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JO-2024: des bouquinistes consternés assistent à l’enlèvement de leurs «boîtes»

novembre 18, 2023 14:40, Last Updated: novembre 19, 2023 12:22
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Suspendue à trois mètres du sol, l’antique boîte à livres d’un bouquiniste parisien oscille doucement, arrachée du parapet du quai de Seine par un gros camion grue.

Vendredi soir, la mairie de Paris a déployé les grands moyens pour démonter quatre de ces boîtes emblématiques de la capitale, un test de faisabilité avant les Jeux olympiques. Pour des raisons de sécurité, la préfecture de police de Paris réclame en effet le démontage de près de 600 des 900 boîtes couleur vert wagon avant la cérémonie d’ouverture du 26 juillet 2024, qui se déroulera sur le fleuve.

Devant un petit groupe de bouquinistes consternés, une vingtaine d’agents de la ville, aidés d’une entreprise de déménagement, ont passé plusieurs heures à procéder à cet enlèvement, après avoir soigneusement vidé les centaines de livres qui y étaient entassés.

« Comme un arrachage de dent ! »

Une grue a ensuite soulevé un par un ces gros rectangles de bois, souvent fragilisés par les ans et les intempéries. Les boîtes qui ont été enlevées étaient fixées au quai depuis cinquante ans, mais les plus vieilles ont 150 ans.

« C’est comme un arrachage de dent ! Tout ça pour quatre heures de cérémonie ! Ce que les guerres n’ont pas réussi à faire, les JO vont y parvenir : nous faire disparaître », se désole auprès de l’AFP Michel Bouetard, secrétaire général de l’Association des bouquinistes. « Tout cela est démesuré. Si on les retire, on ne sait jamais quand elles reviendront », avertit Jérôme Callais, le président de l’association. « Mais s’ils persistent à vouloir les enlever, on ira au contentieux. »

Des employés emballent les livres d’un bouquiniste parisien, exerçant sur les berges de la Seine, lors d’une séance de test exigée par la préfecture de police de Paris pour démonter et remonter les boxes des bouquinistes. (Photo MIGUEL MEDINA/AFP via Getty Images)

Beaucoup de bouquinistes – ils sont environ 230 – n’ont aucun autre revenu. « Que vont-ils faire en cas de plusieurs semaines d’inactivité ? », s’inquiète-t-il. Quelques élus parisiens étaient venus les soutenir. « Nous sommes contre, tout cela est décidé pour pouvoir faire de la publicité sur les quais », s’énerve Corine Faugeron, présidente du groupe Les Écologistes au Conseil de Paris.

« Un moment historique »

D’autres en appellent à Emmanuel Macron. « Je l’ai rencontré quand il est passé quai des Grands Augustins mi-octobre. Il nous a dit : ‘‘Je suis au courant, je vous défends, vous faites partie de Paris’’. Mais il est supérieur au préfet, il peut lui dire de nous faire rester », s’écrie Francis Robert, bouquiniste depuis 43 ans. « Pourquoi les enlever, puisque des barrières de sécurité seront posées à 1,50 mètre du quai ? » renchérit une de ses collègues.

Des employés chargent sur une remorque l’un des cartons retirés d’un bouquiniste parisien. (Photo MIGUEL MEDINA/AFP via Getty Images)

Pendant ce temps, les agents de la mairie ont réussi à hisser les boîtes dans le camion, sans dégât apparent. « C’est un moment historique », balbutie une bouquiniste les larmes aux yeux. Un autre reste silencieux, le regard dur, rivé sur le parapet dénudé. Vers minuit et demi, les boîtes étaient remises sur le parapet et les livres replacés à l’intérieur, comme le prévoyait l’opération.

Samedi matin, la mairie de Paris s’est déclarée satisfaite du déroulement du test. « Nous avons aujourd’hui la certitude que l’on peut déplacer, c’est-à-dire déposer puis reposer les boîtes dans de bonnes conditions et dans un temps raisonnable », a affirmé aux journalistes Pierre Rabadan, l’adjoint chargé du sport. L’opération à grande échelle nécessitera l’appel à un prestataire.

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