« Jouer européen » : Emmanuel Macron exhorte à riposter au protectionnisme américain par une réponse européenne coordonnée

Par Epoch Times avec AFP
3 avril 2025 20:48 Mis à jour: 3 avril 2025 21:04

Quelques heures après l’annonce par Donald Trump de massives hausses de droits de douane, Emmanuel Macron a énuméré les premiers termes de « la riposte » souhaitable à cette décision « grave et infondée » des Américains, qui passe selon lui par l’unité et par la suspension temporaire des investissements européens dans ce pays.

Donald Trump a signé mercredi un décret généralisant des droits de douane de 10% minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis et de 20% pour celles arrivant de l’UE.

Le Président de la République a réuni à l’Élysée pendant un peu plus de deux heures les membres du gouvernement directement concernés par la décision de Donald Trump, dont le Premier ministre François Bayrou, et les représentants des filières les plus exposées – aéronautique, agriculture, viticulture, chimie, électronique, métallurgie, santé, cosmétiques. L’automobile, qui sera touchée par une taxe spécifique de 25%, n’était pas représentée.

Le patronat était présent également.

La métallurgie est impactée par les droits de douanes américains. Aciérie Marcegaglia à Fos-sur-Mer, le 24 mars 2025.(Photo by CLEMENT MAHOUDEAU/AFP via Getty Images)

« Une ampleur inédite »

Emmanuel Macron n’a pas rosi le tableau : la décision américaine aura « un impact massif », a-t-il dit, rappelant que les exportations françaises vers les États-Unis représentent « 1,5% du PIB » français, et pire encore, 3% du PIB italien, 4% du PIB allemand et 10% du PIB irlandais.

« Une ampleur inédite », a-t-il constaté, mais « surtout pour l’économie américaine », pour laquelle « ces décisions ne sont pas soutenables » et rendront les entreprises et citoyens américains « plus faibles qu’hier et plus pauvres ».

Une « deuxième réponse plus massive »

Le président français a appelé à une première riposte mi-avril, avec « des réponses sur le paquet acier et aluminium », déjà surtaxé par les États-Unis. « La deuxième réponse, plus massive, celle aux tarifs annoncés hier (mercredi, ndlr), se fera à la fin du mois », a-t-il promis, après une étude secteur par secteur et un travail avec les autres États membres.

Il a redouté au passage que de prochaines annonces américaines sur la pharmacie, le bois et les semi-conducteurs aboutissent à des droits de douane « d’au moins 25% ».

« Suspendre » les investissements aux États-Unis

« Tant qu’on n’a pas clarifié les choses », Emmanuel Macron a appelé en tous les cas à « suspendre » les investissements qui devaient être faits aux États-Unis.

En 2023, le stock d’investissements directs à l’étranger (IDE) français aux États-Unis représentait 370 milliards de dollars (335 milliards d’euros), soit 6,9% du total des IDE entrants aux États-Unis.

Un objectif de « démantèlement des tarifs »

La plus grande crainte du président de la République a semblé être celle d’une désunion en UE : il faut « jouer européen », a-t-il dit, sans « échappée solitaire ». « Je sais ce qu’il va se passer, les plus gros auront tendance à jouer solo. Et ce n’est pas une bonne idée. »

Il a exhorté les industriels à ne pas avoir la tentation de négocier des concessions avec les États-Unis, ou d’y annoncer des investissements pour être exemptés de droits de douane, comme les y incite Donald Trump.

« Mais si les Européens jouent groupés, préparent une réponse unifiée, proportionnée mais réelle, que derrière, toutes les filières jouent de manière cohérente, avec une vraie solidarité », nous parviendrons à « ce qui doit être notre objectif : le démantèlement des tarifs », a-t-il lancé.

À l’issue de la réunion, le président du Medef Patrick Martin a souligné une situation « très grave et très préoccupante ». Mais, a-t-il dit, « on s’est tous accordés (pour dire que) le monde se réorganise, les relations commerciales deviennent extrêmement brutales, les menaces s’accumulent et que le moment est venu plus que jamais d’accélérer sur la simplification et la compétitivité au niveau européen et français ».

La Bourse de Paris a en tous les cas nettement accusé le coup, clôturant en baisse de 3,31%, son plus fort recul quotidien depuis deux ans. Les autres Bourses européennes ont chuté aussi. Mais en coeur de séance, la Bourse américaine baissait plus encore.

Des traders travaillent sur le parquet de la Bourse de New York pendant les échanges du matin à New York City le 28 janvier 2025. (Photo Michael M. Santiago/Getty Images)

Le 4e marché à l’exportation de la France

En 2023, les États-Unis étaient le 4e marché à l’exportation de la France, derrière l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, selon les douanes françaises.

Parmi les secteurs les plus exposés, figurent l’aéronautique (avec 9 milliards d’euros en 2024, il représente un cinquième des exportations de la France vers les Etats-Unis), le luxe (parfums, maroquinerie etc.), les vins et le cognac.

« Nous évaluons les impacts potentiels », a déclaré jeudi à l’AFP un porte-parole d’Airbus.

Côté vins et alcools distillés, la France, réputée pour ses vins de Bordeaux, de Bourgogne ou de Champagne, en exporte massivement aux États-Unis, qui est son premier marché à l’exportation.

Sur cette photographie prise le 9 février 2018, des visiteurs assistent à une visite dans les chais de Hennessy à Cognac. Dans un tuyau de cuivre brillant coule une eau-de-vie transparente, avec dix alambics alignés de part et d’autre de la salle de distillation, rien ne semble avoir changé depuis le XIXe siècle aux yeux des visiteurs venus découvrir les secrets de l’élaboration du cognac en Charente. La vraie attraction, c’est l’hiver, lorsque le vignoble est au repos, l’ouverture aux visiteurs de la fabrication d’une eau-de-vie représente un véritable attrait touristique pour cette région qui compte plus de 250 maisons de production. (Photo NICOLAS TUCAT/AFP via Getty Images)

En 2024, quelque 2,4 milliards d’euros de « vins de raisin » ont traversé l’Atlantique pour les États-Unis, auxquels il faut ajouter 1,5 milliard d’euros de « boissons alcoolisés distillées », notamment le cognac.

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