Les Alpes françaises vont être fixées : le CIO doit décider mercredi si elles restent encore dans la course pour organiser les JO d’hiver en 2030, un vrai défi pour l’Hexagone qui accueille déjà dans huit mois les Jeux d’été à Paris en 2024.
Le défi était osé dès le départ. Imaginer une nouvelle aventure olympique, six ans après les JO de Paris, donne une idée du niveau d’ambition que s’est fixée la France en se portant candidate pour les JO-2030. « Sauf que l’espacement entre les deux JO n’est pas franchement un sujet. Ca peut même être un atout », assure une source proche du mouvement olympique français.
Jusqu’ici, le projet porté par les deux régions françaises Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur a passé les poins d’étapes obligatoires relatifs à l’agenda fixé par l’administration olympique. À savoir, le dossier déposé dans les temps le 7 novembre, et un grand oral de trente minutes le 21, face aux membres de la commission dédiée du CIO, avec la ministre des Sports accompagnée des deux présidents de région Renaud Muselier, Laurent Wauquiez, et du président du comité olympique français David Lappartient.
95% de sites existants
Le projet, qui assure se baser sur 95% de sites existants, s’étend de Nice au Grand Bornand, distants de près de 500 km, avec un pôle ski alpin sur les sites de Courchevel-Méribel et de Val d’Isère, le ski de fond à La Clusaz, et un village olympique basé à Nice, tout comme les épreuves de patinage. C’est d’ailleurs à Nice qu’est envisagée la seule construction du projet, la patinoire.
La candidature a pris un tournant décisif avant l’été. À peine élu à la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour remplacer Brigitte Henriques fin mai, David Lappartient, également membre du CIO, a boosté un projet qui semblait en perte de vitesse.
À peine arrivé, il a signé quelques jours plus tard la lettre d’intention de candidature. Et quelques semaines après, le projet a été adoubé par Emmanuel Macron lors d’une réunion de travail à l’Élysée. « Ça a été très vite », résuma David Lappartient à la rentrée.
« Les dés sont jetés »
Mercredi, la commission du futur hôte pour ces Jeux d’hiver présentera ses recommandations aux membres de la commission exécutive du CIO pour les éditions 2030 et 2034. A charge au CIO de choisir ensuite d’entrer ou non dans une « phase de dialogue », avec un ou plusieurs candidats, signifiant officiellement pour la ou les candidatures écartées de ce dialogue, la fin du rêve.
« Les dés sont jetés, il ne reste plus qu’à attendre la décision du CIO », résume un des cadres du mouvement olympique français. Mais voila, en face, « c’est du sérieux », expose encore cette source, pour qui la Suède, candidate malheureuse pour les JO-2026, et la Suisse, « sont quand même deux mastodontes ».
Difficile d’évaluer les chances de la France de poursuivre ou non sa campagne. « Avec le CIO, dans ce cas de figure, il est très difficile de dégager un favori », susurre à l’AFP un connaisseur des arcanes de l’instance.
Les critiques soulevées par ce projet
Cette candidature n’a pas que des soutiens. Des fédérations écologistes EELV avaient dénoncé cet été « une caution présidentielle qui viendrait à l’encontre de lois zéro artificialisation nette et qui se moquerait des pénuries d’eau, les JO entraînant une accélération phénoménale du bétonnage de nos belles montagnes ».
La question de l’enneigement, qui faiblit d’année en année, tout comme celle du paradoxe d’investir massivement dans les sports d’hiver en plein réchauffement climatique, sont régulièrement soulevées par les opposants.
« Clairement, cette candidature est un non-sens. Il faut penser à investir pour sortir d’une économie basée sur les sports d’hiver. La montagne n’a pas besoin de ces JO », estime un des membres du collectif « NO JO » souhaitant rester anonyme.
« On n’est pas chez les ‘‘Bisounours’’, on est parfaitement conscient de ce qui se passe, mais ce n’est pas une raison pour arrêter de faire du ski en montagne quand il y a de la neige », avait répliqué Renaud Muselier le jour du grand oral.
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