JO-2022: Gu et Zhu, des Sino-Américaines entre adulation et mépris

Par Epoch Times avec AFP
9 février 2022 14:20 Mis à jour: 9 février 2022 14:21

Les deux sont nées Américaines et représentent désormais la Chine, mais si la skieuse acrobatique Eileen Gu est encensée après son titre olympique à Pékin, la patineuse Beverly Zhu ne bénéficie d’aucune indulgence après une prestation calamiteuse.

La Chine a recours depuis quelques années, à doses homéopathiques, à des naturalisations de sportifs étrangers, souvent d’origine chinoise, afin de se renforcer dans certains sports où elle est à la peine.

C’est le cas des équipes nationales de hockey ou de football – cette dernière a enregistré l’arrivée de plusieurs joueurs nés à l’étranger, y compris de Brésiliens sans ascendance chinoise.

Sportifs naturalisés

L’opinion publique attend de ces sportifs naturalisés qu’ils apportent un plus. Ce qui met une forte pression sur leurs épaules.

Celle-ci a été très bien gérée par Eileen Gu, 18 ans et l’une des vedettes annoncées des JO d’hiver de Pékin, qui a cimenté son statut de star en décrochant mardi le premier titre olympique de l’histoire en ski Big Air.

« Elle participe à ses premiers Jeux d’hiver et remporte l’or en réussissant un double cork à 1620°! », a écrit un utilisateur du réseau social Weibo en référence à la figure très difficile effectuée par la sportive en finale (4 tours et demi en l’air).

« Elle est tout simplement hallucinante », s’est-il exclamé dans un message très partagé.

Hostilité envers la patineuse artistique Beverly Zhu

Les réactions étaient bien plus hostiles envers la patineuse artistique Beverly Zhu, 19 ans, dont les deux parents sont Chinois et qui concourt désormais sous son nom chinois Zhu Yi.

Elle a fondu en larmes lundi après être tombée plusieurs fois, au lendemain de plusieurs chutes déjà, lors de l’épreuve par équipes. Sa contre-performance avait fait reculer la Chine de plusieurs places.

Si les médias officiels ont été compréhensifs, sa détresse n’a pas suscité beaucoup d’indulgence sur les réseaux sociaux chinois, où elle a été la cible d’attaques.

« Je ne comprends pas comment quelqu’un comme elle peut représenter la Chine », a écrit un utilisateur de Weibo.

Les commentaires étaient parfois si outranciers que les censeurs en ont apparemment effacés certains.

La Chine n’autorise pas la double nationalité. Un sportif naturalisé n’est donc pas censé conserver sa nationalité d’origine.

Zhu Yi de l’équipe chinoise patine lors de l’épreuve par équipe féminine de patinage libre le 07 février 2022 à Pékin, Chine. Photo de Catherine Ivill/Getty Images.

Interrogée mardi en conférence de presse, Eileen Gu (appelée « Gu Ailing » en chinois), née en Californie d’un père américain et d’une mère chinoise, n’a pas clarifié si elle avait encore un passeport américain.

Mannequin, Eileen Gu a de nombreux fans dans le pays asiatique

Si elle vit essentiellement aux Etats-Unis, elle dit passer « de 25 à 30% de l’année » en Chine, où elle a toujours des attaches.

Excellente élève, mannequin, Eileen Gu a de nombreux fans dans le pays asiatique, notamment grâce à son mandarin parfait et son amour de la cuisine locale. Elle est aussi la vedette de nombreuses publicités.

Beverly Zhu, de son côté, a confirmé avoir renoncé à sa nationalité américaine.

Mais, après sa contre-performance, de nombreux internautes ont été prompts à lui reprocher son mauvais niveau de mandarin et ses origines familiales.

Eileen Gu et Beverly Zhue jouent les équilibristes

Certains ont insinué que sa place aux JO avait été obtenue grâce à son père, un expert en intelligence artificielle revenu travailler pour le compte de la Chine après des années aux Etats-Unis.

Le cœur partagé entre deux pays, Eileen Gu et Beverly Zhu sont parfois contraintes de jouer les équilibristes, notamment en raison des tensions diplomatiques entre Pékin et Washington.

Eileen Gu fait par exemple l’objet aux Etats-Unis de reproches récurrents sur son « ingratitude » supposée car elle porte désormais les couleurs de la Chine après avoir été formée aux Etats-Unis.

Interrogée sur ces critiques mardi, elle ne s’est pas démontée.

Se disant « Américaine quand (elle est) aux Etats-Unis et Chinoise quand (elle est) en Chine », elle a dit vouloir utiliser le sport pour réconcilier les deux pays.

« Je suis une jeune fille de 18 ans qui vit sa vie à fond », a-t-elle déclaré avec aplomb. « Que certains soient contents ou pas (de mes choix), cela n’a pas vraiment d’importance. »

 

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