ENQUêTES

JO 2024 à Paris : une course d’obstacles olympique

mars 6, 2024 18:29, Last Updated: avril 25, 2024 16:19
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Dans moins de 5 mois, Paris va accueillir le plus grand événement sportif de la planète. Une course d’obstacles qui a commencé en 2017 avec l’obtention des Jeux et victime aujourd’hui d’un « JO bashing » en France et à l’étranger.

Entre 12 et 15 millions de visiteurs sont attendus entre le 26 juillet et le 11 août 2024 pour des épreuves olympiques qui se dérouleront sur 25 sites principaux à Paris et en Île-de-France.

Plus de 300.000 spectateurs sont attendus à la cérémonie d’ouverture qui aura lieu sur la Seine – une première mondiale, protégés par un dispositif de sécurité hors-norme de 45.000 forces de l’ordre.

Pour que la fête soit réussie, plusieurs obstacles restent encore à dépasser pour les organisateurs et les spectateurs.

Le prix des billets et de l’hébergement

Le premier obstacle pour les spectateurs est le prix des billets. Tony Estanguet, président du comité d’organisation, expliquait qu’ils sont « à peu près dans la même gamme de prix » que ceux des éditions de Londres-2012 et Tokyo en 2021, sans préciser la proportion des places par gamme et par compétition.

Au début du mois de janvier 2024, plus de 7,6 millions de billets étaient déjà mis en vente sur les 10 millions disponibles. Selon les compétitions, les tarifs varient de 24 euros à 990 euros pour les plus suivies, comme la natation ou l’athlétisme.

Les prix sont particulièrement plus élevés pour la cérémonie d’ouverture. Plus de 220.000 billets vont être distribués « gratuitement sur invitation » pour le haut des quais, alors qu’il faut compter 2700 euros pour un billet aux premières loges sur le bas des quais – des billets déjà tous vendus.

Le deuxième obstacle, l’hébergement. Avec une offre restreinte de logements à Paris et en Île-de-France (2,3 à 3,3 millions de spectateurs cherchent un logement contre 261.782 chambres disponibles), les prix s’envolent : 699 € en moyenne la nuit dans un hôtel d’Île-de-France pendant les JO, contre 169 € en 2023 à la même période, (+314 %); le 1.033 euros en moyenne pour une nuit d’hôtel à Paris, de contre 317 euros à la même période l’an passé (+226%).

Les transports

L’obstacle suivant pour assister aux compétitions est celui des transports. 7 millions de passagers supplémentaires sont attendus en Île-de-France sur un réseau de transports déjà saturé aux heures de pointe.

Selon le Canard enchaîné, le préfet de la région Île-de-France, Marc Guillaume, a prévenu que « les seuils de saturation seront régulièrement dépassés » pour 11 lignes de métro, 5 lignes de RER et 5 Transiliens. Début février, le gouvernement lançait une campagne pour inciter les Franciliens à télétravailler pendant la période des JO afin de diminuer la pression sur les lignes.

Pour gérer cet afflux supplémentaire, l’offre de transports sera augmentée de 15%, avec des itinéraires adaptés selon le trafic (le ministère des transports a mis en ligne une carte interactive pour anticiper les déplacements) et la mise en place de nouvelles lignes de bus.

Alors que la candidature française promettait la gratuité des transports publics pour les spectateurs munis d’un billet, il y aura au contraire une augmentation du ticket de métro de 2,10 à 4 euros. Un « Pass Paris 2024 » sera disponible du 20 juillet au 8 septembre 2024 pour se déplacer dans toute l’Île-de-France pour un coût de 16 euros par jour ou de 70 euros par semaine.

Vélib’ promet également d’ajouter 3.000 vélos en libre-service. Les visiteurs auront l’occasion de découvrir la qualité du service de transport, jugé « insuffisant au regard des objectifs contractuels » par des auditeurs externes en 2023.

Quant à la circulation des voitures, certaines zones autour des sites olympiques nécessiteront « d’obtenir un laissez-passer » alors que d’autres seront complètement interdites.

L’insécurité 

Une moyenne de 30.000 policiers et gendarmes vont être déployés tous les jours lors des compétitions. La Seine-Saint-Denis, département le plus criminogène de France où se trouve le village olympique, bénéficiera d’une attention particulière.

