Joe Biden autorise l’Ukraine à utiliser des missiles américains à longue portée dans la région russe de Koursk

La Russie avait déjà prévenu que si l'OTAN permettait à l'Ukraine de mener des frappes à l'intérieur du pays, cela reviendrait à s'impliquer directement dans la guerre

Par Melanie Sun
18 novembre 2024 15:50 Mis à jour: 20 novembre 2024 21:13

Des responsables américains sous couvert d’anonymat ont confié au New York Times que Joe Biden avait autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée fournis par les États-Unis pour frapper des cibles dans la région russe de Koursk, occupée par l’Ukraine au cours de la guerre russo-ukrainienne.

Les forces ukrainiennes ont lancé une importante opération transfrontalière dans la région de Koursk au début de l’année. Des combats intenses s’y déroulent actuellement, les forces russes tentant de reconquérir le territoire perdu. L’Ukraine s’est emparée de plusieurs localités et tient toujours des positions stratégiques. En réponse, la Russie a amassé un important contingent militaire, renforcé par plus de 10.000 soldats nord-coréens, visant à lancer une grande offensive dans la région.

L’année dernière, en réponse à la fourniture de missiles balistiques à longue portée à la Russie par la Corée du Nord, l’administration Biden avait déjà donné son feu vert à l’utilisation par l’Ukraine du système de missiles tactiques de l’armée (ATACMS), d’une portée d’environ 300 km, contre des cibles situées sur son territoire, y compris en Crimée occupée par les Russes.

La dernière décision autorisant l’Ukraine à étendre l’utilisation de ces missiles intervient au cours des deux derniers mois du mandat présidentiel de Joe Biden. Les responsables anonymes ont également déclaré que si les ATACMS étaient destinés à soutenir le combat de l’Ukraine à Koursk, ils pensaient que Biden pourrait autoriser leur utilisation contre des cibles dans d’autres régions de la Russie.

Toutefois, ils ont ajouté qu’ils ne pensaient pas que l’autorisation d’utiliser les missiles changerait radicalement l’issue de la guerre.

Les responsables ont indiqué que Biden avait décidé de lever les restrictions pour la région de Koursk en partie parce qu’il pensait que les États-Unis devaient réagir fermement à l’utilisation par la Russie de troupes nord-coréennes sur ses lignes de front. Le président américain s’inquiétait également du fait que, sans utiliser ces missiles, les forces ukrainiennes pourraient être submergées.

Les responsables et les autres personnes au courant de la décision de Biden n’ont pas été autorisés à en parler publiquement et se sont exprimés sous couvert d’anonymat, a rapporté l’Associated Press (AP) le 17 novembre.

La Maison-Blanche a décliné la demande de commentaires d’Epoch Times.

La parlementaire américaine Marilyn Strickland (Parti démocrate) a commenté à NTD, média partenaire d’Epoch Times, que cette autorisation « était une politique nécessaire ».

« Comme toujours, nous ne voulons pas d’escalade, mais l’Ukraine est notre partenaire. Nous devons nous tenir à ses côtés. Elle doit être en mesure de se défendre », a-t-elle souligné.

Selon le rapport de l’AP, d’autres responsables ont expliqué que la décision ne faisait pas l’unanimité au sein du gouvernement américain. Le président élu Donald Trump a déclaré auparavant que son administration chercherait à désamorcer la guerre, voire à y mettre fin. Donald Trump ou sa campagne n’ont pas réagi publiquement à ces informations à l’heure de la publication de cet article.

Dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a laissé entendre, en réponse prudente aux informations anonymes, que « les frappes ne se font pas avec les mots […]. Les missiles parleront d’eux-mêmes ».

M. Zelensky a également déclaré aux médias ukrainiens que Kiev espérait mettre fin à la guerre avec la Russie l’année prochaine par des « moyens diplomatiques », une fois que le président élu Donald Trump prendra ses fonctions présidentielles.

Le président ukrainien cherche depuis longtemps à obtenir l’autorisation d’utiliser des armes à longue portée à l’intérieur des territoires russes, tandis que Joe Biden y est resté opposé. À l’époque, Joe Biden avait dit qu’il estimait qu’autoriser l’utilisation de missiles américains sur le territoire russe risquait d’entraîner l’Amérique et d’autres membres de l’OTAN dans un conflit direct avec la Russie, qui dispose de l’arme nucléaire.

Le président russe Vladimir Poutine a prévenu que si les alliés de l’OTAN autorisaient l’Ukraine à frapper à l’intérieur du territoire russe, cela reviendrait à s’impliquer directement dans la guerre, et que Moscou pourrait fournir des armes à longue portée à d’autres pour frapper des cibles occidentales.

La France et le Royaume-Uni ont également livré à l’Ukraine des missiles SCALP et Storm Shadow, d’une portée d’environ 250 km, et ont annoncé qu’ils respecteraient les restrictions américaines sur l’utilisation des missiles – et ce, malgré leur soutien aux demandes de Zelensky de pouvoir frapper à l’intérieur de la Russie qui frappe régulièrement et massivement différentes cibles, y compris civiles, à l’intérieur de l’Ukraine.

En réponse aux informations sur la décision de Joe Biden, Donald Trump Junior, fils du président élu, a posté sur X (ex-Twitter) : « Le complexe militaro-industriel semble vouloir s’assurer qu’il déclenche la Troisième Guerre mondiale avant que mon père n’ait une chance d’établir la paix et de sauver des vies. »

Richard Grenell, ancien directeur par intérim du renseignement américain dans l’administration Trump, a déclaré sur X que cette décision de Joe Biden était « comme lancer une toute nouvelle guerre ».

L’Amérique est l’alliée la plus précieuse de l’Ukraine dans sa riposte à l’agression russe – elle lui a fourni plus de 56,2 milliards de dollars d’aide à la sécurité depuis l’invasion des forces russes en février 2022.

Cependant, inquiète de la réaction de la Russie, l’administration Biden a, à plusieurs reprises, longuement retardé la fourniture de certaines armes de pointe demandées par l’Ukraine, ne donnant son accord que pour leurs livraisons limitées sous la pression de Kiev et de ses partisans, ainsi qu’en consultation avec les alliés.

C’est ainsi qu’elle a initialement refusé les demandes de Zelensky concernant des chars d’assaut, des systèmes de défense antiaérienne Patriot et des avions de chasse F-16, entre autres.

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