JO 2024 : les Jeux les plus écologiques de l’histoire ?

Par Germain de Lupiac
24 juillet 2024 07:57 Mis à jour: 24 juillet 2024 08:00

Les JO 2024 de Paris sont censés être les plus « verts » de l’histoire des Jeux olympiques. Au moment de la candidature de la France en 2017, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojo) a promis que les Jeux de Paris seraient les plus écologiques et « à contribution neutre pour le climat », une affirmation modérée depuis.

Lits en carton biodégradables pour les athlètes, constructions pérennes du village et des infrastructures olympiques, diminution du plastique, nettoyage de la Seine, le Cojo et les autorités ont joué au maximum le jeu. Ce qui n’est pas l’avis d’associations écologistes demandant encore plus d’efforts.

Les JO-2024, loin de la médaille d’or écologique, selon une ONG

La communication des Jeux évoque une pollution carbone moitié moindre que lors des précédentes olympiades. Même si « notre ambition reste intacte », a assuré Georgina Grenon, directrice de l’excellence environnementale de Paris 2024, après la parution en avril d’un rapport de l’ONG Carbon Market Watch qui appelle à une réforme « radicale ».

Paris-2024 prévoit l’émission de quelque 1,58 million de tonnes équivalent CO2, soit moins de la moitié des 3,5 millions de tonnes en moyenne des Jeux de Londres (2012) et Rio (2016). Des efforts ont été faits pour limiter les émissions sur la construction – 95% des infrastructures sont déjà existantes ou temporaires.

Mais l’objectif « semble à première vue ambitieux » et « difficile à vérifier », met en garde l’ONG. Pour elle, la stratégie climatique des organisateurs demeure « incomplète » et « manque de transparence »: « aucune méthodologie ou précision quant au mode de calcul n’a été dévoilée », explique l’organisation dans un rapport.

Cependant les organisateurs « méritent d’être salués » pour leur tentative de rendre plus vert un évènement d’une telle envergure mais, « en dépit d’améliorations marginales », l’empreinte carbone des Jeux « demeure trop élevée pour être soutenable ». C’est « encourageant » mais « il faut faire plus », résume Gilles Dufrasne, l’un des responsables de Carbon Market Watch.

Si Georgina Grenon « se réjouit » que l’ONG ait « salué les efforts », elle regrette certaines « inexactitudes sur des informations qui sont pourtant publiques ».

De son côté, le Cojo estime que les émissions se déclinent en trois tiers: un pour les déplacements (et 25% du total pour les seuls voyages des spectateurs), un autre pour les constructions (dont 25% pour celles permanentes) et un dernier pour les opérations des Jeux (hébergement, sécurité, restauration, etc) – avec « même pas 1% » pour la consommation d’énergie, précise directrice de l’excellence environnementale.

Un accélérateur de « la transition écologique de Paris », selon la maire de Paris

L’organisation des Jeux olympiques a permis d’ « accélérer la transition écologique de Paris », a défendu fin décembre la maire de Paris Anne Hidalgo. « Bon nombre de nos avancées, en matière de climat, en matière sociale, et notamment pour la Seine-Saint-Denis, n’auraient jamais vu le jour » sans les JO, a affirmé la maire.

Même écho le jour de sa baignade dans la Seine, le 17 juillet. « Les Jeux ont été un accélérateur » et cette baignade symbolique marquera « une date butoir » et « sera un héritage majeur », a affirmé l’édile.

Plusieurs épreuves olympiques doivent se dérouler dans le fleuve pendant les Jeux, et la mairie a prévu d’ouvrir trois sites à la baignade pour l’été 2025.

Autre coup d’accélérateur, les JO permettront aux futurs résidents permanents du village olympique en Seine-Saint-Denis, reconverti en logements, d’avoir un « habitat digne » et au covoiturage de bénéficier d’une voie dédiée sur le périphérique, qui ceinture la capitale française, a souligné la maire. Plus de logements aux normes environnementales et moins de trafic automobile.

