JO 2024 : Paris mis en cage par 44.000 barrières métalliques

Par Ludovic Genin
12 juillet 2024 08:56 Mis à jour: 13 juillet 2024 20:17

Environ 44.000 barrières prennent d’assaut le cœur de Paris, à moins de trois semaines des Jeux olympiques. Elles doivent permettre de matérialiser les périmètres gris et rouge pendant la cérémonie d’ouverture et sur les sites des épreuves des Jeux. Les Parisiens se retrouvent pour plusieurs semaines dans de grands périmètres grillagés prévus pour sécuriser le public et filtrer la foule.

Plusieurs « tas de ferraille » étaient déjà visibles à plusieurs endroits de la capitale aux abords de la Seine. La Préfecture prévoit de fermer complètement ces périmètres à partir du 18 juillet. Une ambiance de camp retranché s’installe, limitant drastiquement les déplacements des riverains, et qui sera complétée pendant les Jeux par une présence marquée des forces de l’ordre, l’application d’un QR Code et la vidéosurveillance gérée par l’IA.

44.000 barrières fermant les trottoirs 

Depuis début juillet, le long de la Seine, les trottoirs et certaines pistes cyclables sont devenus inaccessibles ou difficiles d‘accès. Des Parisiens commencent à s’agacer contre les 44.000 barrières que la préfecture de Paris commence à déployer pour sécuriser les épreuves et la cérémonie d’ouverture.

Vidéo de grillages séparant la chaussée du trottoir sur l’île Saint-Louis à l’appui, un internaute déplore sur X la « mise en cage » des habitants à cause, selon lui, de « cette idée absurde de cérémonie d’ouverture sur la Seine ». D’autres fustigent le côté peu esthétique de ces grilles.

Les deux îles de la Cité et Saint-Louis font partie du périmètre de sécurité antiterroriste qui entrera en vigueur le 18 juillet et dont l’accès sera autorisé sur présentation d’un « Pass Jeux » supportant un QR Code. Les bars et restaurants y seront également fermés le 26 juillet.

Quelque 326.000 spectateurs – 104.000 places payantes sur les quais bas et 222.000 places gratuites (mais uniquement sur invitation) sur les quais hauts – sont attendus pour assister à la cérémonie d’ouverture sur la Seine, qui verra les délégations d’athlètes défiler sur plusieurs bateaux, depuis le pont d’Austerlitz et jusqu’au Trocadéro.

Des riverains interloqués

Jean-Pierre Lecoq, le maire LR du VIe arrondissement dit avoir « comme beaucoup de Parisiens découvert cette semaine » ces barrières, dont il n’avait « jamais entendu parler » auparavant. « Un certain nombre des habitants nous ont fait part de leur stupéfaction, ainsi que l’impossibilité physique de sortir » de chez eux, affirme-t-il. Notamment les personnes en fauteuil roulant, bloquées par les sabots des barrières. Mais pour l’élu de droite, favorable aux JO, « il faut bien que cette manifestation ait lieu ».

Interrogé par France Bleu, Laurent, serveur dans un café-terrasse de l’Île de la Cité qui sera complètement fermé pendant la cérémonie d’ouverture, explique son désarroi. Il pointe un manque d’informations et ne pas avoir eu connaissance que ces barrières allaient être installées deux semaines avant la cérémonie. Il explique que de nombreux clients voyant la terrasse cernée par les grilles, préfèrent aller dans un autre café, car « ce n’est pas beau ».

Martine, une résidente de l’Île Saint Louis, également complètement fermée pendant la cérémonie, affirme ne pas avoir été prévenue de l’installation des grilles qui empêchent l’accès aux trottoirs le long des rues.

Pour les livreurs, c’est un casse tête car il faut faire de long détours pour trouver les points de passages – situés souvent aux passages piétons, pour pouvoir livrer les restaurants et les commerces. Pour les automobilistes, c’est aussi un parcours du combattant car, les grilles étant posées entre le trottoir et les places des stationnements, il est d’une part difficile de sortir côté conducteur ou passage, et il faut ensuite marcher sur la rue pour trouver un point de passage vers le trottoir.

La préfecture de Police de Paris justifie ces barrières, expliquant qu’elles servent à matérialiser la zone grise autour de la cérémonie des Jeux et qu’elles seront retirées après le 26 juillet. Lors d’un point presse, elle a concédé que ce barriérage « nécessaire » pouvait impliquer certains « contournements », mais devait « permettre le déplacement de chacun autour du périmètre sans difficulté ».

De son côté, le gouvernement a mis en place le site Anticipez les Jeux pour rester informé des dernières actualités sur les JO dans la capitale et comment anticiper les déplacements.

Des barrières, de la vidéosurveillance algorithmique et des QR Code

Pendant quelques semaines, Paris devra s’habituer à une importante présence policière et militaire, des quartiers grillagés et de la vidéosurveillance algorithmique.

Transports, voie publique, gares : la vidéosurveillance algorithmique va s’offrir un baptême grandeur nature à l’occasion des Jeux de Paris, avec des caméras « augmentées » équipées de logiciels d’intelligence artificielle (IA) ayant « pour finalité de détecter en temps réel des événements prédéterminés ».

À la vidéosurveillance s’ajoute, pour se déplacer dans les zones « grises » et « rouges » de la capitale, un « Pass Jeux » sous forme de QR Code. Pour l’obtenir, les résidents et les touristes ont dû se plier à une enquête administrative des services de l’État. L’objectif de ce système est de réaliser « des criblages de sécurité […] pour s’assurer qu’aucune personne dangereuse ne puisse accéder aux périmètres de sécurité », a expliqué le ministre de l’Intérieur en avril.

Un parcours d’obstacles, difficile à comprendre pour beaucoup de Parisiens alors que les Jeux Olympiques devaient être une « grande fête populaire ». « Ces dispositions sont typiques d’un état d’urgence. Mettre en place de telles mesures dans une situation qui a vocation à être heureuse […] est extrêmement curieux », avait réagi le sénateur centriste Philippe Bonnecarrère, lors de la présentation des mesures de sécurité en novembre dernier.

De leur côté, les autorités sont sur le qui-vive, dans un contexte national et international tendu, qui peut potentiellement nuire à la sécurité des personnes ou au bon déroulement des épreuves.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.