Selon Michel Lavaud, directeur territorial de la sécurité de Seine-Saint-Denis au micro de France 24, « il faudra que les spectateurs puissent aller et venir en sécurité en Seine-Saint-Denis, quand ils vont à leur hébergement ou quand ils prennent un transport ». Des contrôles de police ont été intensifiés dans le département en 2023 pour diminuer les trafics de stupéfiants.

Mais d’après les derniers chiffres de l’insécurité et de la délinquance du ministère de l’Intérieur, la quasi-totalité des indicateurs étaient en augmentation en 2022: coups et blessures volontaires (+24,6%), cambriolages de logements (+25,5%), vols dans les véhicules (+10,6%), les violences sexuelles (+19,9%). L’année 2023 n’a pas connu de nette amélioration, affirme une source policière au JDD, avec une augmentation des vols dans les transports publics et une explosion des agressions sexuelles.

Depuis plusieurs mois, le ministère de l’Intérieur met tout en œuvre afin d’éviter le scénario chaotique du Stade de France au moment de la finale de la Ligue des champions en mai 2022, où des centaines de supporteurs de Liverpool et du Real Madrid avaient été agressés et dépouillés par des bandes organisées venues des banlieues avoisinantes.

Le terrorisme

À la délinquance de droit commun s’ajoute le risque terroriste. « Le principal risque reste la menace terroriste » a déclaré Bruno Le Ray, directeur de la sécurité du Comité d’organisation des Jeux.

Plus de 300.000 spectateurs, tous préalablement contrôlés, sont attendus lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Le défi logistique et sécuritaire est inédit pour l’événement planétaire le plus diffusé au monde, car, pour la première fois des Jeux, une cérémonie d’ouverture aura lieu hors d’un stade, au cœur d’une ville.

À événement exceptionnel, mesures exceptionnelles. 12.000 gendarmes seront déployés en Île-de-France et près de 80.000 sur tout le territoire. L’organisation des Jeux prévoit de son côté plus de 25.000 agents de sécurité – qu’elle peine encore à recruter. 20.000 militaires de l’opération Sentinelle sont déjà déployés depuis le mois d’octobre dans le cadre du plan Vigipirate fixé au niveau maximum « urgence attentat ».

En haut de la tour de contrôle de la sécurisation des Jeux se trouvera une cellule spécialisée d’une quinzaine d’agents des services de renseignement, installée à l’hôtel de Beauvau. Des centaines d’agents surveilleront la sécurité des épreuves dans un site ultra sécurisé à l’abri des cyberattaques. La surveillance vidéo via des caméras et la reconnaissance algorithmique – encore en phase de test, ainsi que l’usage de drones seront massivement généralisés autour et au-dessus des sites de compétition.

Les équipes d’intervention du GIGN, du Raid et de la BRI seront intégrées dans un commandement communs – une première pour ces unités d’élite, lit-on dans le JDD, et une surveillance aérienne sera assurée par l’Armée de l’air pour anticiper toutes attaques possibles.

Outre le risque terroriste, une protection particulière sera apportée aux athlètes de la délégation israélienne en raison du récent conflit opposant Israël au groupe terroriste du Hamas.

Les grèves 

Enfin, dernier obstacle à sauter et pour lequel la France est déjà championne olympique: les grèves. Plusieurs syndicats ont déposé des préavis pour la période des Jeux: la RATP et son syndicat majoritaire CGT-RATP; la SNCF avec des grèves prévues jusqu’au 26 juillet; le syndicat Sud-Solidaires pour les pompiers; l’Association des médecins urgentistes de France ou encore les syndicats des travailleurs de la Tour Eiffel.

Passer toutes ses épreuves sera sûrement une performance olympique pour les organisateurs des Jeux. Grâce à eux, des spectateurs du monde entier pourront apprécier cette fête internationale du sport, dans une des plus vieilles et des plus belles villes du monde. Espérons que les visiteurs pourront, en passant les pièges de l’insécurité, des transports, des grèves, etc. voir l’incroyable esprit de convivialité et de fraternité, d’art de vivre et de bonnes manières encore présent chez le peuple français.

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