John Kerry, l’envoyé spécial des États-Unis pour le climat, a démenti lundi les allégations selon lesquelles il aurait divulgué au ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, le nombre d’attaques israéliennes effectuées contre des cibles iraniennes. Ces accusations reposent sur la fuite d’un document audio.
« Je peux vous dire que cette histoire et ces allégations sont indéniablement fausses. Cela ne s’est jamais produit, ni lorsque j’étais secrétaire d’État, ni depuis », a écrit John Kerry sur Twitter.
La réponse de Kerry était jointe à un message sur Twitter d’un journaliste du Washington Post. Ce message mentionnait un porte-parole du Département d’État affirmant que le nombre de ces fameuses attaques avaient déjà été divulguées par Israël lui-même. Pour étayer son propos le journaliste du Washington Post a joint un article de Reuters du mois de septembre 2018. Dans cet article un responsable israélien déclarait que son pays avait mené 200 attaques contre des cibles iraniennes en Syrie.
On ne sait pas si la prétendue divulgation de Kerry est intervenue avant ou après les révélations d’Israël.
En apprenant la fuite d’un document audio, des Républicains de premier plan ont réagi en déclarant que John Kerry devait démissionner ou être licencié.
« Les allégations impliquant John Kerry sont profondément troublantes et méritent une explication immédiate », a déclaré le sénateur Rick Scott (Républicain-Floride) dans un communiqué. « Jusqu’à ce que nous soyons éclairés et que nous connaissions la vérité, le président Biden doit retirer à John Kerry son accès à tout et l’éloigner des briefings sur les renseignements de sécurité nationale. Si ces allégations sont vraies, il doit démissionner ».
« Si cela est vrai, c’est une trahison et Kerry doit partir », a écrit le sénateur Dan Sullivan (Républicain-Alaska) sur Twitter.
« C’est un délit et John Kerry doit immédiatement faire l’objet d’une enquête et être poursuivi », a écrit la représentante Elise Stefanik (Républicain-New York) sur Twitter. « Le président Biden doit immédiatement retirer John Kerry de tout poste dans le gouvernement ou position consultative ».
Dans le document audio qui aurait fuité, Mohammad Javad Zarif, le plus haut diplomate iranien, [évoque à un moment John Kerry qui lui indique qu’Israël aurait attaqué 200 fois des cibles iraniennes, ndr] Il se plaint surtout de l’élite des Gardiens de la révolution qui ont plus d’influence que lui sur les affaires étrangères et le dossier nucléaire du pays.
« Je n’ai jamais eu la possibilité de dire à un commandant de l’armée de faire quelque chose pour aider la diplomatie », déclare-t-il.
Les relations entre le gouvernement du président pragmatique Hassan Rouhani et les Gardiens de la révolution sont importantes. En effet, l’influence de la ligne dure de la force paramilitaire est très grande. Si elle estime que cela met en danger ses intérêts économiques et politiques dans le pays elle peut perturber à sa guise tout rapprochement avec l’Occident.
Le président Donald Trump s’est retiré il y a trois ans de l’accord nucléaire iranien de 2015. Il reste malgré tout possible que les efforts fournis dans les pourparlers entre l’Iran et les puissances mondiales pour relancer cet accord progressent à nouveau. Mais le scepticisme traditionnel des Gardiens de la révolution contre toute tentative pour pacifier les relations avec Washington risque de devenir un enjeu de taille.
Lundi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères n’a pas nié l’authenticité de l’enregistrement mais il a déclaré qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un document interne ayant fait l’objet d’une fuite mais simplement d’une interview de sept heures avec un certain nombre d’« opinions personnelles ».
Reuters a contribué à cet article.
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