucoup de respect pour mes adversaires mais si je dois être au niveau où je suis, il n’y a pas de raison que cela ne se passe pas bien », dit-il, lui qui est assurément la tête de gondole d’une équipe de France ambitieuse, comme lors des Jeux olympiques, avec deux médailles en triathlon dont le titre individuel de Cassandre Beaugrand.
Car Alexis Hanquinquant est « un athlète qui se connaît. J’ai déjà par le passé testé des choses, et je l’ai prouvé depuis Tokyo, ma marge de progression est toujours un peu en évolution même si c’est beaucoup plus difficile d’aller toujours plus vite et toujours plus fort », poursuit-il.
Il y a un an déjà, il avait dominé le test event de para-triathlon, un « premier test avec beaucoup de monde à Paris. Quelque chose de très cool, mais à un échelon bien inférieur à ce qui nous attend cet été », se souvient-il.
« La ferveur sera un plus mais attention quand même » à ne pas sortir de sa bulle.
Il nage « cinq à six fois par semaine, 35 bornes minimum »
L’épreuve en 2023 avait été transformée en duathlon à cause de la qualité de l’eau, même s’il avait quand même pu effectuer une reconnaissance dans la Seine. Et il y a d’ailleurs nagé à nouveau, au côté de la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera, pour une baignade symbolique avant les JO.
Le sportif qui nage « cinq à six fois par semaine, 35 bornes minimum », s’oppose d’ailleurs à l’idée d’un duathlon en tant que Plan B.
Ce ne serait pas « le même sport: dites à un basketteur qu’il va faire un match avec un ballon de hand », avait-il regretté. Cette option constitue un dernier recours, qui ne devrait pas être activé si le fleuve reste dans un état compatible avec la baignade.
Plus largement, Alexis Hanquinquant estime « qu’on est à un virage stratégique de cette inclusion, de cette acceptation, du changement de cette société » et qu’il ne faut pas « louper le coche » lors de ces Jeux.
A Paris, il est néanmoins convaincu que des gens « vont tomber amoureux de notre discipline et prendre un coup de pied de prothèse dans les fesses ».
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