Les Jeux olympiques de Paris 2024 débutent le 26 juillet prochain et les spectateurs savent déjà qu’ils vont devoir s’armer de patience pour assister aux compétitions. Ils n’avaient peut-être pas prévu un nouvel obstacle à leur Graal sportif, faire partie des millions de spectateurs dont les cartes bleues seront inactives sur les sites des épreuves, selon une information du Figaro. En cause, un partenariat exclusif du Comité international olympique avec l’entreprise américaine Visa pour les paiements dématérialisés.
Toutes les cartes de paiement autres que Visa seront inactives
Comme si les difficultés actuelles pour assister aux JO ne suffisaient pas, des millions de spectateurs verront que leurs cartes bleues sont inactives sur les 15 sites olympiques. Seules les transactions numériques effectuées avec une carte Visa seront acceptées.
En d’autres termes, les détenteurs d’autres cartes, telles qu’American Express et Mastercard, ne pourront pas effectuer de paiement par carte bleue, celles-ci seront bloquées dans des zones géographiques spécifiques. Ces zones incluront tous les sites et installations où se dérouleront les compétitions, les boutiques officielles des Jeux, les points de vente autorisés pour les boissons, la nourriture et les souvenirs, totalisant près de 5.000 emplacements.
En France, on compte 65% d’utilisateurs de cartes Visa, et avec entre 10 à 15 millions de spectateurs attendus à Paris pendant la durée des Jeux, dont une partie venant de l’étranger (10%, selon les chiffres avancés par l’office de tourisme de Paris), ce sont quelques millions de spectateurs qui seront touchés par l’inactivité de leur carte bleue.
Un obstacle supplémentaire qui risque de ne pas plaire aux Français, qui payent 50% de leurs achats en carte bleue et ont de moins en moins d’argent liquide sur eux. Une situation qui pourrait aussi être préjudiciable aux commerçants sur place, les spectateurs pouvant moins consommer du fait de la difficulté à payer.
Un partenariat exclusif avec le CIO
Dans un entretien accordé à L’Équipe, Charlotte Hogg, directrice générale de Visa Europe, a confirmé que sa société prendra en charge tous les services de paiement en exclusivité pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024.
Le géant américain est le seul partenaire officiel du Comité international olympique (CIO) pour les paiements dématérialisés pendant les Jeux, depuis 1986 et jusqu’en 2032.
Ce ne sont pas les premiers Jeux pour lesquels l’entreprise a le monopole des transactions numériques. L’entreprise était déjà partenaire des JO de Pékin en 2008, de Vancouver en 2010 et de Londres en 2012, une dérogation ayant été accordée lors des Jeux d’hiver de Pékin en 2022, où les transactions en yuan numérique étaient acceptées.
Les solutions de repli pour les spectateurs
L’entreprise Visa mettra en place 4.500 terminaux de paiement sur les 15 sites des Jeux — utilisables uniquement pour les titulaires d’une carte Visa, ainsi qu’une soixantaine de distributeurs automatiques de billets. Pour acheter des souvenirs, de quoi manger ou boire, vous pourrez, si vous n’êtes pas détenteur d’une carte Visa, retirer de l’argent liquide sur ces bornes automatiques, en prévoyant de possibles longues files d’attente.
Selon Charlotte Hogg, « vous pourrez acheter une carte Visa prépayée sur chaque site de compétition ». Vous pourrez ainsi acheter directement sur votre téléphone une carte virtuelle Visa via l’application prévue à cet effet. Des cartes temporaires prépayées seront également distribuées dans les enceintes olympiques, disposant d’un plafond de 150 euros et permettant aux spectateurs une utilisation sur tous les sites des épreuves et en dehors, jusqu’à la fin de l’année 2024.
Un partenariat qui ne fait pas l’unanimité parmi les commerçants. En effet, ces derniers ont des préoccupations sur les risques que cette exclusivité de Visa dans les zones commerciales décourage les détenteurs d’autres cartes. Les spectateurs sans Visa, forcés de faire la queue pour retirer de l’argent ou récupérer une carte prépayée avant de se rendre dans les boutiques, pourraient renoncer devant ce parcours du combattant.
Une source de mécontentement assurée et assumée
On peut se demander quel effet aura l’inactivité des cartes bleues auprès des Français, si prompts à défendre leur liberté avec vigueur, et si cela causera une image négative sur la marque américaine. Pas sûr que tout le monde soit ravi quand, devant le fait accompli, ils verront leurs cartes bleues désactivées à quelques minutes du début des compétitions.
Ces complexités de paiement s’ajouteront à la course d’obstacles olympique des spectateurs à Paris entre l’hébergement, les transports, l’accès aux places, la sécurité et le terrorisme.
Comme s’il fallait le préciser, l’exclusivité des paiements de Visa pour les JO « est légale », a précisé Jean-Paul Mazoyer, président du GIE et directeur général adjoint du Crédit agricole SA, car « c’est un contrat de droit privé entre le CIO et un opérateur américain ». Mais « cela pose quand même des questions en termes de souveraineté de paiement », selon Challenges.
Pour l’entreprise américaine, ce partenariat, qui se chiffrerait en centaines de millions d’euros, leur assure une visibilité inégalée, valant bien le coût des critiques d’une partie des spectateurs.
Dans une précédente version, nous avions écrit que les cartes autres que Visa allaient être « désactivées » sur les sites olympiques, nous avons corrigé par « inactives », pour plus de clarté pour le lecteur. Cependant, les cartes bleues autres que Visa ne fonctionneront effectivement pas sur les sites des Jeux, l’article est aussi là pour informer le lecteur de cette déconvenue et lui présenter les différentes alternatives.
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