Mardi 25 octobre, Gérald Darmanin a annoncé devant le Sénat que les grandes manifestations culturelles et sportives de l’été seront probablement annulées ou reportées pendant la période des Jeux afin de mobiliser toutes les forces de l’ordre disponibles. Une annonce qui suscite la consternation dans le monde culturel.
L’été 2024 sera décidément exceptionnel en France. C’est du moins, ce qu’a laissé entendre Gérald Darmanin dans ses propos tenus devant le Sénat, mardi dernier, lors d’une audition sur les Jeux olympiques. Rappelant la nécessité d’encadrer les Jeux olympiques par une forte présence policière, soit 30.000 policiers par jour, le ministre de l’Intérieur a évoqué la possibilité d’annuler ou reporter le calendrier événementiel de l’été 2024.
« L’important et la manœuvre, c’est aussi l’annulation ou le report de tous les événements en France qui demandent des unités de forces mobiles, qui demandent la présence très forte en nombre de policiers, a précisé Gérald Darmanin, qui a ensuite évoqué « de grands festivals culturels qui ont lieu pendant l’été » ou encore « à de grands événements sportifs qui méritent d’être sans doute un peu décalés ».
Jeudi, le même ministre tempérait son propos sur France Inter : « Ça ne veut pas dire que des choses ne peuvent pas se tenir (…) chacun peut faire un effort (…) j’en reparlerai avec la ministre de la Culture ».
.@GDarmanin sur la mobilisation des forces de l’ordre pour les JO 2024, au détriment d’autres événements : « Avoir des centaines de milliers de personnes dans les rues, pour ne pas reproduire ce qu’on a fait au Stade de France, ça demande une hyper présence » #le7930inter pic.twitter.com/gnBOA3dC2U
— France Inter (@franceinter) October 27, 2022
« La stupeur et l’incompréhension »
Depuis ces annonces, le monde de l’événementiel est sous le choc. Après deux années de crise sanitaire, le secteur se remet difficilement, et cette perspective vient encore plomber les esprits.
« Je suis très inquiet et surpris par l’annonce du ministre de l’Intérieur. Cela signifie donc qu’un pays comme la France n’est plus en capacité d’organiser de grands événements sans mettre à l’arrêt le reste du pays », déplore Damien Meslot, le maire de Belfort, sur Sud-Ouest. Chaque année se tient le festival de musique Les Eurockéennes qui rassemble des milliers de personnes.
Un nouveau scandale en vue dû à l’organisation des Jeux Olympiques https://t.co/mAlrz8yeFF
— La Tribune de l’Art (@ltdla) October 26, 2022
« C’est la stupeur et l’incompréhension, il n’y a pas eu de concertation pour évoquer cette coactivité JO‑festivals et c’est une annonce lapidaire et brutale, sans périmètre de temps ni géographique », proteste Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues, en Bretagne, sur Francetvinfo Culture.
Car l’événementiel s’organise deux ou trois ans à l’avance, et l’été 2024 est donc en cours de programmation. « Mais on ne peut pas reporter, on travaille déjà sur l’édition 2024, on a déjà des engagements, un planning culturel, ça ne se change pas comme ça », déplore Jérôme Tréhorel.
De même, les concerts d’artistes à l’internationale se programment plusieurs mois, voire des années avant.
Enfin, faut‑il rappeler les retombées économiques non négligeables pour les commerçants, restaurateurs ou encore structures hôtelières, génératrices d’emplois ?
Pour Stéphane Krasniewski, directeur du festival Les Suds, à Arles, et vice‑président en charge des festivals au SMA (Syndicat des musiques actuelles), « la culture, c’est du lien social, du vivre ensemble, qu’un pays comme la France oblige à choisir entre culture et le sport, c’est triste : les JO sont l’opportunité de rassembler culture et sport sur tout le territoire ».
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