Jordan Bardella ouvre la voie à une quatrième candidature de Marine Le Pen à l’Élysée

Par Epoch Times avec AFP
9 juin 2024 18:21 Mis à jour: 10 juin 2024 08:13

En remportant largement son pari d’arriver en tête aux élections européennes, décrochant au passage le meilleur score du RN lors du premier tour d’une élection nationale, Jordan Bardella a ouvert dimanche la voie à une quatrième candidature de Marine Le Pen à l’Élysée, désormais drapée du statut de favorite.

« Historique ! » Au QG de campagne du Rassemblement national, au bois de Vincennes, dans le sud-est de Paris, « tout s’est passé comme prévu », se félicitaient élus et cadres, qui s’inquiétaient jusqu’aux dernières heures du scrutin d’une sous-mobilisation de leur électorat.

« Un vent d’espérance s’est levé sur la France et il ne fait que commencer », a lancé dès 20H05 le grand gagnant de la soirée, en demandant « solennellement » à Emmanuel Macron « de prendre acte de cette nouvelle donne politique, d’en revenir au peuple français et d’organiser de nouvelles élections législatives ».

Avec environ 32 % de suffrages qui se sont portés sur sa liste, le président du parti d’extrême droite voit toute sa stratégie, élaborée de concert avec Marine Le Pen, validée.

Depuis une arrivée en force il y a deux ans à l’Assemblée nationale — 88 députés —, le Rassemblement national répète inlassablement ses mantras : dédiabolisation, notabilisation, crédibilisation.

« Un scrutin de mi-mandat » visant à sanctionner l’exécutif

Les élections européennes, que les lepénistes ont entendu nationaliser en les présentant comme « un scrutin de mi-mandat » visant à sanctionner l’exécutif — avec un succès certain — devaient ainsi s’apprécier comme un point d’étape, avec une double condition : arriver en tête et faire mieux qu’il y a cinq ans (23,34 %).

Le pari a été remporté haut la main, conformément à l’intégralité des sondages d’intentions de vote durant toute la campagne, confortant l’idée d’un RN qui donne désormais le tempo du débat politique français en surclassant l’ensemble de ses adversaires, et plus que jamais la macronie.

La victoire — ou « le triomphe », tel que le martèlent les stratèges du RN — de Jordan Bardella laisse le champ libre pour la conquête de l’Élysée… par Marine Le Pen, qui prépare déjà sa quatrième candidature à la présidence de la République dans trois ans.

Marine Le Pen favorite

Et, contrairement à 2012, 2017 et 2022, et sans concurrents de poids déclarés, Marine Le Pen peut désormais prétendre au statut de favorite, une première depuis l’après-guerre dans l’histoire de l’extrême droite française.

Fait également inédit sous la Ve République, la présidentiable a annoncé, plus de trois ans et demi avant le scrutin, le nom de son Premier ministre en cas d’accession au pouvoir, en l’espèce Jordan Bardella.

C’est donc aussi l’idée de ce duo Le Pen-Bardella, progressivement mis en place à partir de 2019 jusqu’à ce que le second succède à la première à la tête du parti en novembre 2022, qui semble avoir reçu dimanche l’imprimatur des électeurs.

À moins que : le scrutin européen a de fait renforcé le magistère du jeune homme de 28 ans, déjà porté par une puissante popularité, notamment auprès des jeunes grâce à une efficace stratégie d’investissement des réseaux sociaux.

Son score, qui s’accompagne, selon plusieurs études menées pendant la campagne, d’un « lissage » de l’électorat, en convaincant des catégories sociologiques historiquement hostiles au RN — cadres, retraités —, apparaît donc comme une victoire personnelle.

De là à lui donner des idées d’émancipation ? Au Rassemblement national, on conteste toute analogie avec les tentatives de cavaliers seuls des anciens dauphins Bruno Mégret, Florian Philippot ou Marion Maréchal, toutes soldées par des échecs.

Qu’on les interroge sur la trahison d’Edouard Balladur, qui s’est présenté contre « son ami de trente ans » Jacques Chirac à la présidentielle de 1995? « Balladur a finalement perdu, Bardella le sait », répond-on au parti à la flamme.

Cadres et élus du RN redoutent en outre un autre écueil : une mauvaise gestion des trois longues années qui les séparent de la présidentielle. « Il ne faudrait pas décevoir, parce qu’on a dit « Vivement le 9 juin », mais demain, il ne va rien changer dans la vie des gens », met en garde un député.

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