1,4 milliard d’euros pour rendre la Seine baignable

Parmi les réalisations que les Jeux « auront accélérées », celle d’avoir une « Seine propre et baignable” est la plus coûteuse et la plus emblématique. Il s’agit d’une reconquête au long cours, fruit d’un budget de 1,4 milliard de d’euros et de colossaux travaux de dépollution d’un fleuve longtemps considéré comme un dépotoir.

Avec les JO, le « plan baignade » lancé en 2016 par l’État et des collectivités locales a connu un coup d’accélérateur pour limiter les rejets d’eaux usées dans la Seine et la Marne, son principal affluent.

Depuis 2018, une loi oblige bateaux et péniches si emblématiques des berges de la Seine à se raccorder au réseau d’assainissement pour ne plus déverser leurs eaux souillées dans le fleuve. Selon la préfecture, la totalité des 250 propriétaires l’ont fait sauf un qui sans doute sera déplacé.

Idem pour la résorption des mauvais branchements des particuliers, obligatoire depuis 2021. Jusque-là, quelque 23.000 maisons de banlieue proche évacuaient eaux de douche et de toilettes directement dans la nature.

« On est passés de 20 millions de m3 à deux millions de m3 de rejets dans la Seine par an ces dernières années », a indiqué Samuel Colin-Canivez, responsable des grands travaux du réseau d’assainissement parisien.

En amont de la capitale, parmi les deux principales stations d’épuration modernisées, l’usine de Valenton (Val-de-Marne) joue un rôle fondamental pour améliorer le traitement des eaux usées. Toujours en amont, à Champigny-sur-Marne, une nouvelle station de dépollution des eaux pluviales est entrée en fonction au printemps.

Pour éviter le cauchemar en cas de pluies abondantes, la clé du dispositif – parmi les ouvrages majeurs construits – c’est le bassin d’Austerlitz qui est le plus imposant avec un « bassin d’orage » mis en service fin mai et pouvant contenir 50.000 m3 d’eau – l’équivalent de 20 piscines olympiques.

« Il reste statistiquement quelques pluies dans l’année pour lesquelles ces capacités de stockage ne suffiraient pas », reconnaît le préfet de région Marc Guillaume mais, affirme-t-il, « l’objectif de dépolluer à 75% sera tenu ».

Les analyses de la qualité de l’eau au niveau du pont Alexandre-III étaient dans les normes sanitaires six jours sur sept du 10 au 16 juillet, ont dévoilé la préfecture de région et la mairie de Paris, le 19 juillet à une semaine de l’ouverture des Jeux.

Des Jeux plus responsables ?

Globalement la réponse est oui. Depuis l’attribution officielle des Jeux à la France en septembre 2017, les membres du comité d’organisation des Jeux Olympiques et du gouvernement ont promis de proposer un modèle de Jeux différents, plus sobre et écologique.

Sur leur site, on peut lire qu’ils ont cherché à avoir « moins de sites construits, moins d’équipements produits, moins de plastique à usage unique dans la restauration » et que les Jeux ont été un laboratoire de solutions responsables en se basant sur l’existant et en favorisant les entreprises locales.

La candidature de Paris a voulu porter l’engagement « réduire de moitié son empreinte carbone par rapport aux éditions précédentes et compenser les émissions qui n’auront pas été évitées », une mission accomplie selon les organisateurs.

Mais le constat n’est pas partagé par plusieurs ONG écologistes. L’association France Nature Environnement IDF a, par exemple, vivement réagi récemment aux impacts environnementaux et sociaux des Jeux : « Certes, l’emploi local a été favorisé, avec des clauses sociales et environnementales dans les marchés publics. Mais nous critiquons l’augmentation de la densification urbaine » a déclaré l’ONG. La destruction des jardins ouvriers d’Aubervilliers pour la construction du Centre Aquatique est un des exemples cités.

L’ONG Carbon Market Watch critique, quant à elle, le trafic aérien causé par les Jeux. Sur les 15 millions de spectateurs attendus à Paris, environ 12 % vont venir de l’étranger, soit près de 2 millions de personnes. L’ONG juge « opaques » les promesses des organisateurs de compenser les émissions et souhaite des solutions plus radicales comme la mise en place du quota carbone ou des Jeux mutualisés, se partageant les épreuves dans les grandes capitales du monde, où seulement les athlètes d’une discipline se déplaceront.

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