ENTRETIEN – Dans un entretien accordé à Epoch Times, William Maury, délégué national Nuit / Alliance Police nationale revient sur le dispositif de sécurité mis en place pour les Jeux olympiques et la cérémonie d’ouverture.
Epoch Times : Un dispositif de sécurité inédit a été mis en place à l’occasion de la cérémonie d’ouverture qui se tient ce vendredi soir. 45 000 policiers et gendarmes, la BRI, le GIGN, le RAID, l’armée de terre et de l’air et d’autres forces de sécurité sont mobilisées. Est-ce une première en France ?
William Maury : On peut déployer un nombre de forces de sécurité intérieure très important en un minimum de temps. Mais toutes les forces de sécurité rassemblées au même endroit, pour un même événement, c’est une première.
Honnêtement, je n’ai jamais vu ça en 20 ans de carrière.
D’ailleurs, faire une cérémonie d’ouverture à ciel ouvert à l’occasion de Jeux olympiques, c’est une première mondiale, et c’est pour cette raison qu’il y a autant de forces de sécurité mobilisées.
Comment toutes ces forces de sécurité vont-elles pouvoir travailler de manière coordonnée ?
Le RAID, le GIGN et la BRI sont habitués à travailler ensemble, notamment depuis les dernières attaques terroristes sur le sol français. Ils travaillent en étroite collaboration pour qu’il n’y ait aucune déperdition en termes de force de frappe, c’est-à-dire qu’en cas d’attaque démesurée en zone de police ou de gendarmerie, ils sont habitués à mettre en commun leurs compétences.
La collaboration entre la Police nationale et la Gendarmerie ou entre la Police nationale et la Police municipale est moins habituelle, mais elle existe. Je constate qu’elle fonctionne beaucoup mieux qu’il y a quelques années.
Il y a également un point névralgique qu’on appelle le centre d’information et de commandement (CIC) qui va permettre de coordonner toutes les forces de sécurité et les autres professions nécessaires au bon déroulement de la compétition à l’instar de la Police municipale, du SAMU, des pompiers ou de la RATP etc. S’il se passe quoi que ce soit, tout le monde est avisé en temps réel.
Ce dispositif de sécurité hors norme, ne risque-t-il pas de « vider » les milieux ruraux de forces de l’ordre ?
Le risque est réel. C’est pour cette raison que le ministère de l’Intérieur a choisi de bloquer les congés de tous les agents. Pendant toute la période des Jeux, vous avez un rappel de 100 % des effectifs.
Avec cet événement sportif, il y a, par conséquent, moins de policiers dans les autres villes comme Marseille, Lyon et Montpellier, mais ils sont assez nombreux pour intervenir. Normalement, tout a été fait pour garantir une sécurité correcte dans ces territoires.
1800 policiers du monde entier viennent prêter main-forte aux forces de l’ordre françaises. Comment va se dérouler cette collaboration ?
La collaboration va fonctionner en binôme, c’est-à-dire qu’il y aura toujours un policier étranger qui accompagnera un policier français, notamment en raison de la barrière de la langue. Cela ne serait pas sérieux de laisser deux collègues étrangers seuls dans Paris.
Nous avons également fait venir des collègues d’unités cynophiles spécialisés dans la détection d’explosifs. La police française est dotée d’unités canines, mais on ne peut pas faire travailler un chien en permanence. Il nous fallait du renfort pour pouvoir agir efficacement dans les gares, les aéroports et trouver les voitures dites « suspectes » où des interventions immédiates d’unités pour faire ce qu’on appelle des levées de doute sont nécessaires.
Tout ceci, nous ne pourrions pas le faire avec les seules unités canines dont nous disposons en France.
Quelles sont les différentes menaces qui pèsent sur les Jeux olympiques aujourd’hui ? Quelle est celle que vous redoutez le plus ?
Il y a évidemment l’attaque terroriste. On sait que la France, pays des droits de l’Homme, est une cible potentielle pour les terroristes. Une attaque simultanée comme celle du Bataclan en 2015 n’est pas à exclure. Ensuite, il y a la menace des « loups solitaires », c’est-à-dire un individu qui surgit au milieu de la foule ou à proximité. Ce mode opératoire est très compliqué à gérer puisque nous n’avons pas d’alerte ou de pré-alerte.
Nous redoutons également les prises de positions politiques qui mettent des cibles dans le dos des athlètes israéliens, surtout à quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques. Les propos tenus par le parlementaire LFI sont gravissimes parce que derrière, ce sont les services de renseignements qui sont amenés à travailler davantage. Les unités d’élite comme le GIGN et le RAID vont être encore plus mobilisés.
N’oublions pas qu’il y a eu des précédents. Lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, des athlètes israéliens ont été tués dans une attaque terroriste. Ces propos ne sont donc pas sans conséquences. Pour créer le buzz, certaines personnalités politiques sont capables de tout et oublient le risque d’attentat, la protection de la population et l’image de la France.
Enfin, la menace de cyberattaques existe. Heureusement, nous avons en France des serveurs capables de bloquer beaucoup d’attaques. Tout ça a été anticipé en amont. Nos services sont à la pointe de la technologie aujourd’hui, et la coopération internationale est efficace.
Mais le risque zéro n’existe pas. Les hackers peuvent s’en prendre à nos hôpitaux ou aux lignes d’appel d’urgence par exemple. Ce sont des choses que nous redoutons.
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