Ils dérobaient surtout des appareils photos et des ordinateurs. Trois hommes et une femme ont été condamnés lundi à deux ans d’emprisonnement ferme avec maintien en détention par le tribunal correctionnel de Bobigny pour de multiples larcins sur les sites olympiques.
De nationalité colombienne et âgés de 24 à 43 ans, ils ont également l’interdiction de paraître en France pendant dix ans à l’issue de leur peine et devront régler une amende de 5.000 euros. L’enquête débute le 28 juillet avec le dépôt de plainte de la société Beijing Momenta Media. Une de ses caméras d’une valeur de 15.000 euros a été volée sur son trépied, en tribune presse au CAO, la piscine olympique. Concomitamment, Ben Hallock, un poloïste américain, se plaint du vol de son accréditation au bord du bassin.
Les enquêteurs de la Sûreté territoriale du 93 épluchent les caméras de vidéosurveillance et identifient les malfrats : une femme fait le guet pendant qu’un homme dérobe la caméra.
Plusieurs plaintes
Lundi, ces deux personnes, un frère et une soeur colombiens, résidant au Brésil, ont comparu devant la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny, aux côtés du conjoint de la femme et d’un ami du groupe. Ils ont tous les quatre été jugés détenus à l’issue de leur garde à vue. Appareils photos, objectifs, ordinateurs portables, portefeuilles… l’inventaire des vols qui leur sont attribués est long car la Sûreté territoriale a fait le lien avec plusieurs plaintes pour vol déposées lors des JO-2024.
Dimanche, le procureur de la République à Bobigny Éric Mathais a posté sur X une photo du butin retrouvé lors de la perquisition de leur logement loué via Airbnb. « L’essentiel des objets n’ont pas été retrouvés », a précisé à l’audience la procureure Clotilde Deney qui avait requis 4 ans d’emprisonnement. « Ça fait partie des affaires qui mettent à mal les JO et portent atteinte à cette ferveur dans laquelle on s’inscrit tous », a-t-elle déclaré.
2/3Grâce à 1 enquête intense, ces individus ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la France. Ce week-end, ils ont été placés en détention provisoire dans l’attente de leur comparution devant la 31ème chambre correctionnelle du tribunal de #Bobigny, ce lundi 12 août pic.twitter.com/tAbFxvAYiY
— Eric MATHAIS, procureur de BOBIGNY (@Procureur93) August 11, 2024
Parc des princes, CAO (centre aquatique olympique), stade Yves-du-Manoir à Colombes… les malfaiteurs multiplient les sites où ils apparaissent tantôt vêtus comme des touristes, tantôt comme des membres de l’organisation.
Venus pour du tourisme
Entre temps, ils font également des excursions dans des restaurants et hôtels à Paris où ils dérobent portefeuilles et ordinateurs. Une vingtaine de devises et les preuves de virement Western union seront trouvées lors de la perquisition. Dans le box, les prévenus arrivés en France courant juillet ont reconnu quelques vols d’opportunité mais ont martelé qu’ils étaient venus pour du tourisme.
« Est-ce qu’il peut expliquer ce qu’il a visité ? », lance le président de la chambre, Jean-Baptiste Acchiardi, à destination de l’interprète en espagnol. « Tour Eiffel, Arc de triomphe, Église Notre-Dame », énumère le prévenu qui a reconnu le plus de vols. « Ah pas de chance, elle est fermée », l’interrompt le président. « On ne retrouve aucun billet d’entrée dans les musées, aucune photo en train d’admirer les splendeurs de notre pays. En revanche on voit une quantité d’objets volés », assène-t-il.
En prévision d’un surplus d’activité liée à la délinquance pendant la quinzaine olympique, le tribunal judiciaire de Bobigny s’était organisé en conséquence. Depuis quelques mois, une troisième chambre de comparutions immédiates – celle où s’est tenue l’audience lundi – a été ouverte. Mais, notamment du fait de la forte présence policière, le déferlement d’affaires de vols aggravés et de violences n’a pas eu lieu. Le dossier des Colombiens est l’un des rares dossiers en lien avec les JO jugés en comparution immédiate en région parisienne. Ce n’est pas la première fois qu’une filière de voleurs issus d’Amérique latine s’illustre sur des événements sportifs en France.
Certains étaient notamment venus lors de la finale de la Ligue des Champions en mai 2022, tristement célèbre par ses manquements sécuritaires et la multiplication des vols de touristes – des formulaires pour porter plainte avaient même été créés sur les sites des ambassades de France au Royaume-Uni et en Espagne. En juillet 2022, trois Péruviens avaient été condamnés à Bobigny à six et neuf mois d’emprisonnement avec sursis pour le recel de téléphones volés à des supporters. Après la finale de la Ligue des champions, 80 plaintes avaient été recueillies par les autorités.
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