JO 2024 : pourquoi la vidéo de la cérémonie d’ouverture est-elle inaccessible dans plus de 200 pays ?

Par Ludovic Genin
29 juillet 2024 10:41 Mis à jour: 29 juillet 2024 15:12

Face à l’ampleur de la polémique provoquée par l’un des passages de la cérémonie d’ouverture des JO, les organisateurs de Paris 2024 ont été contraints de s’excuser assurant que leur intention était « de montrer de la tolérance et de la communion » et en aucun cas de créer des divisions, a expliqué Anne Descamps, directrice de la communication du Cojo.

La séquence en question, intitulée « Festivité », commence par l’image d’un groupe à table dont plusieurs drag queens, faisant penser à la Cène, le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, symbole essentiel chez les chrétiens. La scène fait partie de plusieurs passages du show qui ont été censurés en Algérie, au Maroc et aux États-Unis. La Conférence des évêques de France (CEF) a déploré, quant à elle, « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme » en allusion au dernier repas de Jésus avec ses apôtres.

Selon les équipes de Morandini, qui ont décompté les pays concernés, la vidéo officielle de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 a été retirée dans plus de 210 pays de la chaîne Youtube du CIO, alors que les précédentes cérémonies sont toujours en ligne. Aucun lien selon les intéressés avec la polémique. Il suffit d’entrer l’URL de la vidéo dans le navigateur « Polsy » – qui permet de connaître les restrictions au niveau mondial, pour voir en rouge les pays (au nombre de 200 d’après le site) dans lesquels il est impossible de visionner le replay de la cérémonie.

Capture d’écran de « Polsy », daté du 29 juillet 2024.

Le CIO dément avoir supprimé le replay de la cérémonie d’ouverture de sa chaîne Youtube, expliquant seulement avoir fait le choix de restreindre l’accès à certains pays en raison des droits de diffusion. La France semble aussi concernée car la vidéo de la cérémonie est indisponible (en tous cas au 29 juillet, heure de rédaction de l’article).

« Des scènes de dérision et de moquerie du christianisme »

Dès le lendemain du spectacle, l’épiscopat français a déploré dans un communiqué « l’outrance et la provocation » de certains passages de la cérémonie. « La cérémonie d’ouverture proposée par le COJOP a offert hier (vendredi) soir au monde entier de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués. Cette cérémonie a malheureusement inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme, ce que nous déplorons très profondément », écrivent-ils dans un communiqué.

« Nous pensons à tous les chrétiens de tous les continents qui ont été blessés par l’outrance et la provocation de certaines scènes. Nous souhaitons qu’ils comprennent que la fête olympique se déploie très au-delà des partis pris idéologiques de quelques artistes », ajoute la conférence des évêques. Ils remercient également « les membres des autres confessions religieuses qui nous ont exprimé leur solidarité ».

« Le sport est une merveilleuse activité humaine qui réjouit profondément le cœur des athlètes et des spectateurs. L’olympisme est un mouvement au service de cette réalité d’unité et de fraternité humaine. Place au terrain des compétitions, qu’il apporte vérité, consolation et joie à tous! », conclut le communiqué.

Plusieurs évêques, dont l’évêque de Toulon, l’évêque de Bayonne et l’évêque de Nîmes ont demandé aux prêtres de célébrer des messes de réparation suite aux blasphèmes de la cérémonie d’ouverture des JO. Pour beaucoup, ce type de manifestation est clivante et n’a rien à faire dans un événement de renommée mondiale, censé représenter les valeurs de l’olympisme et l’image de la France.

Des réactions au-delà de la sphère religieuse

La sphère laïque a aussi réagi à certaines parties de la cérémonie. Elon Musk a jugé que la mise en scène était « extrêmement irrespectueuse envers les chrétiens » ; quand le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, a dénoncé une « moquerie […] choquante et insultante pour les chrétiens du monde entier ».

Même le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a trouvé que cela allait trop loin : « Je n’ai pas aimé la moquerie sur la Cène chrétienne, dernier repas du Christ et de ses disciples, fondatrice du culte dominical », a-t-il écrit dans une note de son blog. « Je n’entre pas bien sûr dans la critique du « blasphème ». Cela ne concerne pas tout le monde. Mais je demande : à quoi bon risquer de blesser les croyants ? Même quand on est anticlérical ! », a-t-il continué, tout en saluant « l’audace » et la « créativité » de l’évènement.

Pour le philosophe et académicien Alain Finkielkraut interviewé par Le Figaro, le « génie français brillait par son absence ». « La beauté n’existe plus. L’heure est à la lutte contre toutes les discriminations » a-t-il commenté. Selon lui, « Thomas Jolly et Patrick Boucheron s’applaudissent de leur audace transgressive alors qu’ils sont les serviteurs zélés de la doxa », en concluant que « le mot qui vient involontairement à l’esprit devant ce fiasco grandiose est celui de décadence ».

Le point de vue des organisateurs

Le Comité d’organisation des JO de Paris (Cojo) a expliqué qu’il n’y avait eu « aucune intention de manquer de respect à un groupe religieux » a déclaré Anne Descamps, directrice de la communication du Cojo, interrogée sur le sujet lors d’une conférence de presse.

Tony Estanguet, le patron du Cojo, a assumé une « cérémonie engagée » avec des « messages forts » sur « l’amour », « la diversité ». « L’idée c’était de faire réfléchir et de porter un message le plus fort possible », dont « la ligne directrice » et « le message » étaient connus du CIO, a-t-il aussi confié.

Face à la polémique naissante, Thomas Jolly, directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, a démenti dimanche s’être « inspiré » de la Cène, même si cela a été assumé par France Télévisions (tweet supprimé depuis) et par certains artistes. Il affirme avoir « voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie. Aussi qui réaffirme les valeurs de notre République ».

La cérémonie d’ouverture des JO de Paris a apporté plus qu’une « pierre », une « montagne » à l’édifice olympique, avait salué au lendemain de la cérémonie, le Comité international olympique (CIO). Le président français Emmanuel Macron a estimé que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine avait « rendu nos compatriotes extrêmement fiers ».

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