JO-2024: pour les entreprises de la Seine-Saint-Denis, une longue course vers les Jeux

Par Epoch Times avec AFP
18 avril 2023 16:01 Mis à jour: 18 avril 2023 16:12

C’est une promesse maintes fois répétée : les JO-2024 bénéficieront amplement à la Seine-Saint-Denis et son tissu économique. Mais malgré les nombreuses initiatives, les entreprises ont du mal à se frayer un chemin.

À la tête de Cotton Division, entreprise de textile basée à Pantin depuis vingt ans, Sandeep Narayan est l’heureux attributaire d’un appel d’offres Jeux olympiques remporté il y a deux ans. « J’ai été aidé par ma femme juriste. C’est du boulot, ça se fait pas comme ça », explique Sandeep Narayan, disant avoir « été audité de partout » avant d’obtenir le droit de fabriquer textiles et accessoires floqués JO. « Ce sont des TPE/PME qui vont livrer les jeux à 75%, c’est là où se trouvent les compétences, les expertises », a affirmé à l’AFP Olivier Debargue, directeur des achats Paris 2024, en marge d’un événement mi-janvier à la Chambre de commerce et d’industrie de la Seine-Saint-Denis (CCI 93).

Paris 2024, c’est environ 1500 marchés pour un montant global d’achats de 2,5 milliards d’euros. En y ajoutant les marchés de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), l’enveloppe monte à 5 milliards. Une moitié a été passée auprès des partenaires du Comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques (Cojop), l’autre par appels d’offres. L’objectif affiché par les officiels est d’en faire bénéficier les entreprises et travailleurs de Seine-Saint-Denis. Pour les favoriser tout en respectant l’interdiction de discriminer géographiquement dans un appel d’offres, un premier levier a été les clauses d’insertion sociale, une condition réservant une partie des heures de travail du marché à des personnes éloignées de l’emploi.

Rendre la commande publique accessible aux petites entreprises

Le deuxième défi a été de rendre la commande publique d’un événement hors normes accessible aux petites entreprises. En partenariat avec la CCI 93 et dans le cadre du dispositif « La Fabrique des Jeux », la plateforme ESS 2024, qui accompagne le secteur de l’économie sociale et solidaire, a dispensé plusieurs formations sur les appels d’offres. L’ « enjeu, c’est de leur dire « voici les bases que vous avez pour vous lancer, pour ne pas être perdus par le jargon et comment on fait pour y aller en collectif si cette décision est prise », décrit Thomas Landi, chargé de projet chez ESS 2024, qui estime à 52 les personnes formées à la commande publique.

Parmi eux, Mamadou Timera, gérant de Safe Strategik, nouvellement spécialisé dans la sécurité privée – un secteur en tension et crucial pour les Jeux. « Je n’avais aucune culture du marché public », raconte l’entrepreneur. Motivé, il a constitué un groupement avec quatre autres entreprises et effectué les démarches administratives.

Résultat : le mini-consortium a remporté un lot incluant la sécurisation d’un périmètre du village olympique, des sites de compétition des Yvelines et du Bourget et une partie du Stade de France. Mais les « success stories » de Sandeep Narayan et Mamadou Timera ne sont pas représentatives. D’après ESS 2024, sur les 2271 entreprises ayant remporté un marché ou sous-traitantes sur une prestation, 239 sont de Seine-Saint-Denis, soit un peu plus de 10%, tant pour les 600 marchés du Cojop déjà conclus que pour les 1700 de la Solideo.

Face au mastodonte JO, beaucoup d’entreprises n’ont pas osé sauter le pas. C’ « est compliqué de se positionner face à de grandes entreprises », estime Fatima Derras, gérante de Mesnil Propreté, jeune société de nettoyage de bureau et de fin de chantier. « Je n’ai pas l’impression que les petites entreprises comme moi arrivent à mettre le pied dedans », regrette-t-elle.

« C’est maintenant que les appels d’offres se passent et se concluent »

Pour Thomas Landi, pas un grand fan des JO, « on n’est pas uniquement là pour les Jeux Olympiques, mais on est aussi là pour la commande publique du territoire qui est parfois remportée par des boîtes hors Seine-Saint-Denis ». « Ça peut être un héritage des Jeux qui n’était pas forcément prévu à la base », ajoute-t-il. D’ici là, l’accent est mis sur les Jeux, qui débuteront dans moins de 500 jours.

« Pour qu’on soit prêt en 2024, c’est maintenant que les appels d’offres se passent et se concluent. Ça va être tout au long de l’année 2023 », d’après Olivier Debargue. Si plus des trois-quarts ont été attribués, il reste des marchés dans le secteur de la sécurité, du matériel médical ou de l’interprétariat. Surtout, les entreprises déjà attributaires de marchés vont être amenées à sous-traiter pour remplir leur cahier des charges. Une autre manière de rentrer dans la course aux Jeux.

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