La Brésilienne Ana Marcela Cunha, championne olympique en titre de natation en eau libre, a appelé dans un entretien à l’AFP les organisateurs des JO 2024 à élaborer un « plan B » au cas où les épreuves ne pourraient pas se dérouler dans la Seine, à cause d’une mauvaise qualité de l’eau.
« C’est une préoccupation. Il n’y a pas eu d’événement-test l’an dernier à cause de ça, mais (les organisateurs) insistent à vouloir que les épreuves aient lieu là-bas (…). Il faut un plan B au cas où cela ne serait pas possible de nager » dans la Seine, a déclaré la nageuse de 31 ans en marge d’une compétition sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro.
« Il ne s’agit pas d’effacer l’histoire de la Seine, nous savons ce que représente le pont Alexandre-III, la tour Eiffel, mais je pense que la santé des athlètes doit passer avant », argue la championne, selon qui « les organisateurs doivent accepter que, peut-être, il sera malheureusement impossible de réaliser les épreuves là où ils le veulent ».
À moins de cinq mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris (26 juillet – 11 août), la qualité de l’eau de la Seine, fleuve emblématique qui traverse la capitale française, continue de donner des sueurs froides aux organisateurs.
La Seine doit également accueillir les épreuves de triathlon, et sa baignabilité, ainsi que celle de son affluent la Marne, est censée être l’un des grands héritages des Jeux olympiques et paralympiques.
Un niveau de qualité insuffisant de juin à septembre
Les analyses réalisées de 2015 à 2023, transmises à l’AFP par la mairie de Paris, montrent de fortes variations l’été dernier, avec plusieurs pics de concentration de deux bactéries indicatrices de contamination fécale.
Aucun des 14 points de prélèvement parisiens de l’eau n’a atteint un niveau de qualité suffisant au regard des directives européennes en 2023, globalement de juin à septembre.
Interrogée sur son état d’esprit à l’idée de devoir concourir avec un doute sur la qualité de l’eau, Ana Marcela Cunha évoque « un avant et un après ».
« Le jour de la compétition, il n’y a pas grand-chose à faire (…). Mais, après, une fois sorti de l’eau, on peut tomber malade quinze jours plus tard. Au moment de la compétition, on n’y pense pas, on s’inquiète après », dit la championne brésilienne, en exhortant plus largement à une prise de conscience environnementale.
« La Seine n’est pas faite pour nager »
« Tout est lié à la façon dont on traite la nature » et « tout le monde doit jouer son rôle », dit la jeune trentenaire en citant la pollution plastique des mers, même si, pour en revenir aux Jeux de Paris, c’est aussi « lié à un problème d’infrastructures : la Seine n’est pas faite pour nager », selon elle.
Malgré cette incertitude, Ana Marcela Cunha affirme rester concentrée sur son objectif : conserver son titre, pour sa quatrième participation à des JO.
Un sacré défi pour la septuple championne du monde, qui devrait avoir des adversaires coriaces comme l’Allemande Leonie Beck ou la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal, médaillée d’or aux Jeux de Rio 2016.
Gagner, « je sais que c’est ce que tout le monde attend. Je sais gérer la pression et les attentes », rétorque la nageuse brésilienne. « J’ai dû traverser de nombreuses épreuves, j’ai dû me faire opérer (de l’épaule, en novembre 2022), et mes adversaires me respectent. Je vais être la personne à battre, mais je reste sereine à ce sujet », poursuit-elle.
S’agira-t-il, quoi qu’il arrive, de ses derniers JO ? « Tant que je suis heureuse et que je continue à progresser, je ne veux pas fixer de date, pour éviter de faire un compte à rebours », assure la nageuse.
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